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 [Concours - 2] Fight for your convictions, Fight for yourself

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Zenith Dawnblade
Zenith Dawnblade
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MessageSujet: [Concours - 2] Fight for your convictions, Fight for yourself   [Concours - 2] Fight for your convictions, Fight for yourself EmptyVen 26 Juin - 12:45


Fight for your convictions


Fight for yourself

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Chapitre 1

Utopia




"Et si"...
Une bien curieuse manière d'entamer une question, n'est-il pas?


"17h56, expérience B6-45."

Et si la Princesse Twillight Sparkle n'avait reçu de territoire?
Et si Magic Kingdom n'avait été fondé?


"Température réglée à - 10°C, placez les capteurs."

"Bien, Dame."


Et si le continent n'avait été redessiné?

"Êtes-vous sûre qu'il soit une bonne idée d'arriver à cette extrémité?"

"Ne soyez pas ridicule, ceci n'est absolument point une extrémité. Et que faites-vous avec cette écharpe? L'intérêt est justement d'observer sa réaction face à froid!"

"Bien..."


Probablement mon destin aurait-il été différent...
Meilleur? Pire? Peut m'importait, il n'aurait point été ce qu'il est aujourd'hui.


"Vos résultat sont remarquables, Dame! J'ai vraiment hâte de voir leur aboutissement!"

"Merci, votre Altesse."


Il y a deux ans de cela, cette jeune alicorne réclama des terres avec le soutien des Princesses Célestia et Cadance. Et les deux principaux opposants, Chrysalis et Sombra, étaient bien trop affaibli pour poser de veto concret...

"Votre Majesté, je voudrais vous présenter notre dernière découverte, une jeune dragonne souffrant d'une duplication de personnalité des plus intéressantes."

"Une dragonne, vous dites? Oh, voyons cela!"


Le nouveau Royaume était une enclave entre ceux des trois Alicornes. De la Princesse du Soleil, elle reçu Cloudsdale et Ponyville, avec l'Everfree Forest, de celle de la Lune, Noveria et Stalliongrad, et de celle de l'Amour, Neighara Falls et Lake Blue. Les Princesses équilibrèrent les changes en récupérant Hoofswell de Discord pour la première, Bridle Shore Bay de Chrysalis pour la seconde et The Forbidden City de Sombra pour la dernière.

Equestria:

"Entamez le protocole."

Tout avait été si soigneusement organisé, arrangé, prévu... Sauf peut-être que l'ancienne licorne ne se revendiquait finalement point comme la Princesse de l'Amitié, mais comme celle de la Magie, en l'honneur de son talent. Certaines rumeurs clamaient que ce changement était dû au refus de ses amies de rejoindre son Royaume, pour diverses raisons.

"Faites donc un effort! Vous êtes en train de nous faire perdre un temps précieux!"

Son ambition était de transformer le territoire magique en une immense réserve de connaissances, en un centre de recherche à grande échelle. S'en suivit donc une grande migration de scientifiques, de forgeurs et de mages vers ce nouvel Éden.

"Cinq minutes et dix-sept secondes, Zenith, vous m'aviez habituée à mieux."

"J-je suis désolée... Mère... La fatigue..."


Et si Noveria, la nouvelle capitale n'eut été tant mise en avant? Peut-être Mère n'aurait-elle abandonné le Solar Empire par amour pour la recherche... Une honte pour les Dawnblade. Une joie pour les Summerwind. Tous prêtèrent allégeance à la nouvelle dirigeante.

"Déjà? Ne soyez point ridicule, nous n'avons fait que cinq heures de tests. Je suis aussi présente depuis le début de l'après-midi et ne me plains point! Un peu de fierté, que Diable!"

Et moi, sotte que je suis, avais décidé de la suivre, connaissant ce territoire de glace comme le cœur de l'innovation, où tous les meilleurs Forgeurs se retrouvaient. Dans un sens, je n'avais point le sentiment de trahir les Solaristes, puisque les Magiques étaient leurs alliés.

"Dame, ses signes vitaux dénotent réellement un profond épuisement. La pousser à bout aujourd'hui pourrait l'empêcher d'utiliser sa magie demain... De plus, elle a des gelures."

Si j'avais su ce qu'impliquait réellement la proposition de Mère, quand elle me demanda de faire des testes pour comprendre la véritable nature de ma magie... Aurais-je refusé? Probablement. Faire des expériences à longueur de journée, souvent physiquement éprouvantes, dans différents climats et situations, afin de définir sur quels critères reposaient ses variations de températures...

"Tsss... Eh bien soit, rentrez à la maison Zenith, je vous rejoindrai demain, un congrès se déroulera cette nuit."

Et plus que tout, toutes mes journées y étaient consacrées. Cela faisait plus d'un an que mon principal talent n'avait plus guère d'utilité. Je ne pouvais même plus me contenter de mon exosquelette: afin d'éviter les risques de blessure lors des expériences de Mère, j'avais subi une intervention pour remplacer l'os définitivement brisé de ma patte, un test de squelette artificiel. Cela faisait un an que je me déplaçais presque normalement... Si l'on m'avait dit un jour que je regretterais ma prothèse, j'aurais bien rit.

Spoiler:

Je quittai la salle, la tête dodelinante. Mon corps entier me semblait comme brûlé, et ma gorge était en feu. Deux gardes me rejoignirent rapidement et nous traversâmes le couloir, passant à côté d'expériences théoriques comme pratiques, dans un bruit de fond permanent causé par les machines qui ronronnaient en fournissant les données. Des tests sur cobayes, des chercheurs-Forgeurs, des chercheurs-Mages, tout semblait mélangé. Une certaine logique justifiait leur répartition dans les différents étages de l'immense complexe, mais elle semblerait bien absurde pour un néophyte lambda...

Nous empruntâmes un ascenseur qui nous fit monter dans les étages supérieurs pendant une dizaine de minutes. Mon escorte était mortellement silencieuse, j'avais le sentiment d'être une captive. Dans un sens, n'était-ce qu'une impression? Probablement pas... Nous sortîmes par un escalier qui nous mena à la surface. On m'avait équipé d'un épais manteau et de bottes pour affronter le froid qui régnait dans la monumentale gare. Nous n'attendîmes point longtemps pour rejoindre un train, la vague de population avait provoqué une hausse significative du trafic ferroviaire.

Nous descendîmes deux stations plus loin, après une demi-heure de trajet, pénétrant Utopia, la nouvelle cité dominée par le palais de la Princesse. Un monumental château mi-végétal mi-minéral construit au sommet d'une colline, surplombant les nombreuses et confortables habitations. Nous avançâmes à travers les rues calmes pour rejoindre un manoir à côté du bâtiment royal, les citoyens travaillant encore à cette heure-ci. Les gardes me laissèrent pénétrer dedans et se postèrent à l'entrée, dans un garde-à-vous toujours aussi silencieux. À l'intérieur, notre gouvernante Jenna Soulfitt accourut à ma rencontre, tandis que je retirais péniblement mes vêtements. Elle me salua avec sa petite voix affectueuse, au travers de laquelle perçait une pointe d'inquiétude:

"Vous allez bien Mademoiselle? Avez-vous bien travaillé?"

J'étais fatiguée. Je la regardai d'un regard neutre, soupirai et détournai la tête sans répondre. Qui ici pouvait encore réellement me considérer comme une noble, une jument de haut rang? Je montai à l'étage, ouvris la porte de ma chambre, la refermai dans un claquement, m'approchai de mon lit et tombai dedans sans la moindre retenue. En quoi étais-je encore noble? Ma crinière et ma queue étaient courtes, afin de ne pas me gêner. Une expérience qui avait mal tourné avait marqué mon visage d'une cicatrice qui traversait ma tempe. Ma vie sociale se réduisait aux scientifiques qui menaient les tests. En quoi étais-je Zenith Dawnblade, la fière noble et Forgeuse solariste? Cela faisait bien longtemps que le bijou qui ornait auparavant mon oreille reposait sur ma table de chevet...

Je ne réagis pas au son de l'ouverture de la porte, ni à celui de la vieille servante qui vint déposer du linge dans la chambre. Combien de temps restai-je ainsi? Peut-être même dormis-je. Je me relevai finalement au son inhabituel de la tuyauterie. Me remettant difficilement sur pattes, je quittai la pièce et descendis vers le sous-sol, cognant presque Jenna qui en venait. Sous mon regard interrogateur, elle se justifia:

"Excusez-moi Mademoiselle, le chauffe-eau a eut un dysfonctionnement, j'allais de ce pas appeler des réparateurs pour-"

"Non!"


Je poussai une exclamation si soudaine que l'aînée se tut de surprise. Je poursuivis:

"S'il te plais, laisse-moi faire! Tu sais que je suis douée pour les machines, je peux bien faire ça!"

"Voyons Mademoiselle..."
fit-elle d'un air gêné, "Il ne convient pas à votre rang d'accomplir ces basses besognes..."

Je m'effondrai presque sur elle, ma joue contre la sienne, la retenant dans une étreinte pour lui communiquer toute ma douleur et ma détresse:

"Je t'en supplie, je n'en puis plus... Tu sais que c'est un plaisir pour moi, et cela fait si longtemps... Te rends-tu compte de ce que c'est? Ne pas pouvoir suivre le chemin que le destin m'a tracé... Quel est le sens de ma Cutie Mark à présent? À croire que pour le monde entier, seule sa couleur compte, et non sa forme..."

Elle passa son sabot dans ma crinière dépeignée, écoutant silencieusement ma supplique. Après quelques instants de réflexion, elle soupira et je sentis son sourire sur ma joue, avant qu'elle ne me repousse un peu et dise:

"Votre mère ne va pas apprécier cela, elle considère que vous devriez vous reposer... Mais je comprends vos arguments, je vais vous laisser vous occuper de la machine. Mais pas d'amélioration ou quoi que ce soit, n'est-ce pas? Il s'agit uniquement de la réparer!"

Folle de joie, j'acquiesçai vivement et me détournai pour chercher la boîte à outils, sous l’œil mi-bienveillant mi-inquiet de la gouvernante. Je dévalai rapidement l'escalier pour rejoindre l'humidité de la cave, dont l'accès était normalement réservé aux serviteurs. Mais peu m'importait, mon cœur s'était allégé d'un coup en sachant ce que j'allais enfin pouvoir refaire!

J'analysai la machinerie, prenant soin de la débrancher. Quand je ne me reposais ou ne "travaillais" point, je mettais un point d'honneur à suivre de près l'actualité des Forgeurs, afin de ne point être en retard par rapport à ce train qui progressait maintenant à une vitesse démesurée. Je découvris donc rapidement l'origine de la fuite, et moins d'une heure me suffit à réparer l'objet, sous les regards des valets qui passaient. Si simple... Ma frustration surpassait ma satisfaction. Pourquoi le destin s'acharnait-il à me retirer toute forme de bonheur?

Tandis que mon regard se perdait dans le vague de la cave, détaillant cette pièce où j'allais si peu, j’aperçus une plaque métallique au sol. Poussée par la curiosité, je m'en approchai et je fus prise d'un coup par l'affreuse odeur qui en émanait. Les égouts? C'était une sortie de secours, ou un accès à la tuyauterie interne?

Je me figeai d'un coup, en prenant conscience de ce que cela impliquait. Un chemin vers l'extérieur, vers la liberté. Peu m'importait de "trahir" ma mère, elle m'avait de toutes manières déjà trahi elle-même. Si je voulais sortir, il s'agissait du meilleur moment, la cave était fermée de nuit et je n'y avait d'habitude pas accès. C'était maintenant ou jamais, et c'était sans affaires, matériel ou vivres. Souhaitai-je vraiment partir ainsi?

Je fermai les yeux, la réponse était toute trouvée: oui.

Avisant ma boîte à outils, je fis voltiger mon tournevis fétiche jusqu'à moi et entrepris de déboîter la dalle d'acier. Au moins, à force d'utiliser ma magie à longueur de journée, celle-ci c'était considérablement renforcée et une fois désencastrée, je n'eus que peu de mal à déposer l'objet à côté et à regarder en direction du fond du puits. Je grimaçai, l'odeur était particulièrement agressive. Dans le bac à linge qui reposait un peu plus loin, je pris un foulard rouge un peu sombre et l'enroulai autour de mon cou, de manière à le faire remonter devant mes narines comme un filtre à air. Bien.

Je regardai mon matériel. Il me serait encombrant et inutile de le transporter, je m'arrangerais plus tard, je le laissais là. Sauf la lampe-torche à l'intérieur, que je saisis entre mes dents. Je me tâtai encore un instant, puis me résolu à descendre l'échelle, avant de refermer l'ouverture, me plongeant dans la pénombre. Je désescaladai les derniers barreaux et touchai finalement le sol dur et froid, avant d'allumer ma source de lumière. Je fus un instant éblouie, mais je m'habituai rapidement à la luminosité qui révéla un canal d'eau croupie bordé par deux "trottoirs" humides, dans un tunnel circulaire. Droite? Gauche? Peu importait, je me mis simplement en marche.

Le temps était long, et le trajet monotone n'était égayé que par des intersections et d'autres échelles. Peu à peu, je m'habituais à l'immonde parfum ambiant. Mon cœur rythmait ma curiosité et ma légère angoisse, tandis que sur un bruit de fond provoqué par les déplacements d'eau, mes pas résonnaient contre les parois. Après un très long moment sans échelle ni même dalle d'acier au plafond, un autre bruit distant s'ajouta: celui de la rue et des cris. Ce n'étaient pas des bruits typiques d'Utopia, qui était en permanence d'un calme presque agaçant. Non, c'était plus dynamique, presque plus... vulgaire. La rue? Une rue hors de la capitale? Apercevant un accès vers l'extérieur plus loin, je m'y précipitai et entrepris de le gravir. Quand je fus bloquée par la bouche de métal, j'invoquais de nouveau ma magie et la souleva un peu pour la soulever légèrement, laissant passer ma tête.

Le brouhaha augmenta d'un cran, et la puanteur ne diminua point. Mais concernant le paysage, une paire de pattes bleues nuit barraient ma vue. Surprise, et levai le regard vers le visage de l'inconnue, qui me regardait d'un air tout aussi interloqué. Mais avant que nous puissions échanger la moindre parole, le bruit augmenta d'un cran et des martellements se firent entendre. Tournant vivement la tête vers l'origine du bruit, la jument ferma d'un coup la plaque, cognant ma corne.

Spoiler:

Je retins une exclamation de douleur, entendant des disputes et des cris éclater, toujours sur fond de démarche militaire. J'avais du mal à saisir... la Garde? Il valait peut-être mieux qu'elle ne me voit pas, même si je n'étais guère sûre qu'elle soit déjà à ma recherche... Quelques minutes plus tard, quand la frénésie ambiante se fut calmée, je vis la dalle se soulever légèrement et j'entendis des grognements d'effort. Reconnaissant les pattes de ma protectrice, j'utilisai ma lévitation pour lui venir en aide. Après un coup d’œil à droite et à gauche, elle me tendis son sabot et m'aida à m'extraire du tunnel fétide, avant de me détailler de la tête aux pieds tandis que je faisait de même.

Il s'agissait d'une jeune pégase, un peu plus petite que moi, au pelage bleu nuit. Ses ailes étaient légèrement entrouvertes, comme si elle était sur le point de s'envoler, malgré son apparence détendue. Sa crinière et sa queue étaient grises, lisses et très longues, barrées de mèches d'un bleu clair assez vif. Sa mèche tombait sur son œil droit, le cachant au monde, et sa Cutie Mark représentait une sorte de nuage brumeux gris aux reflets bleus, aux couleurs de son crin. Son œil gauche révélait une pupille d'un bleu vif et curieux, bien que légèrement sceptique. C'est d'une voix claire mais vaguement suspicieuse que me demanda:

"Dis, t'es qui? Qu'est-ce que tu foutais dans les canalisations? Je t'ai jamais croisée ici."

Je ne relevai pas le tutoiement, je ne voulais pas attirer l'attention. À vrai dire, je ne savais réellement quoi dire à cette jument. En évitant son regard, je me rendis compte que la rue était sale et pleine de mendiants et de miséreux, me faisant froncer les sourcils. Me reprenant, je lui répondis de mon vrai prénom, éclipsant le nom de famille dans mon soucis de discrétion:

"Je me n-... m'appelle Zenith, et v-... et toi? Et pour les égouts... disons que je... que je..."

"Tu fuyais un truc?"


Je sursautai à sa remarque, acquiesçant. Dans un sens, oui je fuyais... mais je ne voulais point passer pour une criminelle... Tournant de nouveau la tête pour survoler les alentours, je posais finalement la question qui trottait dans ma tête:

"Je... ne comprends guè-... je ne comprends pas où... je suis. Sommes-nous si loin d'Utopia?"

L'anonyme répondit à ma remarque par un ricanement, avant d'y répondre d'un ton où filtrait clairement l'amertume ou l'ironie:

"Non, non, t'y es toujours à Utopia. Disons que t'es juste passée de l'autre côté d'la colline... En fait, ici, on a plutôt tendance à appeler ce coin Dystopia, si tu vois c'que j'veux dire. Et te sens pas mal, t'es pas la seule à fuir quequ'chose ici. C'est ici que se regroupent tous les abandonnés, ceux qu'ont pas pu partir pour rester dans leur patrie, ceux qu'ont vu tous leurs espoirs déçus... C'est la version de ce royaume que les Princesses ne veulent pas connaître, car on prouve que la décision qu'elles ont prise était pourrie. Et pour ta question, moi, c'est Winter Cloud, mais tu peux m'appeler Clo. Ancienne lunariste, pour te servir, bienvenue dans le camps des oubliés!"

Je fronçai les sourcils sans comprendre, je ne pus me permettre qu'un "Je..." hésitant avant qu'elle ne poursuive plus calmement:

"T'es nouvelle ici, non? J’admets que les égouts, pour venir, c'est original. Mais tu risques d'être déçue ici. C'pas le Royaume de rêves que vend l'autre Princesse. Allez viens, faut se serrer les coudes, ou on va pas s'en sortir."

Il me semblait qu'elle me prenait pour une nouvelle arrivante n'ayant jamais vécu sur le territoire magique. J’hésitais à lui indiquer son erreur, raconter mon histoire ne tournerait point forcément à mon avantage par ici... Je me contentai donc de suivre son pas rapide à travers les ruelles sales de la cité, esquivant les mendiants et les inconnus encapuchonnés qui nous fonçaient dessus. Sans doute des pickpockets. Moi qui me doutais que ce nouveau pays avait des facettes bien sombres, je n'imaginais guère que l'une d'entre elle soit si évidente...


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MessageSujet: Re: [Concours - 2] Fight for your convictions, Fight for yourself   [Concours - 2] Fight for your convictions, Fight for yourself EmptyVen 26 Juin - 13:03



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Chapitre 2

Dystopia

Après un certain temps de trajet, nous semblâmes finalement arriver à destination. Winter Cloud poussa tout simplement la porte, apparemment non verrouillée, et m'invita d'un sourire tranquille à l'intérieur. Dès que je pénétrai dans la maison, un bruit sourd se fit entendre, suivis d'un bruit de chute et de grommellements. En entendant cela, la pégase soupira et se mit à crier:

"WOW! C'pas bientôt finis les deux cons là? On a quelqu'un, bordel!"

Une autre grommellement, un vague bruit de déglutition, et un autre bruit de coup, suivit d'un autre bruit de chute, plus lourd celui-ci, et de nouveaux grommellements. La femelle semblait sur le point de crier quelque chose mais un mâle débarqua d'une autre salle, les yeux cernés, et dit d'un air blasé:

"Ils ont commencé à jouer à la baffe bridlienne depuis un moment, ils risquent pas de te répondre..."

Il s'agissait d'un Batpony légèrement plus vieux que moi, peut-être en début de trentaine. Le regard doré, désabusé et légèrement cerné, le bouche neutre, le corps bleu nuit comme la majorité des individus de sa race, son crin était blanc et coupé court, hirsute, tandis qu'une barbe et des rouflaquettes courtes soulignaient la forme de son visage.

"Quoi?! Oh les cons! Ils vont se siffler tout l'alcool!"

"Que veux-tu, ils s'ennuient... Bref, qu'est-ce que tu nous as ramené cette fois?"

"J-... Hein? Oh! Elle s'appelle Zenith, je l'ai trouvée en train de sortir des égouts. Franchement, elle m'inspire confiance, j'l'aime bien."

"... Pas que je doute de ton jugement ou quoi que ce soit mais... t'es sure que c'est une bonne idée?"

"Hey, tu connais mon instinct, je me trompe ja-... pas souvent. Et puis je lui trouve quelque chose... un détail, un étincelle spécial. Ch'uis sûre qu'elle peut faire des trucs cool!"

"J'aimerais le croire... Enfin, enchanté de te rencontrer Zenith"
fit-il en me serrant le sabot "Je suis Crypted Moon. Je pense que tu n'auras pas l'occasion de rencontrer Broken Wood et Geral avant demain, le temps qu'ils décuvent un peu... On est déjà quatre à vivre dans cette mansarde mais bon, une de plus ou de moins... Clo ramène souvent des gens, mais ils ne restent pas longtemps."

"Allez, peu importe, viens!"


Je suivis donc la pégase, sous le regard indéchiffrable du mâle.

Et si j'avais sus dans quoi je me lançai à cet instant, aurais-je refusé?
Probablement pas.


~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

J'appris peu à peu à connaître cette petite équipe et au bout d'un mois, je faisais déjà parti du groupe. Une bande hétéroclite mais unie, bien que je ne connusse point les histoires de chacun, de même qu'aucun ne connaissait mon histoire.

Tout d'abord, Winter Cloud, ou Clo comme je l’appelais aussi à présent. Elle était un peu plus jeune que moi, et mon parfait contraire. Grande admiratrice de Luna, elle demeurait à Noveria avant la séparation des territoires et à cause de la mort de ses parents, bien plus tôt, elle ne pouvait vivre que modestement et était incapable de rejoindre son pays natal. Souffrant d'une hyper-sensibilité à la lumière de l'oeil droit, sa mèche n'était point uniquement esthétique, mais aussi pratique, protégeant sa pupille du soleil. Agile et rapide, elle survivait en maniant deux lames courtes avec ses sabots avants, en plus d'une légère arbalète. Malgré une certaine effronterie et un penchant pour l'ironie, c'était une personnalité assez généreuse et très courageuse.

Ensuite Crypted Moon, ou Moon tout court. Demi-frère de Clo, il a toujours vécu avec elle et porte une grande attention à sa protection. Ce Batpony est un génie, il doit être le seul à pouvoir interpréter sa Cutie Mark, un emboîtement de formes géométriques diverses. Je ne sais quel était son talent original, mais sa capacité à récolter des informations et rumeurs, à les trier et à en tirer la vérité est proprement fascinante. Souffrant d'insomnie, il est perpétuellement fatigué mais il considère que c'est dans cet état qu'il travaille le mieux. Il a des contacts dans tous les Royaumes et nous informe de ce qui se trame de part le monde. Il n'est pas bien fort physiquement, mais il semble avoir quelques talents de chaman, utilisant une boucle d'oreille en argent comme catalyseur.

Il y avait aussi Geral, un grand griffon, aussi subtil et puissant qu'un ours, un verre d'alcool suffisait à le rendre ivre, mais il était impossible de le faire plonger en coma éthylique. Il était un peu plus grand que la moyenne de sa race, mais son plumage blanc et ses yeux rouges prouvaient qu'il s'agissait d'un albinos. De longues cicatrices barraient son corps, preuves de nombreux coups passés, mais la plus visible barrait son visage en diagonale, passant entre ses yeux. Il était de nature impulsive et agressive, d'une cupidité propre à sa race et d'une force monstrueuse. Il était probable que ce soit sa simple menace qui suffisait à éloigner les curieux un peu trop intrusifs de l'habitacle. Il n'en demeurait pas moins bon vivant quand il discutait avec ses camarades, et un grand joueur de cartes et de toutes autres sortes de jeux à pari. Parmi les premiers gardes du jeune pays, il avait été écarté de l'armée à cause de ses vices.

Le dernier enfin, peut-être en quelque sorte le "leader" du groupe, Broken Wood, un Poney terrestre disposant d'une oreille coupée. À chaque fois que je lui demandais de me raconter comment s'était-il fait cette blessure, il inventait une nouvelle histoire toujours plus farfelue ou ridiculement épique que la précédente. C'était un mâle qui aimait beaucoup rire et se moquer des autres. Il n'était pas particulièrement beau mais les rares fois où il agissait avec sérieux, un incroyable charisme se dégageait de lui. C'était un bretteur de talent qui mettait un point d'honneur à m'apprendre à utiliser une épée, justifiant sa Cutie Mark présentant deux épées: une brisée et une entière. Depuis que ma jambe avait retrouvé un fonctionnement normal, les anciennes leçons de mon épéiste de père me revenaient et même si je ne pouvais tenir ce combattant en échec, il reconnaissait que j'avais un style de base extrêmement intéressant. Son pelage était d'un marron sombre, cependant éclairci par son crin émeraude qui tombant mollement. Je ne connaissais aucun détail de son histoire, et il me semblait qu'il en était de même pour les autres.

Spoiler:

Pour ma part, je n'avais guère changé, du moins, il me semblait. Je portais toujours le foulard rouge qui m'avait accompagné dans ma fuite. Comme un porte-bonheur pour me donner du courage, ou comme un souvenir de mon ancienne maison et de Jenna? Je ne savais vraiment... J'avais en tous cas eu l'occasion de confectionner quelques babioles qui rendaient l'éprouvante vie de tous les jours légèrement plus agréable, mais je comptais me battre à la lame, profitant de mon endurance et de mon contrôle magique acquis au cours des tests.

Actuellement, le soir tombait lentement mais sûrement et Geral m'expliquait plus ou moins patiemment le fonctionnement du poker.

"J'comprends pas, tu connais vraiment rien de rien! Sérieux, comment t'as pu survivre si tu sais même pas tricher!"

"Je ne sais pas, je suis restée plutôt loin de ces jeux..."

"J'te comprends pas."


Je faisais un réel effort pour m'adapter au parler local et pour ne pas trahir mes origines nobles. Mais si j'avais bien vite assimilé le principe de la pokerface, les différentes règles me semblaient complexes à assimiler et les méthodes de triches semblaient même inaccessibles... Heureusement que nous ne parions point d'argent, au grand dam de mon compagnon de jeu. Soudain, la porte claqua, marquant le retour de la pégase. Moon se précipita vers elle et un discussion enflammée débuta. Clo partait souvent en expédition pour récupérer des informations ou des lettres, et les fournissait à son frère pour qu'il les analyse. Un manège plutôt intéressant, mais qui durait rarement aussi longtemps... Je tournai la tête en direction du débat, de même que le griffon blanc, tandis que Wood abandonna son entraînement et s'approcha d'eux en demandant ce qu'il se passait, ce à quoi le Batpony répondit sombrement:

"Le pacte est sur le point d'être brisé"

"Comment ça?"
demanda le terrestre, les sourcils froncés.

"Les tensions montent vite. Tu sais qu'après la scission de leur territoire, les Changeling ont tous migré pour retourner dans leur patrie? Ça avait beaucoup fait gueuler car Tramplevania était devenue une ville fantôme, et les cité du Changeling Swarm n'étaient pas assez grandes pour accueillir les réfugiés. Ça fait presque trois ans qu'ils sont en surpopulation, et ils menacent maintenant ouvertement leurs voisins. De plus, L'alliance entre les solaristes et les lunaristes s'effondre, vu que ces derniers considèrent que Célestia a fait une grosse erreur et qu'elle refuse de l'assumer..."

"Sans oublier les chaotiques, qui s'amusent à augmenter les tensions"
poursuivit Winter Cloud, "Les cristallins qui veulent à tout prix conserver leur neutralité, et les pledgiens qui comptent bien profiter des affrontements qui vont arriver pour grappiller des miettes! Et cette pouf de Twillight Sparkle qui réagit même pas une seconde!"

En effet, pas besoin d'être un expert en géopolitique pour savoir que ça allait péter. La seule chose qui maintenait l'équilibre fragile de cette accalmie était l'alliance des quatre alicornes, mais avec une pacifiste acharnée, une néophyte totale et les deux dernières en litige... Cette idée me fit soupirer. Cela me faisait un peu mal de penser ainsi à propos de Célestia, mais les années passées sous la gouverne de ma mère avaient un peu ébranlé ma loyauté au Solar Empire. Sans oublier que le pays semblait clairement fermer les yeux sur la situation, comme niant toute erreur et tout problème. Je ne savais vraiment que penser de moi-même, mais je préférais réfléchir à mon avenir à court terme, ici. Tandis que les trois venaient à notre table, Wood me demanda ce que j'en pensais. Allez savoir comment, mais il semblait que j'avais plus ou moins acquis une réputation de visionnaire en terme de politique.

"Honnêtement, la situation est compliqué mais je n'irais pas jusqu'à dire qu'elle est apocalyptique. Tout d'abord, sur les sept contrées, il n'y a pour l'instant que quatre belligérants potentiels, et qui en restent encore aux menaces. Et chacune à sa façon est affaiblie, donc ça explosera certainement un jour, mais pas dans l'immédiat."

"À mon avis,"
poursuivit notre surdoué local, "Chacun va essayer de passer des alliances pour asseoir sa position. Chacun a tout à gagner comme tout à perdre à se battre. Des liens politiques vont se créer, on va avoir droit à une belle manipulation de masse et au final si des luttes armées disséminées aux frontières ne commencent pas, soit on aura une immense offensive entre deux gros camps, aboutissant à une monstrueuse boucherie, soit on aura une crise uniquement diplomatique qui risque de jeter un froid certain sur le continent, et pendant de longues, longues années vue la durée de vie de nos dirigeants."

Un silence s'installa quelques secondes, finalement coupé par Clo:

"Wow... Ça fait peur ton truc..."

"Désolé, mais pour le coup, ce schéma ressemble méchamment à celui qui précéda la Conflagration de l’Ère second."
, affirma sombrement le frère.

"... Si tu le dis..."

"C'est vrai,"
intervins-je, "Un massacre innommable qui réduisit de moitié la population d'Equestria, forçant la séparation du pays, pourtant uni, en diverses factions... Tout le monde était impliqué, il fallait choisir son camps car sinon, on devenait l'ennemi de tout le monde..."

"J'ai pas envie d'avoir à choisir mon camp entre des hypocrites, des incapables et des tarés"
fit l'albinos en bougonnant.

"C'est ridicule de choisir une faction comme ça", lança Wood de son air sérieux. "Chacune veut juste assouvir ses propres intérêts, il n'y en a pas de bons pour nous, le peuple. Au mieux, on est des soldats ou des paysans, au pire, on est des esclaves ou de la chair à canon. Aucune puissance ne se bat véritablement pour le bien-être de tous. Et Cadance ne fait pas exception, elle ne protégera pas son peuple juste en chouinant pour un cessez-le-feu. Ce qu'il faudrait, c'est une communauté, un clan neutre, un havre pour les délaissés... Mais bon, c'est un peu un rêve."

Chacun marmonna son assentiment. Pour l'instant, nous survivions dans un bidonville, ignorés par tous. Mais peut-être qu'un jour, une porte de sortie s'ouvrirait. Oui, peut-être...


~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Ça faisait, quoi, six mois depuis mon arrivée? La vie dans la cité tournait toujours pareil, les maisons délabrées se multipliaient au même rythme que les mendiants dans les ruelles. Les autres et moi nous en sortions plutôt bien malgré tout.

Moon et Clo travaillaient ensemble à récolter et vendre des informations, j'accomplissais des réparations et je vendais de petites créations aux plus offrants, et Wood et Geral se débrouillaient bien entre les bagarres et le mercenariat. Au moins, nous nous retrouvions régulièrement à la maison le soir pour boire un coup et pour jouer. Ce soir en particulier, juste après une séance d’entraînement à l'épée, le terrestre m'avait proposé un jeu d'alcool, la baffe bridlienne, originaire de Bridle Shores Way comme son nom l'indiquait. Le nom sous-entendait pas mal le principe de ce jeu assez débile mais qui avait l'avantage d'être un sacré défouloir: chacun son tour, l'un des joueurs cognait de toutes ses forces celui d'en face, buvait un shot d'un alcool de son choix, puis c'était le tour de l'autre. Le perdant étant naturellement celui qui n'arrivait pas à se relever à la fin. Pas de tactique ou autres trucs du genre, fallait juste bourriner tôt et fort.

Nous nous assîmes donc face à face, chacun regardant l'autre d'un air moqueur, le griffon encourageant mon adversaire à coups de "Tu peux pas perdre contre un fille", tandis que Clo tapotait mes côtes de son sabot avec un regard évocateur. Un jeu de séduction s'était formé entre nous deux, plus par amusement que par sérieux, et chacune cherchait la moindre occasion pour lancer des coups d’œil pleins de sous-entendus à sa partenaire. Mais bon, de nous quatre, aucun ne doutait du gagnant. Wood était bien plus expérimenté que moi et je ne tenais guère l'alcool fort.

Une étincelle amusée dans la pupille, mon adversaire m'indiqua du sabot de commencer la manche. Sans attendre qu'il ne range sa patte en place, je me levai violemment et lui assenai un puissant revers de sabot qui faillit le faire tomber de sa chaise. J'avais eu de nombreuses occasions d'entraîner mon corps ces derniers mois, et si je n'étais pas encore une guerrière digne de ce nom, j'étais à présent loin de la délicate noblesse qui m'avait vu grandir. Le temps qu'il se redresse, ma magie rouge fit léviter un verre de rhum jusqu'à mes lèvres, verre que je vidai d'une gorgée. Alors même que je grimaçai en sentant la brûlure plonger dans ma gorge, un coup cueillit ma joue et me fit tomber au sol, mon épaule percutant douloureusement le plancher. Je sentis un goût métallique envahir ma langue: je m'étais mordue la joue au sang. Toujours souriante, alors que l'adrénaline parcourait mon corps, je me rassis et attendis que Wood boive son breuvage pour le gratifier d'un autre coup qui lui fit aussi perdre l'équilibre. Mais alors que j'activais ma magie, Moon débarqua d'un air inquiet, interrompant notre petit jeu.

Le bretteur se releva en massant sans joue et nous regardâmes tous les Batpony qui descendait rarement aussi tôt. Quand le Griffon eut finit de grommeler de déception, un silence pesant s'installa alors que le nouveau venu nous regardait d'un air sombre. Sa sœur rompit le calme, demandant avec inquiétude:

"Qu'est-c'qui se passe?"

"La situation devient de pire en pire,"
lâcha-t-il après un soupir. "Dystopia devient de plus en plus enclavée, il y a eut une émeute à cause du manque d'eau au quartier nord, et les gardes ont tué dix-sept personnes, dont deux jeunes. Cette cité est en train de devenir une prison géante, il y a des barrages, c'est impossible de sortir. Et vraiment, entre la mafia qui se développe et la police, je ne peux pas dire qui sont réellement les plus cruels."

"Et à l'extérieur? Tes contacts qui ont fuit ont pu demander de l'aide?"
demanda le leader, sérieux malgré les deux coups qui commençaient à faire gonfler sa joue.

"De pire en pire" poursuivit l'autre en se tournant vers son nouvel interlocuteur, "Une forme de racisme se développe envers les réfugiés, vu comme des traîtres à leur pays d'origine. Les dirigeants ne réagissent toujours pas, à se demander s'ils nous ignorent volontairement ou si les rumeurs ne leur parviennent même pas. Dystopia prend une réputation de nid à mercenaires et à prostitués, pire que Detrot."

Le silence revint, encore plus lourd, pendant presque une minute, avant d'être interrompu par l'albinos:

"Et dire qu'on m'avait viré pa'ce que je jouais, tu parles! La moitié des patrouilles sont bourrées en permanence. J'juste l'impression qu'on est un défouloir à flics. Ton rêve de clan pour le peuple Wood, c'tait que d'la merde, personne n'osera faire ça, les mafiosos sont les seuls qui pourraient lancer une révolte mais ces connards sont trop tranquilles, y veulent pas qu'ça change."

Je m'étais appuyée sur la table, jouant négligemment avec mon écharpe. La situation devenait chaque jour plus merdique, les conditions de vie étaient à chier, on manquait de tout, on étaient habitués à avoir toujours un peu faim et soif, et si des déchets ne tapissaient pas le sol en permanence, me fournissant du matos pour mes bricolages, je serais déjà devenue folle. Entre mes années au complexe scientifiques et ces derniers mois, j'avais de plus en plus l'impression rageante d'être spectatrice de ma vie, sans pouvoir rien faire. Je ne m'étais jamais confiée aux autres sur ce sujet, mais je me doutais qu'il devaient ressentir la même chose sans le savoir. Ils n'avaient à ma connaissance jamais eu cette sensation qu'un jour, leur sabot pourrait durablement marquer l'Histoire d'Equestria. Moi si, mais en abandonnant mon nom, j'avais abandonné cette possibilité. Et j'enrageais.

Je relevai le visage vers le terrestre qui me regardait d'un air indéchiffrable. J'avais quelque chose à dire, et il le savait. Il le savait, et je savais qu'il allait me soutenir. Retirant mon appui sur le bois, je me levai, attirant l'attention des autres, et je pris la parole en les embrassant du regard:

"Geral, tu disais que tout le monde avait peur de se révolter. Et je pense que tu as raison. Mais si tout le monde a peur, tout le monde a quand même envie. La mafia est bien comme elle est, mais si un bordel se déclenche, elle le soutiendra. Il ne manque que l'étincelle."

"Qu'est c'que tu proposes?"
fit l'ancien soldat en plissant ses yeux de faucon.

"C'est très simple" poursuivit Wood, toujours en me fixant, "Elle propose de lancer nous-même cette révolte. Et je suis d'accord avec elle. Il faut faire quelque chose."

Je le remerciai du regard, poursuivant:

"Je sais pas pour vous mais moi, je veux être actrice de ce qu'il va se passer. Je ne veux plus suivre la masse en baissant l'échine. Il nous faut réunir des alliés, nous organiser, et lancer un grand coup, un coup fort. Il faut attirer l'attention."

"C'est vrai"
renchérit doucement notre informateur en réfléchissant, "Nous allons créer un clan, une bannière sous laquelle chacun pourra se réfugier. Une union qui détruira ce faux royaume et qui bouleversera ce monde. Le nouvel équilibre du pacte est fragile, la moindre variable supplémentaire le fera vaciller. Et on peut être cette variable. Dans les bars que Geral et Wood fréquentent, leurs commanditaires, mes clients et ceux de Zenith, ceux que Clo a aidé... Ça nous fait déjà une base solide de personnes qui nous connaissent, et avec le bouche à oreille... Il nous faudrait contacter les mafieux pour récupérer de l'équipement, trouver des lieux de rassemblement..."

Il redressa la tête vers nous, un sourire dévoilant ses canines pointues:

"Ouais, ça peut le faire!"

Et la pégase se tourna vers moi, disant de son sourire en coin:

"Et je crois que j'ai déjà une idée pour le nom de ce clan..."

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Zenith Dawnblade
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Chapitre 3

Red Scarf

Un an. Un an que je vivais dans ces taudis. Même si je n'avais pas eut de nouvelles cicatrices, je me demandais même si mes parents me reconnaîtraient. Ma crinière était coupée courte et ébouriffée, la dernière fois que mon corps avait vu de l'eau remontait à la dernière pluie, quelques jours plus tôt, mon regard était dur, cette vie rendait ma magie presque toujours d'un rouge ardent, j'avais trempé dans de nombreux vice, mon corps s'était bien renforcé. Le soir était tombé, et seule un fin trait orange au loin dénotait la présence d'un soleil. J'étais sur le balcon de notre "maison", une simple plate-forme construite à la va-vite en hauteur, accessible par une fenêtre et donnant sur l'un des complexes scientifiques construits autour du palais de Twilight Sparkle.

La clope qui pendait à mes lèvres les quitta un instant, me laissant souffler une fumée bleutée sous la lune. J'entendis des pas gravir les escaliers derrière moi mais je ne me retournai pas, restant appuyée sur la rambarde métallique qui me séparait du vide. Je fermai un instant les yeux, frissonnant au doux contact du sabot de ma Clo sur ma croupe. Elle se plaça à côté de moi et nous nous mîmes à observer le centre de recherche le plus proche, un immense cube bétonné. Les nombreuses découvertes du territoire magique avait transformé la face du continent, apportant nouveaux matériaux, nouvelles technologies et méthodes inédites. Elle me demanda d'une voix douce:

"Il est quelle heure?"

"20h27..."
répondis-je après avoir jeté un oeil à la montre qui pendait à mon cou, sous mon écharpe.

Le calme revint, uniquement interrompu par le vent. À cette heure-ci, les rues étaient généralement bien plus agitées, mais tout le monde retenait sa respiration. Ce soir était décisif, la preuve que les Red Scarf allaient arriver sur la scène du monde et interrompre l'absurde pièce qui s'y déroulait. La pégase s'appuya doucement sur moi, caressant sa joue gauche sur mon cou et me tirant un sourire, avant de remarquer d'une voix faussement boudeuse:

"Tu fumes maintenant? Je suffis plus à te détendre? Ch'uis déçue..."

"T'inquiète pas, ce qu'on fait ensemble est bien plus agréable que ça"
fis-je d'un ton moqueur, "Mais vu mon stress, si tu étais mon seul répit, ton endurance risquerait d'être mise à l'épreuve..."

Elle rit doucement et d'un coup, se dressa sur ses pattes arrières et me retourna dos au paysage, me plaquant à la barrière. Un air taquin sur le visage, elle me défia:

"Vraiment? Tu me sous-estimerais pas un peu?"

Plongeant dans le regard de la femelle, je jetai mon mégot dans la rue, m'accoudant au fer rouillé et passa un sabot sous sa mèche, caressant tendrement sa joue et le bandeau rouge qui passait sur son œil déficient. Je m'élançai soudainement vers elle, emprisonnant ses lèvres entre les miennes et l'embrassant avec force. Elle ne chercha pas à mettre fin au contact, quand bien même une violente explosion provoqua une gerbe de flammes dans le complexe de recherche, au loin, éclairant la cité d'une lumière rouge et menaçante et générant une lointaine vague de cris. La déflagration se répercuta en échos pendant quelques secondes, et des flammes commencèrent à dévorer le bâtiment, tandis qu'une épaisse fumée noire s'élevait paresseusement dans le ciel.

Spoiler:

Nous nous séparâmes, et je chuchotai doucement dans l'oreille de mon amante:

"Jamais..."

Elle ria de bon cœur et m'aida à redescendre sur quatre pattes, m'indiquant qu'il fallait rejoindre les autres.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Wood et Moon nous rejoignirent dans le salon, confiants. Depuis que notre organisation s'était solidifiée, le visage de la ville s'était transformé. L'espoir animait tout le monde et la grande majorité de la population nous épaulait. Le charisme du Terrestre l'avait projeté chef du mouvement, le duo du Batpony et de la Pégase nous avait permis d'acquérir le soutient des grandes figures criminelles de l'ombre, puis les avait mis à notre botte, Geral entraînait avec une terrible efficacité notre milice, organisant des patrouilles et une guérilla qui devenait intenable pour l'armée décadente de la jeune alicorne, et pour ma part, je gérais l'organisation et la hiérarchie de tout ce "petit" groupe.

Chacun portait la marque du clan: un tissu rouge. Mon écharpe était restée telle quelle autour de mon cou, toujours aussi déchiquetée, Clo portait un bandeau qui passait sous sa mèche, son frère avait sobrement accroché une petite toile à sa boucle d'oreille, un foulard carmin ressortait sur le blanc de la queue du griffon, et une étoffe était accrochée à la patte de notre bretteur. La plupart de nos sympathisant s'ornaient aussi de rouge, d'autres restaient plus discrets, mais peu ne nous soutenaient pas, et ces derniers créaient une nouvelle petite faction ou préféraient rester neutres.

Échangeant des regards, nous nous approchâmes de la seconde porte de la salle, derrière laquelle un brouhaha sourd se faisait entendre. Ma magie ouvrit la porte au chef qui passa en premier. Je fis de même, suivie par ma Clo et par son frère, puis notre général ferma la porte d'un coup de queue. Nous nous trouvions sur une estrade à l'extérieur, le brun au centre, le surdoué et moi à ses côtés et les deux autres aux extrémités, cinq face à une foule de presque un millier d'individus de toutes races qui se turent à notre arrivée.

Spoiler:

Bombant le torse, Wood s'avança et entama son discours d'une voix puissante:

"Il y a une semaine, l'armée arrivait à Dystopia et doublait les patrouilles. La police n'a jamais été aussi inefficace. Il y a trois mois, des avis de recherches étaient lancés à notre nom, et pourtant, nous sommes toujours là! Des révoltes éclatent à Bridle Shore Bay et à Stalliongrad, nous ne sommes plus seulement à Noveria! Nous nous étendons, et Magic Kingdom se fragilise! Bientôt, les autres contrés ne pourrons nous ignorer, la fin de notre calvaire est proche! Nous sommes de plus en plus puissants, de plus en plus nombreux et nous allons marquer le monde! Nous ébranlerons Equestria et les oubliés seront reconnus! Le continent sera redessiné! Chacun aura enfin sa chance, et les enfants nés ici-bas pourrons retourner le futur! Aucun destin n'est immuable, et nous prenons le contrôle du nôtre!"

La fin fut secouée par une ovation, et une acclamation assourdissante répétait le nom du leader, l'interrompant. Nous étions tous les cinq emplis de fierté. Ce qui nous avait semblé inaccessible était en train de se dérouler sous nos yeux, ce qui ne devait être originellement qu'une étincelle devenait un incendie titanesque. Du coin de l’œil, je vis d'un coup le Batpony plisser le regard. Ses sens étant plus aigus que les nôtres, il entendit avant nous les cris signalant que des gardes était là. Les vivat cessèrent et les mouvements de foules nous permirent de localiser plusieurs armures brillantes dans la foule. Je fronçai les sourcil: il ne s'agissait pas de soldats de la Princesse Twilight.

Chacun d'entre nous se mit en garde, le catalyseur de Moon commença à scintiller, Clo saisit l'arbalète accrochée à son dos, Geral déploya les ailes et mon autre voisin et moi dégainâmes nos lames, la sienne plus imposante et puissante et la mienne plus fine et rapide. Les trois qui étaient dotés d'ailes prirent leur envol et se mirent à tournoyer au dessus de la cohue, tandis que nous deux restions sur places, attendant de voir ce qui allait se passer.

On pouvait distinguer la progression des militaires malgré les barrages humains de nos camarades. L'un des plus anciens informateurs de Moon escalada difficilement la plate-forme pour lancer très rapidement, le visage inquiet:

"C'sont des soldats du Solar Empire! Apparemment, Célestia veut à tous prix soutenir Twilight Sparkle! Ils sont nombreux et bien équipés, faut que vous fuyiez!"

Je me mordis les lèvres. C'était vraiment douloureux de se rendre compte que l'on m'opposait des membres de mon ancienne allégeance. D'autant plus que présentement, c'était cet empire pour lequel j'avais le plus de respect, et je ressentais ça comme une ultime trahison. Et j'avais peur que la Princesse du Soleil n'ait envoyée ses meilleurs éléments... Tentant d'effacer les sentiments qui traversaient mon visage, je relevai la tête pour voir des silhouettes s'envoler et prévenir les autres, qui entreprirent de s'enfuir. Échangeant un regard imperturbable avec le leader, qui semblait lire en moi bien plus que je ne l'aurais voulu, nous acquiesçâmes de concert et nous élançâmes sur le côté, rengainant nos armes, sautant au sol et nous engouffrant dans les ruelles sombres du semi-bidonville.

Nous tentâmes de nous plonger dans la masse des fuyards civils qui essayaient de perdre les intrus dans le labyrinthe de la ville, mais de nombreux pégases en armure parée d'or quadrillaient le ciel en criant des indications malgré le chahut. Je ne savais pas où étaient partis Clo, Moon et Geral, mais je mettais un point d'honneur à ne pas perdre la trace de Wood. Quand bien même je m'étais habituée à la géographie des lieux, je ne la connaissais pas par cœur, et il valait mieux éviter de s'isoler davantage.

La foule était de moins en moins dense, les poney se divisaient à chaque intersection, et après une dizaine de minutes de course intense, qui commençait à porter un coup à ma faible endurance, nous n'étions plus que deux à cogner le sol sale de nos sabots, contournant les pavés de maisons de bois ou de pierre, longeant les portes fermées et les étals plus ou moins agrémentés de déchets. Nous courions sans réel but, notre planque principale n'étant plus vraiment sécurisée. Nous voulions juste semer les autorités étrangères. Après, nous tenterions de retrouver notre abri de secours, pour rejoindre les autres.

Je m'arrêtai finalement dans mon élan, apostrophant mon camarade:

"Wood! Attends!"

Se retournant pour me voir respirer à grands coups, il répondit d'un air légèrement gêné malgré son sérieux orné d'inquiétude:

"Ah merde! Désolé, j'avais oublié."

Tandis que je reprenais mon souffle, je le vis scruter les cieux les dents serrées, probablement à la recherche d'éclaireurs. J'avais bien conscience d'être un poids pour l'instant, et je me plaquai contre un mur, sous un renforcement pour me cacher des volants. Jetant un coup d’œil approbateur dans ma direction, il m'annonça qu'il allait juste faire un tour dans les environs pour s'assurer de l'absence d'ennemis. Je le laissai faire en déglutissant pour réhydrater ma gorge sèche.

Je le suivis du regard tandis qu'il se déplaçait avec prudence et tournait au coin de la rue. Pour ma part, alors que mon rythme cardiaque redevenait plus sain, je reportai ma vue sur le vide, en face de moi. Ce n'était pas la première fois que des soldats débarquaient pendant l'un de nos discours. Des militaires à la solde de la violette, désorganisés et certains souvent un peu ivres, typiques de ceux qui sillonnaient Dystopia. Ils étaient simples à repousser, n'importe qui d'un peu hargneux avec un bâton leur tapait la nuque et voila, bye bye les vilains. La dirigeante n'équipait pas correctement ses troupes, la majorité du budget étant allouée à la recherche. L'armée n'était pas entraînée, à peine entretenue, toutes les racailles pouvaient l'intégrer. D'ailleurs, nous comptions même quelques soldats parmi nos fidèles les plus sûrs. Mais un détachement solariste, c'était une autre histoire. Célestia était réputée pour sa discipline stricte, faisant des ses troupes un groupe organisé et efficace.

Célestia...

Stricte, sévère, mais juste. Un dirigeante prônant la justice et la loyauté. Un jument à l'écoute du peuple, même si elle avait une relation avec lui plus distante que sa sœur.

Telle était l'image de ma reine, que mon éducation noble m'avait transmise, et celle que j'avais gardé précieusement.

Telle était l'image qui s'était fissurée durant ces dernières années, alors que l'Empire du Soleil ignorait copieusement l'appel au secours du peuple magique, refusant de reconnaître ses erreurs.

Telle était l'image qui venait de voler en éclat, tandis que la prêtresse solaire venait juste d'afficher son soutien direct envers celle que nous considérions comme une enfant aveugle incapable de régner.

Ma gorge était nouée à cette idée, mais j'étais à présent remise de ma course frénétique. Et je commençais à m'inquiéter du non-retour du terrestre. Me redressant, je sortis de mon abri et commençai à suivre ses pas, tournant à l'angle et avançant sans trop savoir où j'allais. La rue était déserte et calme, le temps était lourd et le vent ne soufflait pas. J'entendis un vague bruit vers ma gauche et je partis dans cette direction. Arme? Voix? Impossible à définir. Quand je pus, je pris un virage qui m'approcha de la source du son. Une discussion. Dont je reconnaissais une voix. Non, deux voix.

Je me figeai. Pourquoi? Pourquoi, entre tous, celui-ci? Savait-il?


Je restai parfaitement immobile, choquée, tandis que le ton montait et qu'une troisième voix menaçante mais inconnue renchérit quelque chose. Non, je ne pouvais pas laisser Wood là. Seul, il n'avait aucune chance. Surtout contre deux. Même à deux, nos chances étaient faibles. Trop faibles. Non, le jeu n'était pas terminé. Il restait une chance. Infime, mais une chance quand même. À nous de voir qui le destin choisirait. Je n'étais pas adepte de cette notion, mais à cet instant, elle me semblait de loin l'unique capable de définir ce qui allait arriver.

Me préparant mentalement à accomplir un exploit de contrôle de moi-même, je fis quelques pas et me retrouvai quelques mètres derrière une robuste licorne bleue et face à un grand griffons gris et brun, les deux en armure d'or et encadrant Wood, de profil pour les surveiller tous deux. Personne ne faisait attention à ma présence et en temps normal, j'en aurais bien profité, mais là... Je notais que malgré l'arme sortie du terrestre, aucun échange de coups n'était engagé et que les deux gradés tentaient "simplement" de l'arrêter.

J'ignorai leur discussion, figeant mon regard sur l'une des deux lames du bleu. La première était assez simple bien que jolie, en croix, la garde en or, affichant un sceau familier et la garde légèrement courbée, le tout gravé et sertit de diverses gemmes. Et l'autre, qui attirait mon attention, était aussi d'or ornée, mais la garde était divisée en plusieurs pointes, rappelant les rayons du soleil et sur un côté, une belles branche de garde rejoignait le pommeau. Une arme remarquable. Ma plus belle œuvre. Déglutissant une dernière fois, je m'approchai à pas de loup de l'altercation et d'un coup sec, ma magie rouge dégaina rapidement cette dernière et l'amena sous mon regard. Ne pas céder à la magie bleue avait demandé de ma part un certain effort, mais il était nécessaire face à quelqu'un qui savait la décrypter.

Le mâle fit volte-face à la seconde où il se rendit compte que l'une de ses épées se faisait dérober, et sa magie blanche se mélangea à la mienne pour reprendre le contrôle de la création. Je tentai un instant de résister à la force contraire, mais j'abandonnai rapidement. Il avait passé sa vie à renforcer la puissance de sa lévitation, qui étais-je à côté de lui? Son regard unique se focalisa sur moi, l’œil borgne caché par son casque. Notre duel visuel ne dura quelques secondes, avant que je ne dise d'une voix calme, apparemment dénuée de peur:

"C'est une belle lame. Vous l'entretenez bien."

Il ne répondit rien, me fixant en plissant l’œil, alors que mon leader me regardait derrière lui, sans que je puisse savoir s'il était soulagé, inquiet, ou quoi que ce soit d'autre. Le griffon s'ébroua finalement, sortant des feuilles d'un sac, jetant un rapide coup d’œil dessus, avant d'appeler la licorne:

"Commandant! C'est elle, l'une des Cinq!"

Le Commandant ne répondit pas, crispé, dégainant très lentement sa seconde lame tandis que je faisais de même. Il n'adressa qu'un soupir à son subordonné.

Me reconnaissait-il? Doutait-il? J'avais bien changé en trois ans. Quand j'avais quitté le Solar Empire, j'étais une femelle pleine de rêves d’ingénieure, une pouliche d'un blanc pure et à la longue crinière entretenue, avec une patte mécanique et une peau dépourvue de cicatrice. Dans ma position actuelle, il n'avait pas encore pu voir ma Cutie Mark, preuve de mon identité. Je me mis en garde, ma magie levant mon arme tandis que les deux siennes se croisaient. Je reconnaissais parfaitement son style. Ce poney était un expert, un bretteur de génie pratiquement invincible. Son compagnon dit d'une voix impassible:

"Rendez-vous."

Ce à quoi je répondis, sur le même ton:

"Je refuse."

Aussitôt, Wood se jeta sur le griffon, l'empêchant d'intervenir. Il devait lui aussi avoir conscience que cet affrontement était perdu d'avance. Peut-être un espoir vain de gagner du temps ou d'affaiblir l'ennemi, peut-être attendait-il des renforts? Peut-être avait-il deviné, et qu'il voulais empêcher l'autre soldat d'intervenir dans nos retrouvailles? Tout ceci était globalement improbable, mais ce type avait le don de nous donner de curieuses surprises.

Mon regard se figea dans l'oeil unique de celui qui n'avait aucune chance de perdre cet affrontement. Nous étions immobiles, la tension montant au rythme des grésillements de notre magie.

Et il chargea.


Certaines personnes comparent l'escrime à une danse. Et chez le général solariste, cette comparaison était flagrante. Ses deux lames dansaient autour de moi, formant une chorégraphie terrifiante que je peinai à parer. L'échange de coups en était à peine un. En quelques instants, il m'avait déjà immobilisée entre les deux danseuses de ce ballet infernal.

Plus humiliant encore: je l'avais déjà vu combattre ou s'entraîner, et il n'était d'habitude pas immobile. Il feintait, bougeait, sautait, courait tout en faisant tournoyer ses deux lames. Il ne restait pas, comme maintenant, totalement figé à fixer son adversaire... non, sa victime, prise sous une pluie inlassable de coups.

Profitant d'un espace dans le schéma répétitif de ce bal, je réussis à m'en extirper, parant l'épée familiale et faisant glisser sa compagne le long de ma lame. Je bondis en arrière et enchaînai quelques pas sautés pour rejoindre l'intersection, me laissant plus d'espace de manœuvre.

Ignorant la sueur qui parsemait ma nuque, j'observais le regard imperturbable de la licorne s'approcher. Il releva ses deux armes, optant pour une garde différente, plus défensive. Avec une faille au niveau de sa patte droite, en prenant son œil borgne en compte.

L'occasion était inespérée, je me jetai dessus, la pointe vers ma cible.

La pointe vers le piège.

D'une feinte aussi élégante que rageante, son fer percuta le mien avec tant de force que je perdis mon emprise magique dessus, et qu'il volait au loin, rebondissant sur un mur et retombant à quelques mètres de moi. J'affrontai de nouveau son regard, miroir du mien. J'avais l'impression d'entendre une voix dans ma tête qui me réprimandait.

Zenith, cette tactique était triviale, je suis déçu que vous ne l'ayez point perçue.

Refoulant mes souvenirs, je fis voler ma rapière jusqu'entre nous deux et repris ma garde, tandis que lui-même reformait la sienne, identique et toujours immobile. Mes yeux parcouraient son corps, son armure rutilante. Une idée me vint. Pliant un peu mes pattes pour me donner de l'élan, je le chargeai de nouveau, vers sa gauche cette fois-ci. Et au dernier moment, alors que ses épées se mettaient en travers de ma route, je décalai la mienne vers son côté aveugle et je me baissai pour esquiver le tranchant meurtrier de son barrage. Il se contenta de décaler la patte.

Il s'agit certes d'un début, mais guère de quoi impressionner un bretteur aguerri.

Tais-toi. Je fis une roulade pour éviter une éventuelle contre-attaque qui ne vint pas, ramenant ma création à mes côtés, et il se tourna lentement, pour se mettre de nouveau face à moi. Il entreprit de reprendre cette frustrante garde mais changea d'avis, passant de nouveau dans une position agressive. Je lui répondis en adoptant une pose légèrement de biais, la lame en diagonale.

Votre patte arrière est bien trop exposée.

Chut. Je la reculai légèrement vers l'arrière.

Votre épaule.

Silence. Je modifiai l’inclinaison du tranchant

Votre flanc.

La ferme. Je pliai légèrement la patte, prête à sauter pour esquiver.

Faites attention à votre regard, il est trop expressif.

Pourquoi ne passait-il pas à l'attaque? Mes dents étaient serrées, dans l'attente d'un coup qui ne venait p-

Le spectacle lumineux avait repris, et les deux danseuses étaient de retour sur scène, me frôlant, m'imposant des miracles de techniques pour les dévier et les éviter. L'une d'elle égratigna mon dos, l'autre entailla mon écharpe. J'étais épuisée, et cette danse mortelle se faisait de plus en plus insistante.

Si vous ne pouvez parer deux lames opposées, il faut savoir les esquiver.

Mais ta gueule! Pourquoi ces foutus souvenirs me perturbaient comme ça?

...

Pourquoi me laissait-il le temps de souffler et de reformer ma garde? Pourquoi n'avait-il pas l'air de faire le moindre effort? Pourquoi était-il aussi concentré sur moi, s'il était aussi simple de me tenir en respect?

Pourquoi avais-je l'impression que mon père menait cet échange non pas comme une arrestation, mais comme un entraînement, un match didactique, comme à l'époque précédant mon accident?

Pourquoi est-ce que j'arrivais à lire des sentiments dans son regard?

J'entendis vaguement une voix au loin, celle du griffon, mais je ne compris pas ce qu'elle dit. J’entraperçus uniquement la mâchoire de mon adversaire se serrer. Un choc sourd percuta ma nuque.

Tout fut noir.


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MessageSujet: Re: [Concours - 2] Fight for your convictions, Fight for yourself   [Concours - 2] Fight for your convictions, Fight for yourself EmptyVen 26 Juin - 13:40



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Chapitre 4

Jugement

La première sensation qui me fit revenir à moi fut la douleur. Un atroce mal de crâne qui me condamnait à un déplacement mesuré. La seconde fut le contact du sol froid et pierreux. Il y avait heureusement peu de lumière quand j'ouvris les yeux et alors que je me relevais très doucement, j'entendis plus ou moins distinctement Wood:

"De retour parmi les vivants, Zenith?"

Ma langue était pâteuse, mais je parvins à demander avec hésitation:

"On... est où?"

Un rire calme jaillit de sa gorge et il répondit alors que je me tournais vers lui, paupières papillonnantes:

"Bah à la maison, comme d'hab'! Où d'autre?"

Une vague de soulagement me parcourut. Un rêve. Un putain de foutu cauchemar. Dieu mer-

"Nan, je déconne, on est en taule."

Un putain d'espoir qui s'effondre. J'étais à présent parfaitement réveillée et lui lançai un regard amer, lui communiquant tout le dégoût que j'éprouvais pour cette "blague". Un ricanement jaune répondit à ma réaction et il lâcha d'une voix lasse:

"Ouais, pardon, c'était pas drôle. C'est juste que quitte à être dans une situation de merde..."

Il soupira, et je fis de même. Je jetai un œil autour de moi: nous étions tous deux dans une petite cellule neuve, typique de Magic Kingdom. Murs, sol et plafond de pierre, aucune fenêtre, une grille en acier et une serrure bien trop compliqué pour que nous puissions la crocheter facilement. C'est vrai que là, en terme de situation de merde, on se posait bien. Des bruits de pas interrompaient notre silence à intervalles réguliers, au rythme des tours de gardes.

Car oui, le silence était omniprésent. On était seuls dans cette prison, ou tout le monde était dépressif? J'en venais à me concentrer sur chaque son de respiration et à essayer d'entendre les battements de mon cœur pour m'occuper, cette endroit allait me rendre folle. Nous ne discutions pas, chacun plongé dans son propre esprit.

Pour ma part, j'étais confuse, et je n'arrivais pas à réfléchir correctement. Je pensais à la réaction de Père durant notre affrontement. Il m'avait clairement reconnue, c'était indéniable, mais il m'avait tant appris que la loyauté devait surpasser tout le reste, je n'aurais pas cru un instant qu'il hésiterait à s'attaquer à moi... Car oui, je le connaissais, s'il y était allé à fond, il m'aurait assommée en deux coups. Un seul peut-être. Cet échange de coup, je l'avais reçu comme un apprentissage implicite silencieux. Il m'avait donné un cours d'escrime, tandis que je me battais pour ma vie.

Était-ce car j'étais sa seule héritière? Il aurait hésité à attaqué son propre sang, opposant sa loyauté nationale à sa loyauté familiale? Était-ce car il voulait profiter un peu de ce rêve de voir son enfant finalement suivre ses pas? Était-ce car il commençait à douter de ses convictions? Non, c'était absurde, il était bien trop convaincu pour être détourné de sa voie maintenant. Était-ce car j'étais une femelle? Lui avais-je rappelé cette Paladine de sa jeunesse? Il ne m'avait jamais personnellement raconté cette histoire, mais l'un de mes oncles l'avait fait pour lui. Son amante qu'il avait tuée durant une ancienne campagne contre Chrysalis, alors qu'il pensait affronter un ennemi. Je n'imaginais pas qu'Elios Dawnblade puisse être traumatisé par quoi que ce soit, il me semblait tellement dur, possédant un contrôle total de lui-même... Il ne m'avait pas vue depuis plusieurs années, je ne comprenais pas qu'il puisse laisser ses sentiments reprendre le dessus sur lui. J'avais toujours considéré qu'il m'appréciait courtoisement, en tant que membres de la même famille, mais sans plus. Je n'avais jamais envisagé qu'il puisse m'aimer comme n'importe quel père du peuple pouvait aimer sa fille.

On passa deux jours dans cette geôle, au rythme d'un unique repas plutôt frugal chaque midi, autant dire qu'on ne se remit pas vraiment. Wood m'avait raconté son affrontement contre le griffon. Habitué à s'entraîner avec Geral, il s'en était plutôt bien sortit et avait maintenu une certaine égalité, jusqu'à ce que le commandant ne vienne et le mette rapidement K.O. . Je n'osais pas lui dire qu'il m'avait totalement dominé, et que rien de ce que j'avais pu faire n'aurait changé la donne. Il ne me connaissait pas aussi défaitiste, et ce n'était pas une image que je voulais donner de moi.

Finalement, l'une des patrouilles de garde, plus nombreuse que d'habitude, s'arrêta devant notre porte. En tête, le griffon, côtoyé par le général solariste et par les gardes magiques habituels. Ainsi le Solar Empire et le Magic Kingdom avaient bel et bien formé une alliance suffisamment forte pour prêter des gradés militaires. J'étais dégoûtée, mais je ne laissais rien paraître, gardant comme mon Père une expression neutre, et tentant de rester droite malgré ma faiblesse. L'autre solariste fit d'une voix forte:

"Lors de votre procès, vous avez tous deux été reconnus coupables de rébellion, de tentative de coup d'état, d'attentat, de vol, de meurtre, de manipulation des esprits, de propagande, et de tentative de meurtre à l'égard de hauts dignitaires, et en particulier de son Altesse Royale, la Princesse Twilight Sparkle. La sentence a été décidée, et sera rendue demain après-midi, à quinze heures. En attendant, vous serez transféré."

Deux soldats pénétrèrent la salle et nous menottèrent fermement, mon camarade et moi, avant de nous encadrer et de nous mener dans le couloir. "Procès". Ce simple mot me faisait presque rire. Comment deux jours auraient-ils suffit à prouver tant d'accusations, et sans même la présence des personnes incriminées? Je ne sais pas si on avait eut le moindre avocat, mais j'étais persuadée que même moi aurait été plus efficace. D'autant plus que la moitié des facteurs d'accusation me semblaient faux, involontaires, indirects voir carrément déplacés. Nous n'avions pas attenté à la vie de nobles, car nous ne pouvions pas, même si la tentation était là. Nous visions les infrastructures pour immobiliser le pays, et si nous avions tué qui que ce soit, ce n'était pas volontairement. Et pour ce pays, accuser quelqu'un de manipulation et de propagande était assez ironique.

Mais je ne relevai pas, ne voulant pas attirer l'attention plus que nécessaire. Je regardais devant moi, fixant le vide au niveau de la croupe du griffon, suivie par le leader, alors que nous parcourions les couloirs. La plupart des prisons étaient vides. Police peu efficace, ou peine capitale régulière? Difficile de trancher entre deux possibilités aussi probables l'une que l'autre. On nous fit difficilement gravir des escaliers, à causes de nos chaînes, débouchant sur deux cellules aussi grande que celle ou nous étions la première fois. À la différence près que nous avions un point d'eau, un matelas et une lucarne. Que de luxe.

On nous sépara, retirant nos entraves, nous jetant chacun dans une cellule différente et refermant à clef. Et ils repartirent dans le silence, nous laissant de nouveau seuls. Après un instant à profiter de l'air, je dis comme pour moi-même:

"Rendre la sentence, hein..."

"Qui sait, peut-être qu'il ne s'agira que d'excuses publiques" rebondit mon ami, "Après tout, on a encore une nuit pour en rêver..."

Je marmonnai un "mouais" hésitant entre l'amusement désespéré et l'amertume. Soupirant, je retirai lentement ma fidèle écharpe et la déposai sur mon lit, m'approchant du robinet. Je l'ouvris, laissant couler l'eau, et commençai à passer mes sabots dessous, frottant la crasse qui s'y était accumulée. Après dix minutes d'essuyage intensif, ma couleur naturelle commença à pointer le bout de son nez. D'un ton ironique, je lâchai un:

"C'est n'importe quoi ici, il y a même pas de savon. Je me plaindrai au responsable."

J'entendis Wood souffler d'amusement derrière moi, avant qu'il ne me demande:

"Pourquoi tu te laves?"

"Ça peut paraître débile"
répondis-je, "Mais je pense qu'ils vont nous exécuter devant la foule demain, il ont choisit une heure d'affluence, il veulent donner un exemple. Et je ne veux pas paraître comme une victime, je veux pas que nos partisans soient retenus par le désespoir. Si on meurt en martyr, le mouvement ne s'arrêtera pas, et rejaillira de plus belle."

"C'est optimiste."

"Franchement, c'est le seul truc restant où je peux l'être."

"Mouais..."


Le silence se réinstalla, tandis que je continuais ma toilette, utilisant mon foulard pour me nettoyer, comptant sur le temps pour sécher. Quand j'en eut fini avec mon corps, passant vaguement mon sabot dans ma crinière, j'entrepris de nettoyer le tissu. Chaque fois que je l'essorais, une eau crasseuse et grisâtre en tombait. Je remplis la vasque d'eau et le laissa tremper dedans, sous un grillage fin légèrement sur-élevé, dont l'objectif était sans doute d'empêcher les tentative de suicide par noyade. Après un long silence, Wood demanda d'une voix lasse que je ne lui entendais que très rarement:

"T'as pas un truc à dire, un dernier petit secret ou mensonge à avouer? Quitte à crever demain..."

Il était vraiment au bout du rouleau, et je pouvais difficilement lui en vouloir. J'accédai donc à sa demande:

"Ah ça, des trucs à avouer... J'en ait une sacré flopée."

"Vas-y, raconte."
lâcha-t-il.

"Déjà, je suis née noble. Les Dawnblade, une famille solariste. Mais je pense que je dois être désavouée maintenant. Je doute franchement qu'ils en parlent pour l’exécution, mais fallait bien que je le dise à quelqu'un."

"Ça m'étonne pas, tu parlais bizarrement au début quand même. Je serais même pas surpris que Moon ait deviné direct"
ricana-t-il, "Mais comment t'en es arrivée là?"

"C'est une histoire assez longue."

"T'inquiète, là, on a vraiment tout notre temps."


Souriant, je lui racontai tout. Ma passion pour le forgeage, passant en coup de vent sur l'épisode de ma patte pour m'arrêter sur mon changement d'allégeance, et les années qui en suivirent, jusqu'à ma fuite par les égouts. Il faisait parfois des petits commentaires, preuve que l'histoire l'intéressait, riant les quelques fois où je tournais l'histoire en dérision. Ça me faisait du bien de lâcher ça et de voir qu'il le prenait bien. J'avais peur qu'il ne le reçoive comme une forme de trahison, qu'il s'agisse de mon ancien statut ou d'avoir menti pour le cacher. Après avoir fini, je lui demandai à mon tour:

"Et toi? Tu vas enfin me dire quand est-ce que tu as perdu cette foutue oreille? Et va pas me dire que c'est un loup qui l'a bouffée, cette blessure est typique d'un lame."

"T'as été honnête, alors je vais l'être aussi!"
fit-il, "Et à vrai dire, j'en ai pas la moindre idée."

"Comment ça?"

"Je suis totalement amnésique, aucun souvenir d'il y a plus de cinq ans, et cette blessure date d'avant. L'autre Batpony le sait, et il n'a aucune explication viable. C'est lui et Clo qui m'ont trouvé dans un bois et ramené à la Lunar Republic."
lâcha-t-il gravement.

"Wow, je pensais pas que... wow. Mais pourquoi tu n'as rien dis, c'est pas si grave, si?"

Il soupira un peu, se redressant contre le mur où il était assis, avant de s'expliquer:

"Ça m'aurait donné envie de savoir ce qu'il s'était passé avant. Et je ne veux pas découvrir quelque chose qui me ferait mal. Cette perte de mémoire a peut-être aussi changé ma personnalité, et je veux pas découvrir que je suis un espion changeling, un assassin pledgien ou tout autre fou échappé d'Eternal Chaos. J'y ai pas mal réfléchis, peut-être que j'ai une famille qui m'attends quelque part, mais honnêtement, personne ne me manque, et débarquer dans mon état rendrait juste tout le monde mal à l'aise. C'est peut-être égoïste, mais j'aime... enfin, j'aimais bien cette nouvelle vie. C'est mieux comme ça."

"Eh beh..."

"Voila..."


Un silence lourd s'installa de nouveau. Je retournai auprès de mon écharpe, l'essorant une dernière fois et l'accrochant à la grille pour la laisser s'égoutter. La nuit commençait à tomber, et nous finîmes par nous coucher. Sans savoir si nous voulions davantage profiter de notre dernière soirée ou de notre dernière nuit.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Je ne me souvenais plus quels cauchemars m'avaient assailli pendant la nuit, et après un repas à peine moins frugal que les précédents, nous passâmes nos dernières heures en silence, regardant le néant et l'esprit vide.

Que faire quand on est à quelques heures de la mort? À quoi penser? De toutes manières, toutes nos idées et réflexions allaient totalement disparaître. Peut-on vraiment "profiter de la vie" dans ces conditions?

J'avais peur, je sentais mon cœur battre contre ma poitrine, et je luttais contre les larmes.

Je ne voulais pas mourir.

Telle était la pensée qui occupait le plus gros de mon esprit.

Il n'y a pas de belle mort. Quand on sent que la faucheuse va nous saisir, tout ce que l'on espère, c'est qu'elle aura finalement pitié de nous. Le seul intérêt de la mort au front, c'est que l'adrénaline nous empêche d'y penser. Ce n'est pas une belle mort. On ne peut pas avoir une belle mort alors que l'on n'a même pas trente ans.

Les soldats qui vinrent nous chercher étaient différents, mais les deux solaristes étaient les mêmes. Je tentais d'empêcher mes pattes de trembler alors qu'on y passait des menottes, je tentais d'empêcher mes larmes de couler, tandis que je croisais le regard de mon père. J'y réussis plus ou moins. Ma plus grande crainte était de fondre en larmes devant la foule. S'il y avait une dernière chose que je voulais faire dans cette vie, c'était de paraître fière face au peuple. Ma tenue lors de ma mort était l'unique choix qu'il me restait, et en accord avec mes convictions, elle devait être digne.

Nous marchâmes un moment, parcourant couloirs et escaliers, dans un silence terriblement lourd. Le son des chocs d'armures m'était presque douloureux. Après un moment, nous atteignîmes finalement l'air extérieur. J'emplis difficilement mes poumons, tentant d'y prendre du délice. Sans succès. Ma gorge était bien trop nouée pour ça. Je serrais les dent en voyant un énième escalier face à nous. Un escalier de bois, menant à un promontoire. Les murmures d'une foule silencieuse nous parvenaient. La tension était telle que je sentais mon pelage hérissé sur tout mon corps.

Nous gravîmes lentement les paliers, accompagnés par leurs grincements. C'était horriblement long.
Je ne voulais pas mourir.

Arrivés en haut, la vue qui s'offrit à nous était à couper le souffle. Je ne m'attendais pas à une telle foule. L'estrade surplombait une gigantesque place d'Utopia, en face du palais de l'alicorne, et la place comme les toits étaient noirs de monde. Et seuls des chuchotements circulaient. Et ils s'éteignirent tandis que nous apparaissions et qu'on nous attachait aux endroits prévus. Mon regard se perdit dans la foule, sans savoir ce que j'y cherchais. Une indication que tout allait bien se passer, un soutien, un visage familier peut-être?

Je n'arrivais pas à réfléchir.

Une chaîne attacha nos menottes à l'estrade, mais je m'en rendis à peine compte. Les chuchotements me faisaient peur, les bruits de pas me faisaient peur, le vent me faisait peur, le silence me faisait peur, la hauteur me faisait peur, ces regards me faisaient peur, le contact du métal contre mes sabots me faisait peur, le vide dans mon esprit me faisait peur.

J'étais proprement terrifiée. Je suis proprement terrifiée.

Je relève vaguement le regard vers mon camarade qui lève à son tour la tête. La vue de ses yeux me redonne un semblant de courage, et je me redresse très légèrement, fixant l'horizon, le néant. Je ne sais pas si je veux que les trois autres soient présent. Ils me manquent terriblement, mais si Clo me voyait comme ça, elle serait dévastée.

J'entends le discours d'un gradé de l'armée magique sans l'écouter. Il parle de notre rébellion comme de terrorisme, de centaines de morts, d'une terreur omniprésente. Il parle d'une atteinte à la liberté et au développement du pays. Il parle de notre folie, et de révélations stupéfiantes. Il nous transforme en malfrats manipulateurs, prêts à tout pour assouvir nos désirs de domination. Il remercie le Solar Empire de l'avoir soutenu dans cette lutte contre un ennemi aussi cruel. Je ne dois pas me laisser abattre. Ceux de Dystopia connaissent la vérité, et elle finira par se propager.

Ils sont encore trois à pouvoir mener notre cause.

Le magique se recule, j'entends les deux solaristes s'avancer. Du coin de l’œil, je vois le griffon derrière Wood. Je serre les dents, tentant de maintenir mon immobilisme, de refouler mes tremblements.

Un chuintement métallique m'indique que mon père dégaine derrière moi. Quelle lame? Je n'en sais rien, probablement l'épée familiale. Il n'apprécierait sûrement pas l'ironie de voir une lame tachée par le sang de sa créatrice.

Mes oreilles sifflent. D'une première indication incompréhensible, les deux soldats de Célestia approchent les fers. Je sens le frôlement froid de la mort sur mon dos.


J'ai terriblement froid, et je me force à maintenir les yeux ouverts.

Un murmure commence à traverser la foule. La tension est palpable. Le temps semble aller au ralenti.

Je ne veux pas mourir.

Puis un cri, et un pégase qui s'envole. Une pégase. Clo, qui crie mon nom. Mes pupilles s’écarquillent, tandis que je la vois foncer du toit de l'un des immeubles. Je la fixe avec tout l'espoir du monde. Je ne distingue pas encore son visage. Je ne fais pas attention aux cris qui s'élèvent de la foule, aux mouvements des gardes. Je ne fais pas attention au contact froid qui s'intensifie, avant de traverser ma cage thoracique et mon cœur.

Ma respiration s'interrompe brusquement, mes poumons semblent bloqués. Un goût métallique monte de ma gorge. J'arrive à peine à tousser, ce qui ne sert qu'à envahir ma bouche de sang. Clo s'approche en hurlant mon nom. Du moins il me semble? Un long sifflement occupe mes oreilles. Je ne distingue plus les immeubles au loin, ils ne mélangent dans un brouillard flou.

Je sens un liquide chaud commencer à couler tout doucement de mes lèvres. Pourquoi mets-tu tant de temps à venir, Clo? J'ai besoin de toi... Non. Non, ne viens pas, ils vont t'attraper aussi! Fuis! Pars! Vole loin! Il ne faut pas que vous autres mourriez aussi bêtement!

Je réunis mes ultimes forces dans ma corne et active le peu de magie qu'il me reste. Un halo d'un bleu pâle et instable s'empare de mon foulard, le détachant difficilement. Je tente de le faire léviter lentement jusqu'à elle. Elle est si loin...

Les gardes ne m'interrompent pas, trop occupés à refouler le semblant d'émeute qui s'est formé lorsque des gardes ont fait mine de vouloir stopper la femelle. J'entends vaguement des archers bander leurs arcs. Je ne me rends pas compte de ce que ça implique, je continue de fixer la tache bleue qui pique vers moi et à faire léviter mon foulard rouge. La transpiration recouvre mon corps, le sang coule de mon buste et de ma bouche, les larmes s'échappent de mes yeux.

Je vois des silhouettes en armure s'élever face à moi. Je veux crier à Clo de fuir, mais aucun son de jaillit de ma gorge.

Un éclair blanc apparaît et tranche le paysage, s'élançant vers le ciel. Geral, d'un puissant battement d'ailes, fonce sur son amie, l'attrape entre ses pattes, saisissant le tissu rouge de sa queue, et disparaît dans les nuages.

Un sourire se dessine sur mes lèvres. Le sifflement de mes oreilles est omniprésent. Ma vision se transforme en une petite palette de gris. Je suffoque. Je sens le métal glisser doucement hors de mon corps. Je n'ai pas mal. Je souffre le martyr. Je ne sais pas. Je ne sais plus.

Je m'effondre sur le bois. Ma corne cogne le sol. Ai-je mal? Me reste-t-il au moins un sens de perception? Je ne sais pas.

Si.

Alors qu'un lointain, très lointain brouhaha résonne, je distingue un sabot gris-bleu, à travers les interstices d'une armure gris-or. Je sens un sabot fermer mes paupières.

Je sens un sabot essuyer mes larmes.

Je sens le contact d'un museau sur mon front.

Je sens une goutte tomber sur mon visage et dévaler ma joue jusqu'à ma bouche, pour y déverser un goût salé.

Je sens...

Je ne sens plus rien.

Spoiler:



Fin



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Zenith Dawnblade
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