Feinte amitié. [PV Shadow Lie]

Il est aux alentours de quatorze heures.
Aux Bads Lands, les rues sont bruyantes, des enfants crient, des marchands et leurs clients se menacent, des passants se faufilent. La ville est animée, à son habitude. Du soir au matin, du matin au soir, les activités ne se terminent jamais, et c'est ce qui rend la ville attachante ; Ces imbéciles d'illuminés, dans les autres royaumes, disent ne pas la supporter. Cette ville est en même temps l'incarnation de la vie et de la mort, et c'est ce que j'aime chez elle. Pourquoi s'en dégoûter, c'est tellement mieux que ces rues silencieuses et lentes du Royaume de l'Amour...

Par habitude, je me dirige dans un de mes endroits fétiches : Le Bar Bhappäp'A, dans lequel je peux me trouver des amis violents, tout comme des poneys emplis de bonne volonté, mes victimes préférées.
J'en ai d'ailleurs repéré quelques uns il y a peu ; Un poney blanc qui semble vouloir aider tout le monde (avec un chapeau haut de forme qui attise la confiance), un autre tout aussi blanc, qui ne dit pas grand chose si ce ne sont des politesses, et le stagiaire du bar. Je me suis déjà amusé à les aborder, voir le fond de leur pensées ; Je sens que je vais me plaire à les "embêter", ou bien les lancer dans une bataille de bar.

Je commande une bière au stagiaire, puis je vais m'asseoir dans un coin, à une table. Qui ne tarde pas à être renversée.
Une petite querelle venait de se déclencher entre deux poneys. Saisissant l'occasion, je fouille dans mon sac, et en sort une gourdin -Ce matin, j'ai décidé d'emmener un gourdin et un martinet avec moi- que je tiens fermement dans la gueule.
Je me présente devant les deux intéressés qui, s'interrompant, détournent les yeux.

- Mais queschchqui vous prend ?

Ma menace n'est pas très crédible, déformée par le bâton que je serre entre mes dents. Toujours est-il que, manque de chance, l'un des deux poneys profite de l'instant pour s'enfuir, et l'autre le poursuit.
Je ne sais pas vraiment si j'ai fait de l'effet ou si le fugitif a profité de la scène, mais le plus dommage, c'est que j'ai raté une bataille avec effet boule de neige de peu.

Je retourne à ma place, remet la table, et attend. D'autres événements vont bien se produire, pendant que je savourerai ma boisson !

Les Bads Lands. Je n'aime pas cette endroit. Trop de monde, trop vieille ville, trop proche de l'influence de Sombra, bref, une ambiance des plus désagréable. Certaines personnes aiment bien, et j'avoue que les dédales de ruelles sans fin ne sont pas sans me déplaire, mais je ne suis pas fan de cet endroit. Personnellement, je vis a Brisk. Des gens plus influençables et moins méfiants, c'est tout de même plus pratique. D'un côté, vaut mieux ça que les Terres grouillantes et sans aucun élégance des Changelings ou les Terres parfaites de Discord.

Pourquoi suis-je a la capitale alors ? Des affaires plus ou moins importantes. Concernant de dangereux livres de magie, une vente de drogues diverses et variées, et la nécessité de voir les quelques amis que j'avais au Bads Lands. Avec un soupir, je m'approche du bar Bhappäp'A, coin particulièrement réputé pour ses clients violents et ses comas éthyliques. Bref. Je pousse la porte. Enfin, c'est ce que j'avais dans l'idée de faire, quand deux types sortes violemment du bâtiment, manque de me bousculer et s'enfonce en braillant dans les méandres de la ville. Bonne chance au poursuivant, rattraper quelqu'un ici n'est pas chose aisée. J'entre dans la salle. Poussiéreuse, avec une ambiance tamisée, la salle est noire de monde. Esquivant habillement chaise, table, et alcooliques au sol, je me dirige vers le comptoir, commande une bière et m'installe dans un coin reculé de la salle. Ce n'est pas le meilleurs endroit des Terres Sombres, mais j'ai besoin de me reposer un peu. Dans deux heures, j'avais un rendez-vous de prévu, et je voulais être psychologiquement prêt pour ça. Je prend une gorgée de boisson et analyse l'endroit, a la recherche d'un quelconque visage connu.

Repéré.

Le poney blanc charitable vient de se pointer à l'entrée du Bar, peu après que les deux autres se sont enfuis. Je le suis du regard alors qu'il va demander une bière, puis s'assoit dans un endroit sombre.

Ni une, ni deux, je me dirige vers lui, un grand sourire. Alors que je marche, je tente de me rappeler de son nom ; même si on a discuté quelques fois, j'ai toujours un trou à ce niveau-là.
C'est un truc du genre Shazamlian... Shazowlian...
Tant pis, autant faire une introduction sans citer son nom.

- Hey, salut !

Sans attendre son autorisation, je m'assois à côté. Un poney se relève juste devant la table, puis s'éloigne en titubant. Il trébuche près de la porte et heurte un autre poney. Encore un autre conflit qui se prépare.
Un frisson parcourt mon corps ; Inconsciemment, je manque d'aller les rejoindre. Par réflexe, j'étais prêt à provoquer la bataille, à les menacer et prendre plaisir aux combats.

Mais non. Je préfère me concentrer sur ma victime : Je meurs d'envie de le torturer. Je lance la conversation en "plaisantant" :

- Alors comme ça on boit de la bière.

Qu'il prenne ça comme il le souhaite. Certains poneys sont vexés par de simples phrases. Mais cela ne semble pas être le cas de monsieur, du moins, c'est ce que j'en ai déduit depuis qu'on s'est vus. Aucune grimace, un sourire permanent, confiant, à chaque fois que je l'ai abordé. J'espère pouvoir lui arracher son attitude posée, en le torturant, dès que j'en aurai l'occasion.
Je reste donc plus amical qu'autre chose pour pouvoir l'attirer dans ma cage, ma salle de torture.

Je jette un regard morne vers mon interlocuteur. Un terrestre bleu, vaguement gentil dans mes souvenirs. Je me retiens de grimacer in extremis. Ce n'est pas franchement le genre de poney que j'aurais voulu voir. M'enfin, tant pis. Je luis souris amicalement lorsqu'il s'assoit.

-Salut !

Au loin, je vois une bataille de bar qui commence. Intéressant endroit, il faut l'avouer. Si l'autre me colle trop au sabots, il ne sera pas difficile de me débarrasser de lui. Je lui sourit et avale une gorgée de bière.

-Effectivement, je boit de la bière. Et toi aussi je suppose, a moins que tu ne te sente pas de perdre tes moyens aussi rapidement.

C'en est a vomir de niaiseries. Mine de rien, je mérite une médaille, une coupe, une couronne et un royaume pour ça. Ce type ne m'inspire pas du tout, et pourtant je consent a lui parler et a me lier d'amitié avec lui. M'enfin bref, j'ais besoin de me détendre, alors autant en profiter.

-Alors, euh... Suffer, c'est ça ? (l'effort de mémoire est tellement violent que je crois bien que j'ai perdu quelques neurones dans l'histoire)Qu'est-ce que tu fais de beau dans la vie ? De passage a notre accueillante capitale, ou tu vis ici ?

Nous étions partis pour une discussion bien creuse, sans intérêt aucun. Pour noyez mon mécontentement avant qu'il ne soit trop visible, je reprends une gorgée de bière. Allez savoir quelle vie rose bonbon sucrée l'autre allais me sortir ! Une Deuxième gorgée de bière, tiens.

-Suffer, c'est ça ? Qu'est-ce que tu - de beau dans - vie ? De passage a notre accueillante capitale, - tu vis ici ?

Le poney prend une tête amicale, comme s'il m'attendait, et me répond ça. Comme à mon habitude, je n'entends que la moitié des mots, mais je déduis facilement ses paroles.
Je lui dis ce qui me passe par la tête :

- J'vis ici, c'est ça. Pourquoi ? T'es pas du coin toi ?

Voilà, en quelques phrases, la discussion était devenue la plus monotone qui soit, chose qui m'agace au plus haut point. Un sentiment d'inutilité me vient à l'esprit, me tourne autour ; Mais si je veux le faire souffrir, je dois tenir.
Je continue ma réplique du mieux que je peux.

- Tu viens d'une autre ville ? Pourquoi t'es là ?

Pfff. Quel ennui. Je prend mon sac entre mes pattes et mordille son extrémité. Vivement que quelque chose d'intéressant arrive. La bagarre au fond de la taverne m'attirerait bien... Peut-être que ce poney n'est pas si utile finalement. Autant me jeter dans la baston et attaquer les autres ; Mais ils ont l'air tellement mauvais, c'est tellement dans leur nature, au point où il n'y a rien d'intéressant à torturer.
Comment pourrai-je torturer le bienfaiteur ? Comment, au minimum, le lancer dans la bataille ?... Rien ne me vient. Allez, continuons cette discussion sans intérêt.

Vas-y. Mange ton sac quand je te parle, ça va améliorer mon humeur. Et une autre gorgée de bière.

-Nan effectivement. Je viens d'ailleurs.

Déjà fatigué d'une conversation qui de un ne mènera a rien et de deux qui ne me rapportera que dalle, je jette un coup d’œil frustré a la salle. Plutôt grande, basse de plafond, pleine a craquer et recouverte d'un nuage de tabac. L'endroit a son charme tout de même. Au fond, on peut voir un comptoir vaguement propre et la sublime collection de bouteille qui tapisse le mur devant lequel se tient le patron. Je suis tellement peu intéresser par l'autre terrestre que je me met a détaillé la pièce. Bah voyons, c'est tout de même bien triste. C'est alors que je remarque une potentielle cible de divertissement: le stagiaire du bar, d'une démarche maladroite, se dirige vers une table prêt de la porte. Prêt de lui, deux pégases se hurlent dessus, prêts a en venir au mains. Avec un petit sourire, je passe a l'action.
Ma corne émet une minuscule étincelle de magie violette. Ma magie suit un trajet, suffisamment minuscule pour ne pas être vue. Comme une plume portée par le vent, elle se déplace a travers la salle, jouant avec la fumée, esquivant les clients, pour finir sa course sur un bâton. Lequel bâton se déplace d'un tout petit centimètre. Lequel tout petit centimètre est largement suffisant pour faire un croche-pattes au stagiaire, qui s'étale de ton son long. Le plateau qu'il portait, constitué de deux bière fortes et d'un jus de pomme, se répands sur les deux pégases surexcités. Les regards furibond et franchement violent des deux clients fait bégayer le stagiaire.
Je pouffe de rire et avale avec délectation une nouvelle gorgée de bière. Dans quelques instants, ils allaient en venir au mains. Je me débrouillerais pour qu'ils me débarrassent de l'autre imbécile de terrestre bleu, je n'étais pas du tout d'humeur a bavarder de chose utile avec ce type sans compensation a la clef. Je remet mon chapeau correctement en place et attends la réaction de l'autre mariole. Encore un peu de patience, Shad, encore un peu de patience...

Une réponse simple. Pas de suite, pas d'approfondissements. Il l'a voulu comme ça.

Tout ce que je voulais, c'était gagner sa confiance de petit ange. Mais il semble préoccupé par tout, sauf par moi ; Il balance des regards avisés sur la salle, comme s'il s'ennuyait, ou plutôt parce qu'il s'ennuie.

Je ne gagnerai rien aujourd'hui. Je ne gagnerai rien non plus demain. J'en ai marre d'attendre. Je vais le faire souffrir, ce poney, à la fin ?!
Mon regard se porte vers la baston qui a débuté à l'autre bout du Bar Bhappäp'A. Elle m'attire ; Les mouvements brusques m'appellent et les tables volantes me prient de les rejoindre. Je ne sais pas vraiment comment la bataille avait commencé, mais elle s'avérait violente et bien saoulée ; Le moment parfait pour m'y joindre.

Ma patience est à bout, je me lève brusquement, mon corps traversé par des soubresauts traduisant mon irrésistible envie d'action. Je me tourne vers Shazam et ne trouve rien d'autre à expliquer que :

- Merde !

/!\ La suite peut être choquante pour certaines personnes (je crois) /!\

Je renverse la table en sa direction, d'un violent coup de patte, puis je cours vers les poneys se bataillant, enfin libéré. Je sors mon gourdin et me lance dans le combat. J'assomme le poney le plus proche.
Première victime.

Je le piétine violemment, en sale état et à moitié saoul, il cherche de l'air, crachant du sang à moitié.
Le laissant ainsi, je place mon gourdin en plein dans la gueule d'un autre. Il vole, atterrit, puis me fonce dessus, cherche à se défendre. Peu intéressant.
Je me tourne vers l'autre poney... Qui se trouve être le stagiaire. La victime que j'attends depuis longtemps ! Celui-ci a fait de son possible pour éviter les coups, mais sa tête montre déjà quelques dégâts. Saisissant l'occasion, je le plaque au sol, sort ma seconde arme* et le châtie du mieux que possible.
A ce moment, le poney que j'avais envoyé en l'air me percute. Je m'écrase au sol, puis, une idée germant dans ma tête, je me dirige vers le poney au chapeau haut de forme. Autant faire d'une pierre deux coups et d'amener la bagarre vers lui ; Deux de mes proies torturées, quel bonheur ce sera !

*Voir mon premier message.

Bah voyons. Pas commode le terrestre. Il a renversé la table pour le moins violemment. Je soupire et commande une nouvelle bière. J'ai eu le temps de m'écarter, mais je n'ai pas pu sauver ma boisson. Un triste sort que celui d'être répandu et avalé par une carpette de mauvaise qualité. Le patron dépose devant moi une nouvelle chope, remplie a ras-bords de bière fraîche et mousseuse. Alors que je m’apprête a me désaltérer, mon regard tombe négligemment sur la bataille que j'avais consciemment lancé tout a l'heure. Hoquetant de surprise, je manque de m'étouffer. Le terrestre bleue est en pleine bataille, les yeux brillant de cette lumière caractéristique de la folie meurtrière.

-Par Sombra !

Et il se bat bien. Moi qui le prenais pour un stupide terrestre oisif sans amis ! Par les 6 souverains d'Equestria, c'est énorme ! Je repose ma chope, stupéfait par la tournure des événements. C'est... c'est... ça dépasse l'entendement. Quand je le vois se rapprocher de moi en claudiquant, suivi (plus ou moins bien) par un pégase en rogne adepte des charges frontales, je souris. Je te vois venir de très loin, mon petit (c'est juste une expression).

Soudain, le pégase, rassemblant ses dernières forces, tente une puissante charge, droit devant lui. Il fonce donc vers le terrestre... et le dépasse, pour se précipiter vers moi. Je lève les yeux vers lui, puis fais un peu de magie: je murmure un tout petit "Lux" et pointe ma corne vers lui. Une petite particule de lumière blanche lui explose en pleine tête, ne causant d'autre dégâts qu'un douloureux problème oculaire. Ébloui, il est déséquilibré et s'écrase violemment sur la table a côté (inoccupée, un vrai miracle). Je me penche vers le pégase encore sonné et lui murmure:

-ça va ? Rien de cassé ? Je sais qui vous a fait ça: cette licorne là-bas. Oui oui, celle prêt du comptoir, qui nous regarde bizarrement. C'est elle, je vous l'assure ! Vous vous sentez d'aplomb ?

Le pégase se redresse, voit la licorne que je désigne, me lance un regard reconnaissant puis se jette sur sa nouvelle cible en poussant un hurlement des plus débiles et inappropriés. La magie de l'alcool est tout de même toute puissante. Bref. Je me rassois tranquillement a ma table.
J'aimerais bien reparler au terrestre. Son style de combat est pour le moins intéressant, et si je peux en faire un dévoué garde du corps sans qu'il me tue entre-temps, ça me remplirais une bonne journée. Je le cherche des yeux: il n'a quand même pas pût partir loin ![/color]

Le bourrin fonce vers le poney escompté, et au dernier moment, un flash de lumière illumine l'endroit. Regardant la scène avec un grand intérêt, je suis l'un des premiers aveuglés. Je vacille et déambule comme je peux dans la salle, sans rien voir, percutant quelques tables.
Quand mes yeux reprennent leur droit, je suis dos à la scène, et quelle n'est pas ma surprise en me retournant de voir le poney blanc intact, alors que l'autre se dirige avec une haine prononcée vers le barman. Barman qui s'empresse de se jeter dans la cuisine pour éviter tout dégât corporel.

Agacé, je me rends compte que le poney à chapeau haut de forme n'est pas celui que je croyais. Je ne sais pas vraiment ce qu'il est, mage, chanceux ou fantôme, toujours est-il qu'il est chiant à ne recevoir aucun dégât. Peut-être est-il plutôt intéressant et vraiment étrange au fond, mais là, j'ai une victime en moins, et je ne suis pas d'humeur. Je vais me barrer d'ici et prendre une bouffée d'air pour mettre mes pensées au clair.

Pour lui signaler que son comportement ne m'a pas plu, je lui lance un regard noir, avant de sortir tranquillement pour aller me balader dans un parc, genre d'endroits parfait pour des âmes innocentes.

- C'est quoi c'poney... C'est quoi c'poney...

Je marmonne sur le chemin du parc. Il est toujours confiant, il n'a jamais de problèmes... Comment c'est possible ? On ne peut pas l'attaquer, le piéger... Les choses vont se retourner quand on s'approche de lui.
Il vient de loin. D'où est-ce qu'il vient ? Est-ce un talent de bourge ? Est-ce un talent de magicien ? Est-il un magicien, prestidigitateur là ? Il sort des trucs de son chapeau pour faire rire les enfants ?
Ridicule.
Mais intéressant.

Ce soir encore, un autre poney terrorise les enfants jouant dans le parc.

Le terrestre ! Là ! Je croise son regard. Il m'en veut très fort (pas besoin d'être un magicien télépathe pour ça), et je suis bien peine de dire pourquoi. Avec un regard plus noir que le cœur du souverain du Dark Pledge, il quitte le bar d'un pas rageur. Jetant un regard d'adieux a ma bière pas finie, je me lance a sa poursuite. Soudain, un terrestre d'un brun sale s'écroule devant moi, manquant de me faire tomber. Avec un grondement rageur, je frappe l'ivrogne de ma canne et émerge du sombre bâtiment. Les lumières de la ville m'éblouissent vivement, et je reste quelques secondes a cligner des yeux sans rien voir. Quand ma vue s'est réadaptée, il n'est plus là. Le terrestre qui aurait put m'être utile, finalement, a disparu. Je jure tout haut, et fouille les environs les plus proches. Alors que j'allais abandonner une recherche qui ne mènerais a rien, je le vois. Un terrestre bleu s'enfonce dans les méandres des Bads Lands au galop, comme si sa vie en dépendait.

Fouetté par l'espoir, je me lance a sa poursuite. Nous courrons pendant de longues minutes, évitant les passants, menaçant de détruire les étalages. Je crois bien qu'au terme de cette course-poursuite, je me suis attiré les foudres de la moitié de la ville. Désespérant, il est vrai, mais je trouverais bien un bouc émissaire suffisamment peu aimé pour être châtié a ma place. Je vois alors le terrestre bleu tourner dans une ruelle. Je m'y engouffre. Cul-de-sac. Il s'arrête tranquillement devant une porte en bois rouge, sort une clef de sa besace et l'introduit dans la serrure. Je suis a bout de souffle, j'ai mis beaucoup d'énergie dans cette course, je me suis exposé a la rancune de bon nombre de gens, il est hors de question qu'il m'échappe maintenant.

[color:43be="ffcc66]-Et toi ! Oui, toi ! Je t'ai vu te battre tout a l'heure, c'était très impressionnant ! Est-ce que ça te dirais de...

Il se retourne vers moi, visiblement interloqué. C'est une terrestre bleu, en effet. Avec une crinière blonde, aussi. Et une lourde besace, encore. Par contre, lui a des yeux verts pommes, une tête de parfait crétin et un museau écrasé. Je me suis trompé. Ce n'est pas le bon. Avec un cris de rage, je cris "Sanctae Energy !" tout en traçant un cercle dans les airs avec ma canne. L'autre poney blêmit avant de se prendre une déflagration d'énergie pourpre le foudroie. Je ressort de la ruelle, tellement maussade que les enfants (tout comme les adultes, en fait) s'écartent sur mon passage. Il m'a échappé.

-Merde !

Un chat de gouttière me lance un drôle de regard, avant de déguerpir devant la lumière pourpre qui entoure ma corne. Avec un soupir, je me laisse tomber sur un banc publique. Au dessus de moi, le soleil se couche et les étoiles commencent a ce montrer. Stupide crétin ! Cela dit, je n'abandonnerais pas. Ô que non. Jamais. Tant qu'il ne sera pas sous mon contrôle, je ne lâcherais pas ce terrestre. J'éclate d'un rire dément. J'aurais dût naître mule, plutôt que licorne.