La rencontre d'une petite princesse. [ PV. Silver Spoon]

Ce matin, je m'étais réveillée de mauvaise humeur. Comme d'habitude. Après tout, lorsque l'on était seule dans une maison aussi grande, on s'ennuyait. Je me levais de mon lit en m'étirant paresseusement. Soudain j'eus une idée spontanée. Pourquoi ne pas aller faire un tour aujourd'hui Silver? Ce n'était pas une si mauvaise idée. Mais si je voulais aller quelque part, ce serait dans un endroit où la nature serait au rendez-vous. Un endroit loin de la guerre et de tous ce qui s'ensuit. Je pris donc un petit déjeuner rapide, fis ma toilette et coiffa ma crinière. Je choisis une petit sacoche afin d'y mettre mon bâton, ainsi qu'une petite cuillère. Ma cuillère porte bonheur.

Après avoir fini mes préparations, je sortis de ma maison et pris bien soin de la fermer à clé. Je me dirigeais ensuite vers la gare. J'achetais un petit journal, je n'avais pas encore trouvé de destination. Je tombais sur un article qui parlait des Green Grasslands, en terres neutres. Ce serait une bonne idée de balade. Je pris donc un billet de train. Je ne comptais pas rester longtemps là-bas, juste le temps de me ressourcer et de penser à autre chose. Le train dans lequel je me trouvais partait à 9h00. Lorsque que je rentrais dedans, je fis le tour de plusieurs wagons, avant d'en trouver un qui n'était pas trop plein. Il était occupé par un terrestre lambda, une petite licorne et un pégase qui avait l'air gêné. Je regardai le terrestre et vis qu'il jetait un regard courroucé au pégase. Ce dernier s'empressa de ranger le petit ocarina qu'il tenait et que je venais de remarquer. Il y a avait une petite place près du pégase, je m'y installait avec nonchalance. Lorsqu'une ponette serveuse arriva, je lui demandait un petit jus d'orange pour me donner quelque forces. Peut-être que j'aurais à marcher et je préférais être rempli d'énergie au cas où ceette situation se présenterait.

Je regardais le paysage défiler à travers la vitre avec monotonie. J'étais fatiguée et il ne se passait rien dans ce wagon. Je pris donc un livre que j'avais mis dans ma petite sacoche et le lus. Puis je finis par commencer à m'endormir. Je rangeai bien vite mon livre, et me détendit. Je fermai les yeux... Tranquillement.
Soudain je me réveillais. Je ne devais pas avoir l'air maligne à me réveiller et me rendormir dans un état se mi-conscient. Je finis par me donner une légère tape sur le museau pour me réveiller complètement. Je remarquais que je n'avais pas fini mon jus d'orange et d'un coup de sabot maladroit, je le renversai sur le pégase près de moi. Gros malaise. Je n'étais qu'une idiote. Comment allait-il réagir...

Je me sentais comme une idiote, oui voilà il n'y avait pas d'autres mots, une idiote. Le pégase à côté s'efforça de me parler gentiment, mais je voyais bien que si il le voulait vraiment, il aurait laissé échapper sa colère. L'étalon et la petite licorne se mirent à ricaner. Je jetais un regard noir à la pouliche, qui se tut. C'était tant mieux, ce petit rire moqueur m'agaçait au plus haut point. Le pégase à côté de moi se leva, sûrement pour se débarbouiller.
-" Voulez-vous bien garder ma place? Ou même m'accompagner si vous le souhaitez... - Je viens avec vous." grommelais-je d'une voix presque inaudible.

Sur ce, je suivis l'étalon jusqu'aux toilettes. J'avais aussi besoin de me débarbouiller, le jus m'ayant tâché les pattes avant. Je pris un mouchoir dans ma sacoche, et épongea les petites tâches. J'avais une démarche coincée et j'étais horriblement gênée. Pour une rencontre s'en était une. Les larmes me montèrent aux yeux lorsque la pouliche rigola de plus belle quand je passais près d'elle. Mes lunettes étaient embuées, et je n'y voyais plus grand chose. Je me rendis compte que j'avais oublié ma sacoche sur la banquette, je la récupérai ç'aurait été bête de l'oublier pour qu'un voleur puisse se servir sans surveillance. Je repartit ensuite vers les toilettes, toujours en pleurant en silence. J'espèrais que personne ne remarquerait ses larmes cachées qui coulaient le long de mon museau et venait s'écraser sur la moquette rougeâtre du train.
Arrivée dans les toilettes, je pris la direction de la petite cabine des femmes, et y entra la tête basse. J'ouvrais les robinets situés devant moi et me lavai le museau, faisant couler le peu de mascara que j'avais eu la mauvaise idée de mettre ce matin. Je me massai le museau avec l'eau. Mes yeux étaient rouges et pleins de larmes, qui menaçaient de couler à tout moment. Cela me rappelait de mauvais souvenirs...

Après avoir bien rincé mon museau et fait disparaître les tâches que je m'étaient faites, je sortis des toilettes. Le pégase en sortait justement. Je m'efforçait de ne pas le regarder, bien trop gênée que j'étais. Mais soudain, je laissa échapper encore quelques larmes, et un sanglot se fit entendre. J'avais peur de la réaction de l'étalon. Je ne voulais pas qu'il me voit pleurer pour si peu...

Les larmes coulaient. Je les essuyais du bout du sabot. Lorsque le pégase voulut les sécher aussi, un frisson me parcourut. Je n'avais pas l'habitude... J'eus un bref mouvement de recul et je me reprit. Je lui lançai d'un ton défensif et d'une voix enrouée de chagrin:

" Ne me touchez pas! Je ne vous ai rien demandé!"

Pour qui se prenait-il pour me toucher comme ça! Il aurait pu utiliser un mouchoir! Je retournais d'un pas rageur vers notre banquette. La serveuse y avait disposé un gobelet d'eau. Je le pris et le bu d'un air  outré, toujours aussi choquée par le geste d'affection que m'avait témoigné l'étalon. Ce geste ne me déplaisait mais dans ce contexte... Je redéposai le gobelet brusquement sur la table. Je l'avais écrasé entre mes sabots. Le pégase s'assit à côté de nouveau à côté de moi, et je regardai les couloirs du wagon pour éviter son regard. Mon regard s'était durci, la pouliche le regardait encore mais quand nos yeux se croisèrent, elle les détourna vivement. Je repris mon livre, et le lu.

Quelque temps plus tard, un coup de sifflet retentit, annonçant l'arrivée prochaine de la gare. Je m'arrêterai bientôt, il était temps, l'atmosphère dans ce train me déplaisait. Je n'aimais les regards de la pouliche, ni du pégase. Je sortis mon miroir de poche, et me regardai dedans, afin de bien paraître devant les poneys que je verrais à terme de notre voyage. Il n'y avait plus trace de mascara qui coulait, mais j'avais encore les yeux légèrement sur rougis. Je regardai le pégase, et lui demandai d'une voix dure:

"Comment vous appelez-vous?"

Mieux valait demander, au cas où j'aurais encore affaire à lui.

Toujours en colère, je lui avais demandé son nom. Schatten Gift. C'était un nom pas mal. Je me mis à faire des exercices de respiration afin de me calmer. Après tout, il avait voulu bien faire... Mais ce n'étaient pas des manières.
Je m'appelle Silver Spoon. lui répondis-je d'une voix dure mais un peu plus calme que tout à l'heure.

L'atmosphère était pesante, et je ne m'y sentais pas à l'aise. Soudain, le poney s'excusa d'un ton sincère et affectueux. Il semblait étonné lui-même par cette voix doucereuse. J'avoue que moi aussi j'avais été étonnée. J'étais en colère et voilà qu'il changeait brusquement de ton. Malgré tout, je grommelais quelques paroles:

"J'accepte vos excuses. Et je m'excuse moi-même également pour les désagréments."

Il fallait être polie. Ma colère avait pris le dessus et je ne pensais à rien d'autre qu'être énervée. Mais maintenant, je voyais bien que Schatten Gift voulait se faire pardonner de moi son acte. Soudain le train s'arrêta, et les portes latérales s'ouvrirent. Je descendis donc du train.
La gare était bondée de touristes, ils venaient sûrement apprécier les Green Grasslands, tout comme moi. Certains poneys avaient la mine triste. D'autre étaient réjouis et frétillants d'excitation. Je marchai dans la gare, ne sachant quoi faire et m'assoit à la table d'un petit café. Une petite table ronde, de couleur vert bouteille. Je m'affala sur la table et lorsqu'une serveuse arriva près de moi, je lui fis signe d'un coup de sabot que je ne voulais rien. Elle semblait avoir compris le message et elle s'éloigna, me laissant seule. Je ne savais pas quoi faire. Je regardai à travers la gare en espérant trouver une silhouette qu'il n'y a pas si longtemps, je ne voulais plus jamais voir. Je cherchais Schatten Gift...