Silah Yangin

Silah Yangin

« Le soleil brille pour tout le monde. »

• L'apparence est importante •

Si tu te voyais dans un miroir, Silah ?
Que verrais-tu ?
Une jument trahie par la vie, affaiblie par le désert, tailladée par sa propre dague. Mais regarde-toi avec un oeil plus serein, tu garde une certaine beauté, certes rayée par toutes ces cicatrices...mais tu ne fais pas ta tellement ta trentaine !

Commençons par ta morphologie.
Ta robe est grise comme la roche, tes cheveux à mi chemin entre le châtain et le gris.
Tu est de taille moyenne pour un arabian. Tu porte une musculature plutôt développée, cependant. Plus que tes pairs, ça c’est sûr.
Tes pattes et tes flancs sont couverts de cicatrices, plutôt légères pour la plupart.

Ta cutie mark, ce soleil du désert. Brun comme les chaires desséchées, noir comme la mort. Tu le hais, il t’a destiné à ton exil sans que tu ne comprenne son message. D’ailleurs, quelle idée de le taillader à coup de dague ? Ton flanc porte une série d’entailles, montrant ta rage envers ce signe.

Ton visage démontre une beauté farouche. Mais salie par ton perpétuel regard plein de haine et de colère. Toujours fermé et sérieux. Ne souris-tu jamais ? Je ne me rappelle pas te l’avoir déjà vu faire depuis ton exil...
Et tes cheveux coupés à la dague ? Tu déteste que ta crinière te gène quand tu te bat, j’imagine...
Un détail te suit partout, qui répugne des fois les gens. Ta cicatrice sur ton oeil droit, et celui-ci tout à fait aveugle. La plus visible de toutes, la plus marquée, la moins bien refermée.

Et tes habits ? Un foulard déchiré par les tempêtes de sable et les combats...

En bref : une beauté abîmée, mais pas fanée.

• Un caractère unique •

Un sujet épineux...ton caractère.
Tu es quoi, Silah ?
Pleine de haine, de colère. De sursauts de violence.

Cette rage, tu la porte contre ceux qui te demandent se qui ne vas pas, contre les soldats qui montent en grade, contre les politiciens qui brisent des gens avant de les éloigner comme des échecs refoulés, à toi pour ne pas avoir été suffisamment audacieuse pour abattre Celestia.
Tu en veux à tout le monde, mais surtout à cette dernière pour l’exil qui t’a coûté dix ans de ta vie, les derniers morceaux de ton esprit, un œil et enfin ta dignité.

Tu hais les riches bourgeois qui se croient au-dessus de tout.
Tu hais les alicornes, se pensant princesses de droit divin.
Tu hais les chefs, qui imposent à chacun de rejoindre un camp.

Mais qu’aime-tu ?
Le son des tirs de ton arme.
L’odeur des flammes.
La légère brûlure sur le sabot lors du jaillissement de tes sorts.
Et surtout...être seule.

• De la naissance à aujourd'hui •

Regardes-toi, ma belle...
Trente quatre étés.
Souviens-toi...quand tout a commencé...

«C’est une fille !»
Avais annoncé l’infirmière. Son père, très fier de son enfant lui donna un nom fort peu commun, mais qui aujourd’hui lui vas à merveille : Arme.
Plutôt masculine, elle ne jouait quasiment qu’a la guerre avec les autres poulains.

«Hey ! Silah ! On va jouer, tu viens ?
- J’arrive, Aeg !»

Aegis, un zèbre d’une bonté inégalable. Il jouait à la guerre, mais ne faisait que les stratégies. Il les regardai elle et les autres se battre contre «l’armée» adverse. Beaucoup de défaites, mais toujours une certaine victoire. Silah avait le don de mourir en héros à chaque fois, sauvant ses amis en leur permettant de fuir.

Et la guerre est arrivée. Elle lui a prit son père, sa naïveté, sa sagesse.
Elle l’a réduit à un être triste, gardant sa rage en lui. Elle s’est engagée pour venger son père. Aegis aussi. Elle était au front, lui à l’arrière. Le goût de la pouliche pour les armes à feu est née là-bas.
Tout se passait bien.
Jusqu’à un jour où...

«Silah, attention, il y a une caravane tribale sur votre trajectoire. Bifurquez de 2 kilomètres à l’Est, ils pourraient attaquer.
- Hors de question, on est juste à côté ! La nuit va bientôt tomber, qui plus est !
- Silah, cet ordre viens de plus haut que moi. Bien plus haut.
- Aegis, on risque de se faire décimer par les coyotes si on arrive pas à temps !
- Silah...je-»

La pouliche éteignit son talkie et fit signe à son escouade de continuer d’avancer. Il arrivèrent dans un canyon et quelques minutes plus tard, une flèche se ficha dans l’armure corporelle d’un des soldats. Silah empoigna son fusil et se mit à l’abris d’un rocher et mit son oeil droit dans la lunette, les tribaux était sur un plateau quelques mètres plus haut. Il y avait des archers et des combattants avec des hachettes. Elle visa un archer et tira. Le sort propulsé par induction magique fila dans les airs et toucha l’attaquant à la tête. Silha se mit à couvert et donna ses directives.

«Position d’assaut ! Ne les laissons pas le temps de nous prendre à revers !»

Elle se remit en position et fit chauffer son catalyseur. Sur les six coups, cinq firent mouche. Elle se mit de nouveau derrière son rocher et souffla. Puis elle se remit en position et visa à nouveau.
Elle du encore tirer deux coups avant que les derniers guerriers ne soient tous abattus. Les civils furent mit en ligne contre la paroi. La pouliche les regarda sans sourire.

«Ils nous ont attaqué et pourraient partir chercher des renforts...pas de prisonniers.»

Les soldats se regardèrent avec un regard interrogatif, puis se résignèrent. Silah resta devant à regarder le sang des renégats couler sur le sol avec ce même visage fermé. Le groupe repartit peu après vers leur objectif.

Lorsqu’ils revinrent à la ville, des gardes royaux mirent Silah aux arrêts.

«Silah Yangin, je vous arrête pour crime de guerre, victimes civiles et refut d’obéir à un ordre direct.
- Hein ? Mais la mission a été un succès total !
- La tribu que vous avez attaqué a été entièrement décimée. Hommes, femmes, enfants. C’est un crime de guerre des plus horrible. Veuillez nous suivre.»

Les gardes désarmèrent Silah et lui mirent des menottes en fer, lui permettant tout juste de marcher.
Elle fut emmenée en prison, où elle resta dans le noir, à réfléchir. Ses démons, s’étant subitement réveillés lors du massacre lui soufflèrent des idées noires et malfaisantes. La rage et la haine s’emparèrent d’elle. Une haine violente et destructrice.
Le procès eu lieu dans la semaine.

«Nous nous retrouvons aujourd’hui pour le procès de Silah Yangin, jugée pour crime de guerre. Mademoiselle Yangin, veuillez vous lever.»

La pouliche lança un regard haineux au zèbre derrière son bureau. Elle se leva et répondit d’une voix pleine de colère.

«Crime de guerre ? Cette tribu a engagé le combat. Se n’était que de la légitime défense.
- Et les civils morts ? questionna le juge.
- Des dégâts collatéraux.
- Tous ? Non, je ne crois pas. Pas d’après les témoignages de vos hommes. D’ailleurs, appelons-les. Témoins numéro un appelé à la barre.»

Un des soldats de la pouliche s’avança et prit place. Celle-ci le regarda avec un air de tueur. Mais il témoigna tout de même.

«Elle nous a ordonné de riposter à l’attaque. Jusque-là tout était correct. C’était de la légitime défense...mais après elle nous a fait exécuter les femmes et les enfants...je...j’ai tué un gamin de l’âge du mien...»

Silah ne détourna pas le regard à un seul moment. Jamais sa rage ne fit signe qu’elle s’estompait. Au fur et à mesure que les témoignages tombaient les uns après les autres, la salle devenait de plus en plus agressive envers la pouliche. Les spectateurs se mirent même à huer Silah, qui ignorait totalement leurs jérémiades.
Le procès finit sur une peine de dix ans d’exil. Silah fut renvoyée du pays avec son fusil, son couteau et son foulard. Rien d’autre.
Mais en partant, elle vit Celestia parler avec...Aegis. Au loin. Elle aurait pu abattre l’alicorne, mais elle baissa la tête et se résigna.
Son exil fut ponctué de combats, de blessures, de compagnons de voyages et d’autres choses encore.

Mais cette histoire en est une autre et avançons de dix ans en avant.

Silah portait les marques de son voyage au milieu du désert gravées sur son corps. Des blessures plus ou moins grave, plus ou moins bien cicatrisées. Partout. Sur les pattes, sur le cou, sur le torse, sur le dos, sur le ventre et même à un oeil.
Ses cheveux coupés au couteau démontraient sa volonté de rompre avec tout le superflu.

Son premier réflexe fut de retourner chez elle. Sa maison était toujours là. Poussiéreuse, mais toujours là. Elle y entra et prit une douche, enlevant tout le sable et la poussière collés à sa peau de roche. Elle lava ensuite sa crinière jusqu’au dernier grain de sable et regarda les mèches ternes, marques de son existence douloureuse. Elle lava ensuite son fusil, retirant la terre qui risquait à chaque tir de faire exploser l’arme et nettoya le catalyseur avec minutie.

Ensuite elle partit regarder par sa fenêtre. L’air nocturne était frais et une légère buée s’échappait de sa respiration. Elle observa la ville avec un léger sentiment d’amertume. Elle avait participé à son expansion et personne ne se souvenait d’elle. Peut être était-ce mieux ainsi. Personne ne pourrait venir la déranger.
Mais quelqu’un frappa doucement à la porte. La pouliche soupira et ouvrit. C’était Aegis, habillé d’une riche toge rouge. Il était visiblement devenu quelqu’un d’important...

«Je peut entrer ? demanda-t-il
- Vas-y, répondit Silah d’un air froid»

Le zèbre passa le porche et regarda la petite habitation. Il soupira puis afficha un sourire.

«Elle est comme dans mes souvenirs, murmura-t-il
- Ah oui ? Contente pour toi.
- Qu’y a-t-il, Silah ?»

La pouliche détourna le regard. Elle secoua la tête puis avança vers une étagère. Dessus il y avait des bibelots en tout genre. Elle prit une photo sans un mot, la regarda quelque secondes puis l’écrasa violemment sur le sol.

«Dix ans. J’ai perdu dix ans de ma vie et tu me demande se qui ne va pas ?
- Ecoute, Silah...je-
- Tu rien, souffla Silah. Tu n’as rien fait. Je vois bien que tu as tout réussi suite à cette mission. Celestia t’a offert une montée en grade pendant que moi je partais mourir dans le désert.
- Des femmes et des enfants, Silah, des femmes et des enf-
- Vas-t-en., le coupa la pouliche
- Quoi ?
- Quitte ma maison.
- Silah...laisse-moi t’expliquer, je-
- DEGAGE !»

Le cri avait fendu le silence de la nuit. Le zèbre se recula vivement alors que le fusil de Silah était braqué sur lui. Elle le regardait, pleine de haine.

«Ne reviens plus jamais ici. Tu n’es plus rien pour moi.
- Sil-»

Un coup de feu fit taire Aegis. L’arabian avait tiré juste à côté de sa tête, si bien qu’il portait une légère coupure à la joue et sa crinière avait été tranché sur quelques mèches. La pouliche arma le chien de son fusil et parla d’une voix blanche.

«Dix ans. Tu m’as pris dix ans. Soit heureux que je ne te tue pas. Part de chez moi. Tout de suite.»

Le zèbre fit demi-tour et sortit, tête basse. Il referma doucement la porte. La pouliche ferma les yeux et soupira. Puis elle les rouvrit et se mit à hurler de rage. Elle prit l’étagère et la renversa sur le sol, elle donna un puissant coup de sabot sur le mur, enfonçant celui-ci. Une fois calmée elle retourna à la fenêtre et remarqua une affiche appelant à rejoindre l’armée. Silah se rendit compte que c’était la seule chose qu’elle connaissait. Alors soit. Elle redeviendra un soldat.