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 Fimbulvetr [Mission]

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MessageSujet: Fimbulvetr [Mission]   Fimbulvetr [Mission] EmptyJeu 23 Juil - 11:52


Act II. Chapter III -

La maladie est, comme elle l'avait déjà signalé à Sombra, superbe. Salvatrice. Beaucoup la décrive pourtant comme chaotique, répugnante, anarchique et virulente. Pourtant, si l'on sait regarder, il ne s'agit là que de la description de ses proies. Faibles. Fatiguées. Mourant peu à peu dans leurs glaires. Non, la maladie, elle, est splendide. Elle épure les espèces, les races, la nature, des plus rachitiques, au même titre qu'un loup épure les hardes des biches et cerfs galeux. Elle permet à ceux ayant du potentiel d'en ressortir plus fort encore, de découvrir des ressources inespérées et, pour bien des gens, est un but dans la vie. Combien de personnes, ayant perdue un proche mort d'une quelconque plaie, s'est décidée à faire médecine pour la combattre, et donc, sauver des tas d'autres vies ? Elle est l'exemple parfait de ce qui se fait de mieux ici-bas. Petit, invisible, et pourtant si attirant, il est la source de bien des conflits et des paix. Diviser pour mieux régner n'avait jamais été aussi vrai.

Il suffit d'ailleurs de regarder ce pauvre bougre, à la table voisine. Une mauvaise toux qu'il tentait de cacher avec un journal braqué devant son visage, une voix sifflante, à peine audible pour quémander un autre lait-de-poule, et toujours ce nez coulant, reniflant, ronflant dans des mouchoirs en tissus, parfaits nids à microbes. Pathétique. C'était le seul mot qui venait à l'esprit de la nécromancienne. Voilà bien une semaine qu'elle était arrivée dans cette ville glaciale, inoculant la pire des grippes aux enfants trop heureux de leur neige, et déjà, la moitié de la population semblait contaminée. Et, pour une masse grouillante habituée à ce genre d'épreuve, ce n'en était que plus risible.

Son lait chaud arriva enfin. D'un geste hasardeux, rêveur, elle le mélangea sans plus de délicatesse, contemplant les effluves nasales de quelques autres victimes au travers des arabesques de fumée. C'était presque amusant de voir les pauvres mortels subir les plaies divines quand elle-même en était immunisée, laissant ses oreilles traîner, entre quelques quintes de toux, sur les joies insondables de ses amies invisibles. En fait, il avait fort a parier que si les maudits gosses de la grande rue ne lui avait pas balancé une boule de neige en pleine nuque -dieu que c'est froid-, jamais cette pandémie n'aurait éclaté. Mais, soit, ce n'était pas de sa faute après tout. Elle n'était que l'une des victimes des nombreuses farces enfantines. Et ce qu'il leur arrivait n'était qu'une leçon de vie.
N'est-ce pas ?

La boisson lui brûla la gorge, lui laissant une moue tordue sur le visage. Quoiqu'un peu amer, le chocolat accompagnant la boisson, calma sa faim ; quand aux biscuits, durs comme la glace entourant les habitations, ils lui semblaient insipides. Mais bloquée ici, ne pouvant dormir dans un carton comme à son habitude, elle avait quémandé une chambre, service compris, et, par conséquent, ne devait se plaindre de la qualité vue la somme déboursée. Une petite bourse, à peine remplie, des ventes de ses rares services, œuvrant surtout en intimidation et recels.

Elle était, d'ailleurs, plutôt douée pour jouer les petites frappes. D'une faible constitution, maigre à en affoler Famine, elle semblait si fragile, si brisée, que personne n'osait lui refuser droit de passage, ayant peur de la voir s'évanouir a leurs sabots. Elle pouvait ainsi s'approcher, demander de l'aide pour rentrer à son hypothétique masure, passant par de sombres recoins. Et avant même que sa victime ne s'inquiète, elle avait une main sur la nuque, pourvue d'assez de griffes pour lui ôter toutes idées de bagarre. La nécromancienne n'avait alors plus qu'à prendre ce qu'elle désirait. Pièces de bronze au plus commun, montres et bagues bon marché, quelques écus d'argent roulaient parfois dans la neige ; mais surtout, l'en-cas des travailleurs loyaux, qui finissait dans son estomac avant même de franchir les ombres des ruelles.

Ce n'était pas une vie.
Tout du moins, pas celle qu'elle avait espéré plus jeune. Mais les choses avaient changé. La guerre, bien sûr. Mais aussi sa marque de beauté, véritable fléau. Quand certains, comme cette serveuse aux cuissots trop épais pour passer enter les tables, avait un service a thé, d'une utilité remarquable au travail, d'autres se jouaient de la force ou de la vivacité mentale, comme ces deux compères de beuverie, attablés et certainement bien beurrés. Mais elle. Elle. Le triangle de l'omniscience, l’œil de la providence, celui qui voit tout, celui qui entend tout, qui sait tout. Certainement devait on appréciait sa définition, comme un savoir infini. Pourtant, la réalité, dure, cruelle, en était tout autre.

Et tandis qu'elle avalait son verre, ses pensées fondirent, noires, tristes, diluées comme de l'encre dans l'eau, pour ne redevenir qu'une clarté affligeante de banalité. Tout ça. Ce n'était plus que du passé. De la haine en flacon, qu'elle n'avait plus besoin de distiller en son sang. Juste. Des souvenirs. Terribles, éprouvants, mais surmontés. Comme un trophée de chasse, gravé dans sa chair en un immonde tatouage. Une fierté, peut-être. Ou bien une honte dissimulée. Qu'importe. C'était désormais sa force. Sa sauvage barbarie. Ce qui l'avait poussé dans les recoins sombres de la magie.  Et qui, désormais, traînait sur sa tête comme une couronne d'orgueil.

La toux s'accentua soudainement. Crispées, le journal se déchira de ses mains, avant qu'il ne se tienne la gorge d'une voix sifflante. Les regards, d'un bloc, se tournèrent vers le vieux terrestre à la parka écume, instaurant le silence comme une question. Il fallut qu'il tombe, roulant de sa chaise, pour qu'enfin on daigne se lever, lui demandant, vainement -et stupidement- si tout allait bien. Bah. Bien sûr que tout allait bien. Cela ne vous prenez jamais de vous rouler par terre, tout en crachant vos poumons, vous ?
Pénibles crétins.




- C'est le septième aujourd'hui.

Les paroles du clerc à son collègue fixèrent l'attention de la femelle, non loin de la porte d'entrée, parmi la foule qui avait entouré les lieux, affreusement curieuse. On se poussait, on se questionnait, tout en laissant passer le brancard, les yeux rivés sur le pauvre bougre sous respirateur. Et tandis que tous tentaient de s'approcher de la scène, de savoir les derniers ragots et d'écouter les théories les plus fumeuses, elle, restait de marbre, tendant l'oreille, l’œil vague.

- Bordel, j'ai jamais vu une épidémie aussi violente. Et les médocs qui n'arrivent pas.

D'un geste hasardeux, les deux clercs demandèrent aux soldats, non loin, de disperser la foule. Les mégères n'étaient pas des plus rassurants, et si les rumeurs allaient bon train, les virus, extrêmement contagieux, n'avaient que l'embarras du choix en cette foule impolie.

- Mais attendez, qu'est-ce qui c'est passé ? Hurla l'un.
- Ouais, on à le droit de savoir !

Les pousser ne semblait n'avoir aucun effet, si ce n'est la colère tonitruante et le reflux soudain de la marée vivante.

- C'pas le premier ! On veut des réponses !
- Ma fille tousse aussi, c'est grave ? Il était sur un brancard quand même ! S'inquiéta un autre.
- Bon sang, mais laissez nous passer !

On en vint aux poings, comme dans beaucoup de foule en panique. Pris d'assaut, les soldats furent basculés en arrière, piétiné par cette armada vicieuse, qui mis alors en déroute les deux médecins, restaient dans un coin de la taverne en attendant.

- S'il vous plait ! Calmez vous !
- Qu'on se calme ? Rugit une dame d'âge avancé. La moitié de la ville est clouée au lit et vous voulez qu'on se calme ?
- Quand est-ce qu'on aura des médicaments, hein ?

Il n'était qu'une quinzaine, et pourtant, la force du désespoir les tenaient comme des chiens fous devant une saucisse tombée. Les uns après les autres, ils parlaient, questionnaient, hurlaient, jusqu'à ce que le tout ne forme plus qu'un horrible brouhaha inaudible et terriblement acerbe.

- Ça suffit !

Le rugissement en effraya plus d'un, calmant jusqu'aux dernières rumeurs. Là, debout sur le comptoir, l'un des clercs, une licorne au pelage jaunâtre et au crin visiblement éméché par la foule, se tenait, droit, dominant l'assemblée de ses yeux revanchards.

- Ça suffit, répéta t'il, calme. Nous ne savons pas plus que vous où sont les médicaments, d'accord ? On en avait commandé il y a de ça trois jours, mais...

L'assistance tendit l'oreille, a bout de souffle, les yeux exorbités comme des lapins face a leur destin -un camion dans le meilleur des cas-. Le collègue de soin se hissa a son tour, prêtant main forte de sa carrure plus bestiale, presque léonine, au vu de son épaisse crinière et barbe. Sa stature sembla raviver la flamme de la méfiance et du danger chez certains curieux, mais nul n'osa lever la voix ou esquisser un geste, probablement foudroyé par les yeux assassins du duo médical.

- Seuls les chiens sont revenus. Le traineau et son pilote sont introuvables. Alors, à moins que l'un d'entre vous ne se porte volontaire pour braver la tempête et les retrouver, vous allez devoir faire avec.

Silence, presque tangible. De toute évidence, l'idée même de braver le fimbulvetr au-delà des remparts de la ville était inconcevable. Les regards se croisèrent, se fuirent, en l'attente d'une brave âme qui se déciderait. Mais rien ne vain. Comme dans toute bourgade qui se respecte, ceux qui gueulaient le plus étaient ceux qui n'en foutaient pas une. D'une ironie des plus déplaisantes.

- Et... euh... on y gagne quoi, nous ?

Le regard glacial du pseudo-lion s'embrasa subitement, comme un feu d'artifice lancé par quelques amateurs, brûlant dans une cacophonie bouleversante toute l'étendue de leur erreur.

- La survie de votre ville, ce n'est pas assez ?
- Bah, euh... bredouilla le jeune pégase, si, bien sûr. Mais 'fin... C'est dangereux, s'il y avait une compensation, p'tet que plus de gens se porteraient volontaires...

Les yeux ardents balayèrent l'assemblée, silencieuse, et, qui, pourtant, tête basse, semblait acquiescer les propos du jeune ailé. Des chiens. Aboyant sur l'inconnu, sur le vent et sur les autres pour se montrer, pour acculer ; couinant à la moindre réplique ; fuyant une fois dehors, indépendant comme il l'avait si souvent demandé. Il n'y avait qu'en cas de récompense que tous exécutaient les ordres sans ciller. Pathétique. Et c'était probablement pour ça que Reverse haïssait les chiens. Si dépendants, si stupides, et ça, sans parler de l'odeur qu'ils pouvaient avoir, incapables de se laver seuls.
De vraies plaies.

- De l'argent, ça vous va ?
- Combien ? s'empressa de demander le pégase de brun et de noir.
- Beaucoup, continua t'il, un regard des plus virulents plaqué sur le poney vénal. Une jolie bourse. Alors, des volontaires ?

Les rumeurs se réveillèrent alors, et tous se regardèrent, s'acculèrent, se questionnèrent. Allaient-ils y aller, ou bien rester les bras croisés à contempler leur propre déchéance ? Vieux comme jeunes, terrestres comme pégases, aucun ne semblait réellement rassurés de voir leur vie ainsi malmenée pour une somme d'argent dérisoire.

- J'irais.

Tous, d'un même bloc, se retournèrent face à la pouliche d'obsidienne et d'or, le regard déterminé, presque amusé de la situation.
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MessageSujet: Re: Fimbulvetr [Mission]   Fimbulvetr [Mission] EmptyJeu 23 Juil - 15:02




La tempête rugissait, tel un lion affamé, plantant ses griffes de givres dans la peau de la femelle, aspirant chaque once de chaleur qu'il pouvait trouver, grondant, mordant sa proie qui peinait à avancer. De son écharpe serrait à son cou et de sa veste de fine fourrure, elle s'enfonçait dans l'épaisse encre blanche, repoussait par le flux et le reflux du vent strident, mugissant dans ses oreilles comme la lointaine complainte des loups. Et pourtant, elle continuait, tête basse, faisant front de sa corne comme d'une percée dans l'atmosphère pesante, suivant son éphémère compagnon au doux pelage qui semblait souffrir du même orgueil. Par moment, il lui semblait faire du sur-place, avant d'être soudainement poussée en avant, détruisant le mur invisible de la tramontane puissante, manquant de retomber dans la glaciale poudreuse.

On avait hésité à lui confier cette mission. Son statut faible et son corps telle une araignée en faim n'avaient pas gagnés la confiance des hôtes de Stalliongrad. Et pourtant, ils s'étaient résignés. Seule volontaire, contre une jolie montagne d'or, on lui avait alors prêté comme guide et compagnon de fortune l'alpha des chiens de traîneaux, une sorte de husky, quoiqu'un peu pouilleux, a la carrure forte et à l'œil ivre mort. Serpillière lui aurait sied comme nom, mais dans le commun des mortels, seuls Rex, Buzz et autre Max semblaient être plaisants. Ainsi, le dénommé Patou fonçait dans la tempête comme un éclair de noir et de blanc, entrainant la pouliche dans ce qu'il aurait aimé être une course, mais qu'on ne pouvait décrire que comme une marche lente.

La lanterne elle-même semblait vaciller, manquant de s'éteindre a de nombreuses reprises, avant de se raviver, tel un phénix, dont les cendres balayées par le vent s'engouffraient dans l'horizon en une sombre trainée. C'était la seule source de lumière dans les environs, ne permettant qu'un cercle visuel d'un ou deux mètres, parmi la masse de silhouettes inquiétantes que pouvaient être les dunes de neige et les pins aux branches griffues.

Combien de temps ?
Des heures, peut-être plus, semblaient s'être engouffrées dans ses muscles congestionnés, dans ses poumons gelés et dans son esprit désormais buée. Des kilomètres, ou bien moins, de pentes et de neige, de marche contre un vent des plus tenace, tombant, roulant, et toujours se relevant, comme un soldat ne voulant rendre son souffle à cette brise déchainée. On la tirait, on la poussait, ne sachant plus s'il s'agissait du chien et de son harnais, ou bien du blizzard qui hurlait à sa mort prochaine. Et les ombres dansaient avec les dernières flammes de son lampion, festival des flocons et de grondements, courant, jouant sur son corps endoloris comme des enfants insouciants des frontières du possible.

Combien de temps ?
Dans sa torpeur, les yeux presque vides, se contentant de marcher, encore et encore ; toujours, face au vent, face au froid, face à ce monde, qui, soudainement, semblait déverser toute sa colère contre elle d'une même attaque, d'un même revers de patte, griffant, mordant, jusqu'à ce que sa peau se craquèle. Mais la douleur ne vint pas. Comme paralysée, sa carcasse engourdie se laissa faire, sans rechigner, titubant parfois sous les coups violents, trainée par l'alpha jappant dans ce qui lui semblait être le lointain horizon.

Si loin.
Si noir.
Si froid.

Quelque chose de chaud râpa sa joue, l'éveillant de son doux sommeil. Lentement, elle ouvrit ses yeux sur ce monde de blanc et de noir, se relevant finalement de sa torpeur, un frisson brûlant dévorant sa chair comme un soudain regain de vitalité. Ébrouant son visage des engelures, elle s'avança alors auprès du chien, posant un sabot sur son crâne comme une caresse, un remerciement des plus silencieux.

Et la marche reprit. Plus violente. Plus puissante. Plus téméraire. Avançant dans la douleur, serrant les dents, sans jamais relâcher, sans jamais ralentir, qu'importe que le vent hurle, que la montagne ploie. Elle était là. Fière. Sauvage. Une lueur de défi se consumant dans ses yeux en une braise ardente, vicieuse.

Les aboiements furent alors sonores. Et, quelque part, dans l'épaisse couche de neige, on lui répondit, mollement, comme un dernier appel à l'aide. De ses sabots, et de ses pattes, tous deux creusèrent le manteau hivernal, cherchant avec acharnement le sauveur de toute une ville. Là, au fond d'une basse crevasse, blottit dans un coin auprès du feu, il attendait, dans ce demi-sommeil livide qu'elle ne connaissait que trop bien.

- Vous allez bien ? hurla t'elle malgré le vent.

Le vieux terrestre releva brièvement la tête, écarquillant les yeux de cette soudaine apparition. D'un bond endolori, il se releva, faisant les cent pas sous la tête féminine.

- Je crois. Ouais. Ouais, ça va. J'ai fait un feu avec ma lanterne et le traineau de bois, mais faut que vous me sortiez d'ici !

Un bref regard sur la droite rassura la nécromancienne, visualisant alors la caisse médicale, saine et sauve des flammes. De toute évidence, il n'avait que brûlé les planches de son engin, usant du tissu comme d'une couverture de survie.
Descendre le chercher ne serait pas facile, quant à remonter, cela était une tout autre histoire. Mais Reverse avait une idée en tête, qu'elle espérait bonne. Le harnais canin, qui rattachait le duo, servirait de descente en rappel, fermement maintenu par l'animal et quelques cadavres gelés. Bien entendu, le poids de la femelle étant négligeable, les morts n'auraient a souffrir d'un quelconque démembrement, qui se terminerait par la chute subite -et probablement fatale- du mage noir. Ce n'était donc, en soit, pas un mauvais plan.
Enfin, ça, c'était la théorie. Douce, calibrée, parfaite.

Car à bien des reprises, ils glissèrent, faisant chuter brusquement la nécromancienne, avant de stopper, de manière tout aussi barbare, sa descente en enfer. La nausée au bord des lèvres, ses pattes touchèrent enfin sol, non sans une douleur cuisante. D'un premier coup d’œil, le vieux mâle semblait intact, quoique gelé -mais qui ne l'était pas-. Sa marche, et surtout, sa future ascension n'en seraient donc pas ralenties.

- Je ne pense pas que vos... euh... amis arriveront a nous remonter...
- Pas besoin, nous prendrons l'escalier.

Et avant même qu'un début de question ne naisse dans l'esprit du terrestre, la corne d'obsidienne rayonna d'une pâle lueur cyan, incantant os et souvenirs d'antan, de chair et de sang. D'un accoue prodigieux, des épieux d'ivoire sortirent de la paroi glacée, à des points stratégiques, ni trop, ni trop bas, pour en éviter l'effondrement.
La remontée fut rapide, quoique hésitante sous les craquellements du givre et des ossements. Et quand enfin, ils gagnèrent l'air libre, une caisse médicale scellée sur le dos, ce ne fut qu'un soulagement global, une soudaine perte de poids, de stress, qui rendit un nouveau souffle aux deux mortels.




- Comme jvous dit, elle a fait un escalier, comme ça, pouf !

La chaleur du bar et de son orchestre était revenue, engouffrant les histoires du vieux mâle, buvant à ne plus sentir sa soif de pintes et de magnum. Attablé au comptoir, la foule l'avait suivi comme un héros.

- Ouais, et après, pfiou, avec le vent dans le dos, on a galopé sur des zombis ! Ouais des zombis ma ptite dame, comme jvous dit !
- Mais enfin monsieur, commença le jeune clerc à ses cotés, vous ne devriez pas boire autant alors que -
- BAH je suis un vieux d'la vieille, je guéris qu'avec un peu de bière et de whysky, t'inquiètes dont pas gamin !
- Mais monsieur-

Une tape amicale, quoique brutale, mit fin à la phrase du clerc, l'obligeant à plonger le museau dans un verre fraichement apporté. On riait, on gueulait, on acclamait les péripéties du protecteur de la ville, de celui qui, chevauchant les morts, portait les vaccins si précieux, si rares, sauvant femmes et enfants. D'un geste rocambolesque, il grimpa sur le comptoir, hurlant a qui voulait l'entendre le début de son histoire, pour la quatrième fois de la soirée. Comment, fier, il s'était porté volontaire pour apporter le chargement. Comment la tempête l'avait surpris, plongeant, lui et ses chiens, dans une faille. Comme il avait réussi a les faire sortir pour qu'ils aillent chercher de l'aide. Et comment elle était venue, elle, la gamine de noir et d'or, avec ses cadavres ambulants. Celle dont on avait oublié le nom, dont, malgré les remerciements, on se méfiant comme de la peste.
Car des nécromants, pire peste il y avait.

Le bruit d'une bourse pleine, posée nonchalamment sur sa table l'éveilla de son doux rêve alcoolisé, couvrant la rumeur -ou le hurlement, au choix- de l'ivrogne et de la foule.

- Comme promis.

Un bref soupir, un mouvement vague pour attraper son dû, et le ramener dans l'une de ses poches intérieures, le tout avec la tête collée à la table, presque trop lourde pour la relever et prendre une position décente. Voilà où elle en était, la brave petite pouliche, la volontaire, celle qui avait sauvé le cul d'un vieux et d'une ville.
Le regard hésitant du médecin sur le cas misérable de la femelle le laissa planter là, face à elle -ou plutôt, face à son corps enivré-. De toute évidence, il ne la laisserait pas quitter la taverne dans cet état. Déjà parce que dehors, la tempête continuait de rugir, et puis, parce que, mine de rien, elle s'était payée une chambre ici. Probablement avait elle oubliée. Ou bien l'envie soudaine de partir, de rentrer chez soi. Qu'importe. A de nombreuses reprises, il la força a s'asseoir, sous les menaces ivres de mauvais sens, jusqu'à ce, qu'enfin, il ne se décide à la coucher, d'un air réprobateur. S'occuper des arrivants, soigner leurs engelures et hypothermie était un fait ; éviter qu'il ne dorme dans la porcherie voisine ou ne se vomisse dessus en était une autre. Et pourtant.
Pourtant.

C'était une belle soirée.
Le genre emplit de vapeurs d'éthyle et de sucre, de rires et d'applaudissements, tandis que cognait le malheur en dehors, enfermé, évasé, par le bonheur ambiant.
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