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 Tout ça pour des Guêtres [solo]

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Karl Tirecorde
Karl Tirecorde
Eternal Chaos

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Tout ça pour des Guêtres [solo] Empty
MessageSujet: Tout ça pour des Guêtres [solo]   Tout ça pour des Guêtres [solo] EmptyDim 22 Fév - 0:17

« EMBARQUEMENT IMMEDIAT ! » Gueula le capitaine

      Les passagers ne se firent attendre, je suivais le cortège hétéroclite  tout en faisant attention à ne pas glisser sur le bois humide. Le vapeur était amarré à quai depuis bientôt deux heures pour remplir la cale à charbon, l’attente plus la pluie avait fait monter un état de stress chez les voyageurs. Si nous pouvions marcher à trois de front sur le quai, la passerelle plus étroite et démunie de barrières ne pouvait laisser passer qu’une personne à la fois. Il y avait bien un type qui s’occupait à faire embarquer tout le monde, mais le calme avait laissé place à la débandade et chacun essayait de passer avant, j’ai bien failli finir à l’eau dans la bousculade. Je me réfugiais sous une bâche tendue au-dessus du pont arrière, à côté, une troupe de soldat s’occupaient en faisant un tarot, de l’autre, trois jeunes juments scrutaient leurs flancs vierges de leur cutie mark. La pluie semblait redoubler d’intensité, un voyage pourri s’annonçait pour traverser ce lac.

      L’équipage largua les amarres et le moteur à vapeur souffla toute sa puissance dans les deux roues à aubes, lança le bateau sur les eaux plates du lac. Nous entrâmes dans un brouillard à couper au couteau réduisant considérablement la visibilité et ajoutant quelques inquiétudes supplémentaires aux non-habitués de ce trajet. Je sortis une pierre à affuter afin de refaire le fil de mon épée, une activité qui semblait agacer les soldats à côté par son crissement insupportable ; il est vrai que malgré le ronflement de la chaudière, le voyage était silencieux. Un marin s’approcha pour accéder au mat, je m’écartai le laissant à sa tâche. Saisissant une drisse, il fit descendre une bôme et hissa une voile à corne pour profiter de la brise soufflant par tribord arrière et repartit sans dire un mot. Je rangeai ma pierre dans une sacoche et je sortis livre ou j’inscrivais en général les évènements de la journée. En le tirant de son emplacement, je dégageai par maladresse un parchemin qui roula jusqu’aux sabots d’un des soldats. Il le saisit et avant qu’il puisse poser l’œil sur son contenu, je me précipitai vers lui en m’excusant et je repris le rouleau de papier tout en subissant le regard méprisant du soldat. Même si la troupe arborait la bannière de l’Empire de Cristal, un parchemin érotique avec la Princesse Celestia dans une position des plus sympathiques à regarder dans les moindres détails ne serait pas forcément au bien reçu par tout le monde. Je rangeais le précieux parchemin entre deux pages de mon livre avant de le ranger à son tour dans une de mes sacoches.

      Une sirène résonna dans les environs, plus précisément une corne de brume. Nous venions de doubler le feu de Ker-Ozen, même en plein jours sa lanterne traçait un sillon blanc dans la brume. Les soldats me regardaient bizarrement, j’essayais pourtant de n’attirer l’attention de personne, mais leurs regards pesants commençaient à se propager entre les occupants du pont arrière. Je préférais me retirer vers la proue de l’embarcation, je longeais les coursives ainsi qu’une roue à aubes, malheureusement le pont avant ne possédait pas de protection contre la pluie. Je me résolu à utiliser ma cape comme protection et je m’adossais à une cloison se trouvant près de la chaudière afin de profiter de sa chaleur. Pour une traversée pourrie c’est une traversée pourrie.

      Enfin la brume se dissipa laissant place aux montagnes visibles à l’horizon, la pluie n’en fit qu’à sa tête et passa de petite pluie fine cinglante à grosse pluie détrempant tous tissus et individus se trouvant dessous. L’embarcadère était en vue et l’équipage se préparait à la manœuvre d’accostage, le vapeur se rapprochait à vitesse réduite du ponton. À quelques mètres de celui-ci, les marins envoyèrent les amarres aux dockers à terre, qui les attrapèrent et les fixèrent aux bites d’amarrages ; ils amenèrent ensuite une passerelle de débarquement. Je me précipitais sur le quai manquant encore une fois de tomber dans le mouvement de foule, les soldats m’observant bizarrement durant le voyage, j’espérais qu’ils ne m’attendent pas une fois à terre. Je me dirigeais vers le centre du port, mais en cours de chemin, la proportion de gardes dans la foule grandissait et m’inquiétais. Je bifurquai pour longer la rive du lac pendant un ou deux kilomètres.

      La pluie s’était enfin arrêtée laissant place à une brume froide et épaisse, les rives du lac avait une allure de cimetière, chaque objet était devenu une ombre, la route qui possédait un éclairage de aux cristaux était visible dans sa longueur car elle formait  une ligne de points lumineux, au moins il faisait encore jours. Ma cape était trempée, j’ignorais l’état du contenu de mes sacoches car bien qu’elles soient hermétiques elles ne sont pas non plus insubmersibles. J’essorais ma cape ainsi que ma crinière, extrayant assez de bouillon pour remplir une gourde, et je me remettais en route avec pour but de trouver un abri pour la nuit, le temps étant assez instable, je ne tenais pas vraiment à dormir sous la pluie. Au bout d’une heure et demie, j’avais contourné le port, je pouvais voir une concentration lumineuse se refléter dans la brume. Un bruit de cloche attira mon attention, je me rapprochai et je tombai nez à nez avec un troupeau de vaches en train de longer un chemin, le fermier du coin devait surement rentrer ses bêtes pour la nuit, je suivais le troupeau jusqu’à l’étable.

      Les bovins arrivés près de la bâtisse, je m’éloignais un peu pour ne pas faire repérer. La ferme de forme carrée était à demi encastrée dans la pente d’une colline, au rez-de-chaussée à gauche, il y avait toute la partie habitable, sur le reste de la longueur se trouvait l’étable, tous les murs de cette partie étaient composés de pierres grossières. Au-dessus, cela devait être une grange, et au-dessus, la charpente et le toit à deux pans de faible inclinaison . La belle saison étant finie, les foins pour l’hiver avaient dû être rentrés.
« Faute de mieux, je squatterai cette grange pour la nuit » Pensai-je.
J’attendis derrière un gros arbre que la nuit tombe pour pouvoir m’approcher de la porte de la grange sans me faire repérer mais elle était fermée. Je scrutais la porte et les murs faits de planches, mais rien ne laissait paraître un quelconque moyen d’entrer. Je finis par laisser tomber et je repris mon chemin dans l’espoir de trouver un autre refuge.

       J’avais perdu du temps et le froid s’intensifiait, je marchais en grelottant sur le chemin détrempé, les sabots pataugeant dans la boue. La brume se leva et la pluie ne vint pas, enfin je pouvais observer les étoiles ainsi que la lune dont on ne voyait que la moitié, les rayons de l’astre nocturne découvraient les alentours du flou brumeux et rendaient visible un hameau qui m’était avant caché. Pour gagner du temps, je coupai par les pâturages où l’herbe grasse portait la rosée, reste de la pluie de la journée, et reflétait la lueur de l’astre sélénite. Mon passage secoua les gouttelettes d’eau qui finir par tomber à terre ou à glisser le long de mon pelage, et me retournant, j’observais le motif de ma traversée dans les champs de lumière que ma présence avait séparé en deux. Malgré mon état de fatigue et le fait que j’avais froid, je restais immobile quelques minutes, l’esprit vide de toute pensée, respirant lentement, sans à-coups, le regard plongé dans la beauté du moment, je versai alors une larme.

     Je repris mes esprits au moment où le vent souffla ma cape qui vint alors se coller sous mon ventre et me gela, je me hâtai à trouver un lieu pour dormir. Seul un garde champêtre stationnait entre les maisons, je me faufilai vers ce qui me semblait être une ferme. Je contournai le bâtiment et arrivant devant la porte de la grange, je tentai de l’ouvrir mais elle était fermée bien évidemment. Seulement, entre les deux grands panneaux de bois, il y avait un interstice assez large pour y glisser mon épée. J’enfonçai ma lame et d’un mouvement sec de bas en haut, je levai ainsi le loquet, j’entrai rapidement et je refermai derrière moi.

      Je dégageai la poussière et la paille à mes sabots pour allumer ma lanterne sans provoquer un incendie. Une fois celle-ci allumée, j’entreprenais une bref visite des lieux : Les murs était composé de planches de bois, la charpente était totalement apparente ; sur le plancher vermoulu, étaient entreposé une grande quantité de foin mais aussi des sacs de grain. Derrière un madrier, on distinguait les trappes qui permettaient de faire descendre le fourrage directement dans les mangeoires. Je pris soin d’accroché ma lanterne à un endroit où elle ne risquerait pas de tomber, puis je me débarrassai de mon équipement. J’accrochai ma cape pour la faire sécher et j’essuyai mon armure et mon chapeau afin que l’eau n’abime pas le cuir, je procédai à présent à une vérification de l’état du contenu de mes sacoches. Celle de gauche avait bien résisté, mes provisions ainsi que mon matériel papier c’est-à-dire : ma carte, mes crayons et mon livre (incluant le parchemin érotique) étaient en bon état. Mais ma sacoche de droite avait reçu : je jetai l’eau contenu dans ma gamelle et ma poêle, ma couverture était détrempée, et le reste de la sacoche mouillé, je remarquai que le cuir avait été déchiré. Je mis à sécher tout mon bordel et prenant un morceau de cuir souple, je rafistolai ma sacoche.

      Une fois les réparations terminés, je mangeai un bout et bu un coup de gnôle pour me tenir chaud avant d’éteindre ma lanterne et de m’enfoncer dans la chaleur de la fermentation de la paille. Voilà bien longtemps que je ne m’étais pas retrouvé nu, sans équipement sur le dos, sans ce plastron qui malgré la protection qu’il m’offre, entrave quelque peu mes mouvements, sans mes lourdes sacoches qui contiennent ce qu’il reste de mon ancienne vie à Stalliongrad et toutes mes affaires de ma vie actuelle. Même ne plus sentir ma cape et mon fourreau me faisait un bien fou. Je profitais de ma liberté de mouvement et de la chaleur du foin pour m’étirer, je faisais craquer mes articulations, je détendais chacun de mes muscles, je jouissais de pouvoir sentir la paille sur chaque zone plus ou moins sensible de ma peau. Je m’endormis calmement avec un léger sourire aux lèvres.

              Je me réveillai avec les premières lueurs du soleil qui se levait encore tôt à cette période de l’année, un rayon passait par l’espace entre deux planches pour finir sur mon visage. J’émergeai petit à petit, mes yeux éblouis par la lumière eurent du mal s’ouvrir, je me retournais pour trouver un coin d’ombre pour me réveiller complètement ; Je sortis du foin qui m’avait de couchage et je m’étirai. Je scrutai la grange qui offrait un spectacle assez particulier, le soleil s’introduisait dans tous les interstices et autres fentes créant ainsi des faisceaux de lumières où la poussière en suspension dansait et brillait par petits éclats. Les paysans se levant généralement tôt, je me hâtais à ranger mes affaires et à me rééquiper, je renfilai mon armure, harnachai mes sacoches sur mon dos, fixai le fourreau de mon épée sur le flanc, et je m’habillai de ma cape. Ah, surprise… elle est encore trempée, son contact sur ma peau me glaça. À cet instant, une trappe s’ouvrit et un fermier à la crinière blanche et à la moustache fournie fit interruption avec sa fourche, tout aussi étonné que moi à trouver un visiteur indésirable.

« Quèqu’te fès dzan l’galtà teu ?! » trdt (Que faites vous dans ma grange Monsieur ?!) S’insurgea de l’homme dans un patois parfaitement incompréhensible

Il se rapprochait d’un pas menaçant

« Jhe vouê pas teu itsie ! Dégahzte, tarabé, rôdî ! » trdt (Je ne souhaite pas votre présence en ces lieux ! Veuillez vous en allez, malotru, vagabond !)

Il pointait sa fourche dans la direction, je sortis mon épée pour lui faire comprendre qu’il valait mieux ne pas venir me chercher des noises. Le paysan hésita un instant, je me déplaçai pour récupérer mon chapeau et c’est à ce moment qu’il me chargea. J’esquivai facilement sa manœuvre maladroite, je ramassai mon couvre-chef que je plaçai sur ma crinière et je me dirigeai vers la sortie. Le fermier toujours sur les nerfs chargea une deuxième fois, j’esquivai et je frappai du plat de mon épée derrière son crâne, le corps du malheureux s’effondra au sol, assommé. J’entendis d’autres voix venant d’en dessous, j’ouvris la porte et je filai à toute allure à travers les champs.

               Je m’arrêtais un instant pour remettre mon épée au fourreau et regarder le hameau derrière moi, il y avait beaucoup d’agitation et des poneys  couraient partout, certain commençaient à fouiller les alentours. Je continuai ma course vers une forêt de résineux, en trottant rapidement entre les arbres, je tombais sur deux inconnues qui visiblement ne faisaient pas une activité très légale.

« Plus vite Diego ! Enterres moi ça rapidement ! »

Un terrestre trapu était effectivement en train d’enterrer un macchabé sous le regard autoritaire d’une licorne au trait noble, fumant un cigare et tenait un verre de brandy à son sabot. Je ralentissais pour mieux observer la scène, la licorne tourna son attention vers moi, j’esquissai un sourire complice, il hocha de la tête en me renvoyant la même mimique, je ne connaissais pas cette personne, mais elle me plaisait déjà.

               Quelques minutes plus tard, je regagnai la route ; je jetais un dernier coup d’œil derrière moi, j’avais semé mes poursuivants, je reprenais ma route vers Filly Delphia. Au bout d’une heure, je pouvais apercevoir les premiers bâtiments de la cité crystalline. Tout d’abord un rempart qui entourait la ville où derrière s’entassaient les maisons à encorbellements, aux murs garnis de colombages, et aux toits couverts de tuiles de bois. J’arrivai à présent aux portes de la ville, on aurait dit un petit château coincé dans le mur d’enceinte. Deux tours circulaires délimitaient un passage vouté d’environ 8 mètre de long et 6 de large, deux séries de porte en ogives se suivaient. Le chemin était assez large pour que deux chariots puissent se croiser sans encombre. J’arrivai dans un bastion où de nombreux soldats étaient stationnés, la sécurité et la surveillance pendant ce climat de guerre imminente,  étaient aux limites de la paranoïa. Plus j’avançais, plus la foule devint compacte, j’essayais de voir ce qu’il se passait. Un citadin observant ma maladroite manœuvre, se rapprocha en souriant et m’informa qu’un contrôle s’effectuait un peu plus loin pour garantir la sécurité dans la cité. Ce n’était pas une nouvelle des plus réjouissantes.

               Arrivé à la hauteur d’un soldat-contrôleur celui-ci me scruta, le froncement de ses sourcils devait dire que ma présence n’était pas forcément la bienvenue

« Bon, qu’est-ce que vous venez faire ici ? »

« Eh bien… Je viens pour me reposer, et… Je voulais aussi acheter des guêtres pour mes pattes… Voilà. »

« Et vous venez d’où ? »

« Du Solar Empire. »

« Bon le quartier marchand est un peu plus loin, suivez ce boulevard et bifurquez à gauche dans environ 600 mètres et vous devriez arriver, par contre ne vous faites pas remarquer, avec cette guerre imminente, on n’a pas besoin d’aventuriers qui viennent foutre le bastringue. Allez circulez ! »


      Je remerciais le soldat d’un ton amer et je suivis ses indications pour le quartier marchand. Le boulevard était assez large pour que trois charrette de croisent, il était entièrement pavé et possédait des conduits pour évacuer l’eau de pluie. Il était bordé de nombreux bâtiment dont la base était en pierre et les étages supérieur en bois avec du torchis. Il y avait beaucoup d’auberges, certaine grandes, d’autres plus modeste, avec ou sans place de parking pour les marchands ambulants. La concentration excessive de ce type d’activité dans un même endroit doit aboutir à quelques litiges, du moins, c’est mon avis. Je bifurquai ensuite à gauche pour atterrir dans une ruelle plutôt étroite, l’avantage était que l’on y circulait plus facilement, cependant, il flottait dans l’atmosphère une odeur d’huile grasse, de baraque à frite. Je passais à côté d’un pub d’où sortaient des braillements alcoolisés, au bout de la ruelle, je trouvai l’origine de cette odeur de friture, il y avait les fenêtres des cuisines d’un Makdoh.
La ruelle débouchait sur une place où de nombreuses étales de marchand se partageaient l’espace disponible, les toits en toiles se gonflaient à chaque courant d’air et le brouhaha ambiant cachait tous autres bruits. Je traversais la foule pour me rendre vers l’armurerie, passant premièrement devant des étals de nourriture et de denrées diverses, je croisais principalement des citadins ; mais au fur et à mesure que je m’approchais des boutiques d’arcane, la passants étaient de plus en plus issue du domaine de l’aventure. Je croisai deux mages, puis un batpony caché sous sa cape, un clerc s’exerçant les cordes vocales sur un accord de Sol majeur en commençant par la tonique, puis la tierce pour finir sur la dominante et le tout recommencer plusieurs fois sous le regard bienveillant des autres frères de la même secte. Ne trouvant l’échoppe recherchée, j’interrogeai un groupe de Traqueur dont l’équipement était entièrement en cuir et de bonne qualité, sur la localisation de la boutique. J’étais à l’opposé et je devais traverser la place pour y arriver.

       Je remerciai la troupe et je m’enfonçai dans le flot tumultueux de personnes avides de shopping et de bon matériel, je me demande si il n’aurait pas mieux fallut faire le tour ? Bah ! Au point où j’en suis, continu…

« Bien le bonjour monsieur, est-ce quelque chose pourrait vous intéresser dans mon humble échoppe? »

Un minotaure avec une cravate, des lunettes de soleil et une caisse sanglée sur ces épaules s’approchait avec un grand sourire.

« Regardez, j’ai beaucoup de matériel : boissons dopantes, hydromel, actimel… »

« Ça ne m’intéresse pas merci, bonne journée. »

Je m’écartai au plus vite de cet individu, qu’est-ce je peux haïr les vendeurs à la sauvette et autres colporteurs, il faut que je traverse cette foule au plus vite ou je vais me faire harceler à tout bout de champs.

      Je passai devant un marchand de fripes au nez écarlate indiquant sa passion pour la biture, puis un stand d’herboristes d’où s’émanait des odeurs étranges, les deux vendeurs aux yeux veinés se tapaient des barres de rire monumentales, tout en mastiquant des feuilles de sauge des devins. Plus loin, deux bouchers s’engueulaient au milieu du passage et leurs assistants, restés chacun derrière le comptoir se livrait un duel de regard.


« Moooooon brave  pour vous j’ brade tous mes prix !»

« À qui ? »

« À vous ! »

« À moi ?! »

« Mais OUI ! »

« Regardez un peu toute mes marchandises. »


« J’m’en fous. »

« Mais non ! »

« Mais SI ! »

« C’est FAUX ! »


« Jeteeeez donc un coup d’ooeeil, vous neeee l’regretterez paaaaaas. »

« Caaarr c’est pour voooouuuss queeee jeeeeee… »

« TA GUEULE ! JE M’EN FICHE PAS MAL DE TES BABIOLLERIES ! FICHES MOI LA PAAAAIIIIIIX ! »

Je regardais l’odieux personnage droit dans les yeux, j’aurais pu l’assassiner seulement par le biais de mes pupilles et de la haine que j’avais envers lui. Il se retira d’une manière insolente et lança avant de se retourner

« Grossier personnage. »

Un lourd silence tomba sur ce petit bout de marché entouré d’un capharnaüm perpétuel, les passants, marchands, et autres badauds, me regardaient avec de grands yeux mêlant leur surprise d’une telle scène à cet endroit, et leur mépris pour mon attitude, je pouvais entendre de petits commentaires grinçant à mon sujet sortir de leur bouche.  Je quittai cet attroupement au regard pesant pour rejoindre l’extrémité de la place, au moins en faisant le tour, je ne ferai pas emmerder par ces salauds. Le pénible individu avait dû arriver dans mon dos, et profitant que mon attention soit captée par la dispute entre les deux bouchers, il me mit le grappin dessus. Avec son éloquence facile et le ton de sa chanson, je pense qu’il a dû être barde auparavant.

               Le traqueur de tout à l’heure m’avait dit que la boutique du tailleur de cuir avait sa façade qui donnait sur la rue, si bien qu’en faisant le tour, je devrais bien finir par tomber dessus. Slalomant entre les charrettes, je manquai de me faire renverser par un livreur express qui, pour ne se serait-ce gagner quelques secondes, commettrait toutes les imprudences possibles et imaginables.
Mais au détour d’un chariot, horreur ! Un marchand ambulant qui avait l’air d’emmerder tous les passants qui passaient  devant sa roulotte-échoppe. Je fis semblant de ne pas l’avoir vu.

« Eh, Monsieur ! »

« Non non non casses toi, je ne veux pas te voir. »

« Monsieur ! »

J’accélérai mon pas, mais cet abruti s’était fichu pile devant moi ne me laissant aucune possibilité de fuite, c’est qu’au fond le marchand était emmerdant.

« Bonjour, vous devez être un aventurier. »

« Et vous très perspicace. »

« Non, je suis marchand. Je vends  toutes sortes de marchandise. »

« A d’autres. »

« Non à vous ! Regardez tout mon étal : couteaux, matériel d’intendance, d’écriture, torches, couvertures, huile pour lanternes, capes de pluie, anneaux d’état, anneaux d’été, anneaux d’automne et d’hiver, boules à neige, répliques de pagodes, ceintures, maroquinerie, tous les albums de Frère Marc-Terence des Boussignole, une tête d’ours empaillé… »

« Quand est-ce qu’il va s’arrêter. Il y aura bien un moment où la salive lui manquera. »

« … des chapeaux en tous genre. Je vends aussi des familiers très rares. »

Il tira une bâche qui protégeait des cages où des sortes d’oiseaux à longues pattes, au bec long, et à l’air désabusé, restaient emprisonnés en attendant un éventuel acheteur.
Le marchand me regardait à présent avec un large sourire, je le poussai fermement sur le côté afin de reprendre mon chemin.

« Êtes-vous sûr que rien ne vous intéresse ? » Lança le marchand

Je me retournai pour l’embrocher avec un regard noir, bourré d’insulte et de mépris envers sa personne, et d’une réponse négative à son offre.

              J’arrivai enfin chez le tailleur de cuir, on pouvait voir un étalage de de pièces d’armures sur un mannequin en bois et des outils derrière la vitrine. La devanture en bois était peinte d’un vert sombre ressemblant à celui des sapins. La boutique était surélevée d’un mètre par rapport au niveau de la rue et faisait partie d’une ligne de bâtiment s’étalant sur toute la rue. Au-dessus de la porte d’entrée, était accrochée une enseigne en métal représentant une chaussure sur une enclume entourée de tige de vignes sauvage. Je montai les quelques marche vers la porte d’entrée et je la poussai, une clochette retentie à mon passage, je refermai la porte et je défroissai ma cape avant que quelqu’un arrive. Les murs et le sol étaient entièrement en bois, la charpente de la pièce était ouvragé et contenait de nombreux détails, d’ailleurs elle ne cachait pas sa richesse ; l’intérieur était lumineux, toute un ensemble de lanternes éclairait la pièce, les pièces d’armures reposaient sur des présentoirs ou sur des mannequins, il y avait aussi un espace dédié aux amateurs, avec des étagères présentant dans les petites caisses : des clous, les lanières, en vrac ; il y avait aussi des pièce de cuir de toutes tailles et de toutes formes en vente. Le comptoir se situait au fond de la pièce, il était muni d’un cahier de vente, à côté, une plume dans un encrier, et derrière le meuble siégeait une horloge comtoise dont le Tic-Tac rythmait l’ambiance de la boutique.


« Bonjour Monsieur, Qu’est-ce que vous désireriez ? »

              Alors que je regardais l’armure que portait un mannequin, le vendeur était arrivé derrière le comptoir sans que je m’en aperçoive. L’individu fin et élancer, portait une moustache fine et élégante, sa crinière lisse et entretenue tombait jusqu’à son dos. Il portait une chemise et un veston en cuir souple par-dessus ainsi qu’une cravate-ficelle. Son sourire était je pense, commun à la majorité des marchand désireux de vendre.

« Bonjour à vous, je chercherai un lot de deux paires de guêtres s’il vous plait. »

« Bien, suivez-moi. »

Contournant le comptoir, je me rendis compte que le vendeur était un pégase, mais aussi qu’il s’occupait uniquement de la vente ou de la paperasserie car ses sabots étaient aussi propres et soignés que ceux des nouveaux nés. Il me conduisit vers une série d’étagère où, posés sur des socles représentant une patte, des modèles de guêtre étaient en exposition pour le plus grand plaisir des acheteurs. Mais pas celui de la bourse, la vache ce que ça coûte cher, le prix le plus bas est à 130 pièces d’or, ce n’est pas donné !

« Alors, avez-vous fait votre choix ? Vous voulez peut-être en essayer une paire ? »

« Eh bien jeeee... c’est queee… »

« Je vois, c’est trop chère pour vous, ah les débutant, ça veut le meilleur matériel pour une bouchée de pain. Dans ce cas, je vous somme de sortir de mon magasin, nous avons bien assez de clochards dans cette ville, ce n’est pas la peine de vous joindre à eux. »

Non mais qu’il se prend cet oiseau la, « J’ai du fric alors toi le pauvre, tu n’es qu’une sous-merde. », il peut bien allez se faire foutre. Je sortis en claquant la porte et puis merde, je crachai sur la poignée à l’extérieur pour le prochain pigeon qui voudrait entrer dans sa boutique.

« Il m’a foutu en rogne ce con, je ne sais même pas où il y un autre tailleur. »

« Eh Monsieur ! »

« Non mais je rêve. »

« Monsieur ! »

« VAS VOIR AILLEUR SI J’Y SUIS ! OK ? »

« oui oui, compris. »

« Qu’ils viennent pas m’faire chier, crevard de colporteurs. »

              Je tournais en rond depuis presque une heure, les rues se ressemblent toute et pas moyen de trouver un plan convenable de la ville, je résolus enfin à demander de l’aide à quelqu’un. J’interrogeai d’abord un soldat, qui m’envoya chier bien évidemment, je demandai ensuite un type qui avait l’air de connaître la ville, il me répondit « Ich don’t capisco votre problema. », il fallait changer de tactique. J’entrai dans un pub portant de nom « Au paradis du houblon », la salle archipleine n’offrait que quelques places devant le bar, je pris l’une d’elle avant que quelqu’un d’autre ne l’occupe. Le tavernier vint à ma rencontre.

« Qu’est-ce que ça sera pour vous ? »

« Une brune. »

« Les maisons de débauches, c’est dans la partie Nord-Est de la ville. »

« De quoi ! Ah non, je vous parle de bière moi ! »

« Héhéhé, je sais. Ça fera deux pièces d’or. »

Je sortis le prix de ma conso le temps qu’il revienne avec ma choppe.

« Et voilà ! Il vous fallait autre chose ? »

« Oui, un renseignement, sauriez où je pourrai trouver un tailleur de cuir pas trop chère en ville. »

« Mmmmh, il y bien la boutique The Leather Corner dans le même quartier de celui des filles de joie. Remarquez, vous pourrez faire d’une pierre deux coups. »


« Très drôle. » répondis-je d’un ton grinçant

« Hahaha !» Fit l’aubergiste en s’éloignant vers d’autres occupations.

Je bus ma bière, et je sortis de ce pub rapidement entrainant sur mon passage un nuage de fumée issue de la salle mal aérée. J’ai du marché durant environ une dizaine de minutes avant d’arriver dans le secteur, on y croisait des passants issus de tout milieu social. Pour une fois, je trouvai facilement la boutique, cachée dans l’angle d’une rue où se partageaient plusieurs boutiques destiné aux aventuriers. La façade ne possédait pas de vitrine à proprement parlé, mais plutôt une banale fenêtre que la lumière puisse au moins entrer. Un large panneau de bois placé sous la limite du premier étage de la bâtisse, comportait le nom de la boutique inscrit en caractère gras. Je pénétrai à l’intérieur où comme la dernière fois, il n’y avait personne derrière le comptoir. L’échoppe n’était pas moins grande que l’autre et exposait autant de matériel, seulement l’ameublement ressemblait plus à du bricolage qu’à de vrais meubles. Je trouvai les guêtres et m’approchant de celles-ci, je fus coupé dans mon approche par le vendeur.

« Je peux vous aider. »

« Heu, non c’est bon. Je regarde juste, merci. »

« Comme vous voulez. »

Le griffon à la mine ternie et à la barbe longue, devait aussi s’occupé de la coupe du cuir dans l’atelier dans l’arrière-boutique. Je fis mine d’observer les lots de guêtres exposés, il y en avait des tout à fait basics et d’autres plus recherchés, mais le prix restait quand même haut, je ferai mieux de les fabriquer moi-même, j’ai les outils pour. Par contre je devrai acheter les pièces de cuir, et ça, je n’en ai pas tellement envie.
              J’attendais que le vendeur retourne vaquer à ses occupations, en restant indécis, il finirait bien par perdre patience. Je me rapprochai progressivement des étagères à composants, j’avais déjà repéré une pièce de cuir assez grande et de bonne qualité. Je possédais déjà des clous et des lanières, il fallait que j’attende le bon moment pour choper le cuir et ma barrer en quatrième vitesse, le jeu pouvait en valoir la chandelle.
Le vendeur commençait à soupirer d’impatience devant ma lenteur, il regardait sans cesse la pendule accrochée derrière lui, ses gestes de plus en plus saccadé exprimaient son énervement. Ayant déjà réussi à voler du cuir antérieurement dans ma vie pour confectionner mon armure, recommencer n’est pas une chose impossible, c’est quand même pratique ce talent de tailleur de cuir, au moins, je peux bricoler des objets sur mesures et sans passer par un intermédiaire. Je me trouvais face à l’objectif, ma concentration était au maximum, il me fallait une ouverture, le prochain moment d’inattention. Il chercha quelque chose dans le comptoir, je saisis l’objet et je me précipitai vers l’entrée, j’ouvris la porte mais un choc violent me précipita en arrière et je tombai sur le dos, à terre. J’étais complètement sonné, mes oreilles sifflaient, je ne distinguais pas grand-chose, deux silhouette se penchèrent sur moi et me tirèrent, c’est ce moment -là que je perdis connaissance.

              Je me réveillai avec un sérieux mal de crâne, où est-ce que j’étais ? J’essayais de me lever, mais j’étais attaché par des sangles sue une sorte d’établis, je voulais crier, mais on m’avait bâillonné. La salle où j’étais attaché ressemblait à un atelier, les murs était recouvert d’un crépis ocre qui partait en morceaux avec le temps, le sol était jonché de chutes et de copeaux de cuir. En face de moi, se trouvait une porte dont on pouvait accéder par le biais de quelques marches, elle était entourée de deux étagères contenant un foutoir abominable.
La porte s’ouvrit d’un coup ! Le vendeur entra suivit de quatre autres individus, il y avait un terrestre assez baraqué, je pense que c’est celui qui m’a cassé la gueule sur le pas de la porte. Il était suivit par un autre griffon, un batpony, et un Crystal pony. Le vendeur s’approcha lentement.

« Dans une petite boutique d’un tailleur de cuir de Filly Delphia, devinez quoi qu’y a ? Il y a un atelier. Et dans cet atelier, devinez quoi qu’y a ? Il y a un petit salaud de voleur. Alors connard, on se remet de ses émotions ? »

« Mphffff.»

« Oh c’est vrai que tu ne peux pas causer avec ce bâillon. »

Il pointa le morceau de tissu avec sa griffe avant de foutre une torgnole.

« Socky, apportes-moi son paquetage. »

Le batpony saisit mes deux sacoches avec ses dents et les posa aux pattes du griffon. Celui-ci les ouvrit et commença à en faire l’inventaire.

« Voyons un peu ce que tu as. Oh la belle bourse, je pense que tu n’y vois aucun inconvénient à ce qu'on te la prenne, non ? Ensuite, une gamelle moui, ah, une poêle à frire. Je la mets de côté pour plus tard. Une lanterne avec une bouteille d’huile, une couverture ah ! Tiens Bulky, tu peux en faire des torchons. »

Le second griffon prit un couteau et lacera le morceau de tissu pour le réduire en charpie.

« Alors… tient ! Des outils de tailleur, c’est donc pour ça que tu m’as pris cette pièce de cuir, tu voulais compléter ton équipement, c’est idiot. »

Il renversa la première sacoche faisant sortir le reste de son contenu dans lequel il trouva mon réveil mécanique, qu’il jeta à terre brisant les minutieux rouages à l’intérieur.

« Bon, voyons voir la deuxième. Alors un bouquin, une carte, une pierre à affuter et Oooh, un couteau de chasse, puis joli en plus, je peux l’essayer ? »

L’individu s’approcha et fit une entaille à ma patte avant droite, du sang commençait à couler et fit une petite flaque sur l’établit.

« Il coupe bien dit donc, tu me l’offres ?... C’est gentil, merci. Tu possèdes pas mal de choses, tu as volé combien de personne au total, hein ? Dis-moi. »

Il attrapa alors le chapeau que Jack O’Minnerale M’avait donné à Appleloosa.

« Ce chapeau, à qui l’as-tu volé, le propriétaire doit être mort, autant que son chapeau le rejoigne. »

Il réduisit mon couvre-chef en charpie avant de poser sur ma tête.

« Voilà, je trouve qu’il te va mieux comme ça. Passons à ton armure, ôtez la lui ! »

Le quatuor exécutant les ordres du machiavélique griffon, défèrent les sangles qui servaient à tenir mon armure. Ils l’enlevèrent de force et la portèrent à leur chef.

« Mais dis-moi, elle est plutôt bien faite cette armure, c’est du beau boulot. Ça me ferait mal au cœur de devoir la détruire. On dira que m’en a fait cadeau, hein ?... Et puis cette cape, elle est jolie, mais un peu trop petite pour nous tous. Vu l’épaisseur qu’elle fait, elle doit tenir chaud. Tu n’as pas trop chaud quand tu la porte ?... Si ?... Attends, comme tu es un ami, je vais te l’arranger avec le superbe couteau que tu m’as offert. »

Il déchira ma cape de manière à que je puisse toujours la porter, mais avec de longues franges ridicules comme celles que l’on peut trouver dans les bals à thème ou dans les costumes traditionnels.

« Je te laisse ton épée, et comme je suis bon prince je vais même ranger tes affaire dans tes sacoches. Sans la bourse, le couteau et ton armure bien sûr, héhé. Comme ce sont des cadeaux de ta part. »

Il remit avec l’aide de ses compagnons le reste de mes affaires dans les sacoches avant de les poser à côté.

« Maintenant que les présentations aient été faites, veux-tu que nous te fassions mes compagnons et moi, un petit cours sur toute les possibilités du cuir. Notamment sur les objets divers et variés que l’on crée. Ça te dis ?... J’en étais sûr, sortez vos outils mes amis ! »

« Mphffffffffnoooooooooooooooooonnn.»


              On me jeta dans une ruelle qui passait derrière la boutique du tailleur, je reçu mes sacoches et mon fourreau dans le ventre, puis ils claquèrent la porte me laissant à mon propre sort, j’avais des bleus sur tout le corps. Même si ils ne m’avaient pas blessé ce qu’ils me firent subir était de loin l’expérience la plus désagréable que je n’ai jamais eu, j’ignorais combien de temps j’étais resté enfermé, et ils avaient bousillé mon matériel les salauds ! Le chapeau que m’avait offert Jack O’Minerrale était foutu, irrécupérable, ma cape en lambeaux pourrait être rafistolée mais le résultat risquait d’être assez moche, et ils avaient un foutoir abominable dans mes sacoches, je devrai tout retrier entre ce qui est cassé et utilisable, au moins il m’avait laissé mon épée. Le doute me prit, je retirai ma lame du fourreau qui la protégeait, Et merde ! Ils l’avaient martelé, fragilisé, et foutu un produit corrosif dessus, Fait chier ! Je jetais mon épée contre un mur sous la colère, elle se brisa lors du choc entre la pierre et le fer. Qu’est ce qui me restait ? Je fis l’inventaire de ce qui restait de mon paquetage, c’est-à-dire, pas grand-chose. En bonne état restait : Ma poêle, ma fidèle poêle, ma carte, mon livre (comprenant le parchemin érotique) ainsi que mes crayon, ma bouteille de gnôle n’avait pas été cassé, ma popote, ma lanterne avec sa bouteille d’huile, mes outils de tailleurs, ma pierre à affuter, et ma gourde ; le reste était foutu. Je jetai à la poubelle non sans un certain pincement au cœur, ma couverture, mon réveil, mon chapeau, ainsi que toute la bouffe que j’avais, puis je rangeai ce qu’il me restait dans mes sacoches.

              Que faire ? J’errais dans le quartier chaud lapin de Filly Delphia depuis bientôt trois heures, m’arrêtant par moment pour fixer un point dans le vide, sans argent, sans arme,  je ne pouvais rien faire. Ma carrière venait d’en prendre un coup, de guerrier solitaire, je passais à clochard. Le soir tombait, j’allais devoir passer la nuit dehors à l’abri sous un pont ou autre chose, j’allumais ma lanterne pour garder un peu de chaleur près de moi. Oh putain ! Une idée farfelue me traversa l’esprit, une idée alléchante, risquée, complètement tordue, mais elle viderait mon sac à coup sûr, quitte à être un rebus de la société, autant y mettre les formes. La vengeance est un plat qui se froid, il allait être brulant. Oh oui ! Hahahahaha ! Splendide idée, mélange de matière grise refoulée et de synapses enragées, cocktail Molotov d’essence de térébenthine et de pensée désespérées.  Ô joie ! Archanges lumineux et grands arcs-en-ciel, gais rossignoles et merles râleurs, et je serai bien seul quand nous chanterons le temps des bêtises. Oui !

              Le sourire aux lèvres, je tenais ma vengeance, j’en riais, un rire gras, cynique, il résonnait dans mon crâne comme un écho, un signal, une ligne sonore dont j’étais obnubilé et complétement obéissant. La route toute tracée, il m’était impossible de me perdre, j’avançais d’un pas sûr vers la bâtisse de mes bourreaux. Héhéhé ! Ils ne comprendront rien, tout est dans l’effet de surprise, ils n’y verront que du feu. Ahaaa, elle est bien bonne, Krrhihihihi.
J’arrivais devant la boutique The Leather Corner, elle était comme son nom l’indiquait, dans l’angle d’un pâté de maison, un bec de gaz était placé à l’angle et éclairait le croisement de quatre petites rues. L’intérieur de la boutique était encore éclairer, et l’horaire de fermeture dépassé, j’allais pouvoir commettre mon méfait, Joie ! Je posais ma lanterne par terre et je sortis ma bouteille d’huile, je vérifiai que personne ne se pointait au bout d’une des rues. J’ouvrai la bouteille mais juste assez pour qu’au premier choc le bouchon saute, je n’aurai plus qu’a la lancé par la fenêtre suivi de ma lanterne allumée bien sûr, hihihihi.

              J’allais balancer la bouteille d’huile, mettant en exécution mon plan, ma vengeance, J’étais dressé sur mes pattes arrière pour avoir plus d’élan, visant la fenêtre. Était-ce la meilleure solution ? Le doute me prit. J’étais déjà bien assez dans la merde, après avoir foutu le feu à l’échoppe, qu’est-ce que je devenais moi ? Je retombais sur mes quatre fers et je renfonçai correctement le bouchon, j’en ai fait des conneries, mais au fond, avec toujours un espoir de m’en sortir après, pas de me condamner. Ils m’ont pourri, et me faire arrêter signifierait leur victoire ; de plus, je ne suis même pas sûr qu’ils crèvent tous dans l’incendie. Je m’assis, désemparé et déprimé, ma lanterne et la bouteille devant mes sabots, j’étais seul et j’avais froid. La nuit était tombée, une nuit clair cette fois, et comme toujours, mille et une étoile scintillaient et la lune brillait de son éclat blanc. Je lâchai un cri de rage, je rangeai ma réserve d’huile dans une sacoche et prenant un caillou qui trainait là, je la lançais contre la porte de la boutique.

« Eh Ducon ! »

Me dressant sur mes deux pattes arrières et pivotant ma patte avant droite vers le genou de son homologue de gauche, je fis une patte d’honneur symbolique à destination de ces enfoirés. J’attrapai ma lanterne et je m’enfuis à toute allure dans les rues de Filly Delphia. Un jour, je reviendrai, je me pointerai devant leur misérable échoppe et ils goûteront à ma haine, ça oui ! J’en fais serment à moi-même, Hahahaha !
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Tout ça pour des Guêtres [solo]
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