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 Minkowski - [Concours]

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Reverse Song
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Dark Pledge

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MessageSujet: Minkowski - [Concours]   Minkowski - [Concours] EmptyMer 3 Juin - 11:47


-Tous propos sont, je le rappelle, la pensée de Reverse et ne reflète pas nécessairement ma propre pensée. N'oubliez pas de mettre les musiques proposées, elles vous aideront dans l'immersion et la lente descente de ce rp.
Merci ! -




La ville semblait s'éveiller dans la torpeur d'une nuit glacée, à peine éclairée par les réverbères huileux. Elle avait ces allures de fille de joie, trop facile à courtiser dans son lourd manteau de brume, fumant de ses docks dans l'épaisse odeur de rance, qui parvenait à vous faire frémir par son visage de poupée brisée. Le genre à vous caresser la nuque de ses doigts effilés, plantant ses ongles dans votre dos luisant de sueur. Et avant même que vous ne vous rendiez compte qu'il s'agissait d'un poignard, elle vous aurait quitté pour un autre, lovant sa croupe charnue et précieuse autour d'une nouvelle proie. Le genre à vous retourner la tête. Le genre qui vous glace et qui vous passionne. Avec ses magasins délabrés portés comme un boa de fourrure, ses lèvres pulpeuses et saillantes se courbant autour du fleuve en un pont de rouille et d'algues, et ses yeux. Ses yeux de biche aux longs cils, qui vous charment, qui vous attrapent, vous happant dans les ruelles les plus sombres ; sombres comme ses yeux de gitane ; ses yeux de serpents, qui vous hypnotisent et vous étouffent.
Il y avait en cette ville une âme, sombre, perfide, aux relents doucereux, certes ; mais une âme qui pulsait tout du long de docks où sommeillaient les rafiots abandonnés, les berçant de sa voluptueuse voix et de son jazz de goélands et de chiens errants.

Elle avait ces allures de fille de joie. Taquine, malicieuse, pétillante sous le teint gris de sa vie, souriant aux riches de ses dents jaunit par la drogue. Adorable venin qui coulait de ses paroles, et que l'on buvait sans mal, s’enivrant jusqu'à en tomber amoureux.

On aurait pût voir dans cette morne ambiance une simple nuit où les chats huant couvraient les hurlements des voisins dont le divorce semblait de plus en plus proche ; une soirée où les ivrognes étaient de sortis, animant les ruelles de leurs chants, jouant des poings comme l'on martèle un piano ; une habitude, un quotidien qui gravaient au pilon et aux insultes la mine renfrognée de ses habitants. Le genre d'endroit qu'on voudrait éviter quand on ne le connait pas. Car il naissait de cette ville, de cette pute, une dépendance, un besoin. Celui d'une bouffée de cet air aigre, poisseux comme celui que l'on tire de son cigare ; de ces bruits d'orchestres ivres et de dents qui volent comme le sonographe glissant une énième fois sur du Charles Ray ; de cet océan de pétrole étendant ses tentacules tout autour des quais comme le ferait le whisky de ses glaçons, lapant ses pourtours d'or et de sang.

Elle avait ces allures de fille de joie. La ville de tous les risques. Celle de tous les malfrats. La pute que les gens aimaient. La gamine brisée par la crise.

Bad Lands et ses dépôts fermés.
Bad Lands et ses bars qui fleurissaient comme les chardons dans les champs de blé.





Le verre s'imposa bruyamment sur la table de chêne craquelée, laissant son liquide de vermeil scintiller à la lueur des lampes huileuses. Les paroles, les rires, les moqueries fusaient tout autour d'elle sans jamais pénétrer son esprit, la laissant dans la moiteur alcoolisée de son tabouret. A bien des égards, le Poney Trinquant avait des allures de verre trop vide, avec sa salle aux proportions misérablement restreinte pour tant de monde, ses recoins solitaires où les vieux loups de mer y berçaient leur mélancolie, son bar incrusté de saleté -et certainement de diner trop tôt recraché- et surtout, surtout, sa chanteuse aux courbes généreuses. Du haut de son piédestal, elle laissait sa voix emportait les délaissés au regard vitreux de bourbon et de whisky, accompagnant chaque parole, chaque note de piano, par un langoureux mouvement de bassin, ses sabots plaqués à ses hanches, à ses seins, en parfaite harmonie avec la ville qui l'avait vu naitre. Les puristes n'auraient osé nommer ça une danse, s'y rapportant à bien des reprises à une parade d'intimidation digne d'une vipère, mais de ce que Reverse percevait entre deux soupirs lui donnait simplement goût à reprendre un verre, scandant le rythme de sa jambe. Le barman, bourru de sa moustache, la mine ravagée par les années à râler sur les ardoises, à défendre les bagarres et certainement à vider les fût trop vieux pour la vente, hésita un bref instant sur l'état de la jument, avant d'accepter sa nouvelle boisson lorsque son oreille affutée perçue la monnaie trébuchante sur le comptoir.

Il n'y avait pas de règles dans cette ville.
Probablement pas plus à l’extérieur.
On s'adaptait. Tout simplement.

L'orchestre, si l'on pouvait nommer cela ainsi, cessa de jouer dans une dernière salse mélancolique, tandis que l'on apportait à la Nécromante le distillateur, ses sucres et son absinthe. Le roulement des chopes martelant le bois du comptoir, sous l’œil noir du barman, s'accompagna des hurlements, des applaudissements, résonnant sans trêve dans le pub, lui donnant un air de terrier dans le quel une meute de loup, un peu écervelée, aurait eu domicile. Il fallut attendre les premiers notes du saxophone pour que le calme revienne. Que la boisson remplisse à nouveau les verres, se vidant avec autant de rapidité. Que les cœurs se soulagent sous la berceuse enhardie d'une étoile dans sa robe de paillettes et de rouge.
Et  le cabaret retrouva son ambiance enfumée, vapotant son alcool et sa débauche lorsque la porte s'ouvrait, apportant le froid nocturne et son lot de protestations.

Il n'y avait pas de règles dans cette ville.
Probablement pas plus à l’extérieur.
On s'adaptait. Tout simplement.

Et quand, d'un regard désespéré, la voix s'escamotant en un couinement soudain, la chanteuse recula sous les propositions indécentes des citoyens plus vraiment maîtres d'eux-même, une chope à peine nettoyée claque sur le comptoir. D'un geste rapide, brutal, le barman, véritable montagne de muscles, se saisit d'un des cafards, l'envoyant au deçà des tables, sous les rires et les acclamations du public. Les musiciens continuaient, hagard mais visiblement habitués, de souffler leur air enjoué, tandis que poings et cris, ruades et rumeur s'agitaient dans le pub aux relents apocalyptique.
On ne touchait pas à la chanteuse.
On ne cassait pas les verres.

Il n'y avait pas de règles dans cette ville.
Alors, probablement s'agissait il simplement d'un code à respecter.
D'une tradition qui s'était étendue des hautes instances jusqu'aux ruelles misérables de la ville.

Ou bien.
Ou bien y avait-il eu un jour, un jour faste, quelque chose qui puisse y ressemble. Quelque chose de grand, quelque chose de puissant, assez pour changer ce monde en une idylle délicieusement naïve.
Peut-être même ce camp de dépravés avait-il connu la gloire, l'entente.

Et si.
Et si le Dark Pledge avait vraiment été ainsi, constant au passé, dans une trame historique si linéaire que les plus gros scoops se seraient arrêtés aux naissances et aux chiens écrasés. Un royaume de terreur affublé d'une bannière d’orgueil et de mépris, transformé en un camp d'espoir, d'enrichissement. De savoir et de plaisir.

Et si.
Elle fit vaciller le liquide anis sous la lueur blafarde du lustre, admirant d'un œil morne les éclats d'or et d'argent qui dansaient lentement aux rythmes de ses mouvements.
Et si.
Un léger rire hoqueta son visage en un sourire désabusé.
Des mots d'ivrognes en quête de bonheur. Des pensées de déprimés qui venaient se noyer dans la quarte absinthe. Et pourtant. Tout au fond, dans les recoins encore sains de la pourriture environnante, il y avait ce sentiment d'espoir, ce morceau brisé qui venait percer les mauvais jours en une glorieuse lueur. Ce soudain frisson qui donnait envie et faisait regretter. Cette demie-prise de conscience.

Tout n'avait jamais tenu qu'à un fil.
Un putain de fil, fait de coïncidences et de choix.





Après tout, cette ville n'avait pu être mauvaise de base. Construite sur les mêmes convictions que les autres, elle avait simplement mal tournée. Un roi fou. Un peuple en crise. Juste des coïncidences et des choix différents. Car la société était le simple reflet de ses citoyens. Et eux-même n'étaient que la forme moulée dans cet environnement hétéroclite, nauséabond, violent.
Reverse elle-même n'était pas née mauvaise. Il y avait eu des circonstances, des possibilités. Quelque chose qui change les personnes, tout au long de leur pathétique existence. Ce bordel monstrueux que les gens nommaient destin ou volonté divine quand ils n'avaient pas les tripes d'assumer qu'ils étaient devenus ce qu'ils avaient choisi d'être. Les dieux avaient bon dos quand il s'agissait d'expliquer les choses quand on était trop con pour les comprendre.

Mais est-ce que cela aurait changé quelque chose de toute façon ?
La population avait toujours été ainsi. Et les dirigeants avaient tout intérêt à les laisser dans l'ignorance. Personne n'aimait manipuler des pions se sachant perdus. Se sachant contrôlés. Il y avait le risque qu'ils espèrent changer les choses. Une rébellion. Une idée.

Non. Il aurait fallu quelque chose de plus bouleversant pour que ce monde change, ne serais-ce qu'un tant soit peu. Un nouveau camp, une nouvelle bannière sous qui se rallier peut être. Un guide, quelqu'un capable de sonner les cors de l'accalmie et de chanter les chœurs de l'ordre. Un roi, une reine ; un empereur du salut, sage et puissant, repoussant la colère des uns au profit du respect des autres, ferme mais loyal, doux avec son peuple et sévère avec ses rares ennemis ; qui aurait fait trembler les terres en leur milieu, laissant les forets murmurer son nom, le vent scander son apogée ; un règne d'or, ignorant les bâtons et les couronnes pour régner, usant du mérite comme d'une cape, du bonheur comme trône. La personnification même de l'idylle, réduisant à l'erreur la perfection en sa simple définition ; un être, un berger. Menant un peuple vers la gloire ; un royaume vers son zénith ; conciliant les autres empires en un tout, un unique ; une voie de sagesse, de contemplation.

Mais qui.
Qui, quand les alicornes se pendaient sur leur palais de cristal, quand les tyrans s'agenouillaient sous la pression d'un peuple opprimé, quand les dragons ne soufflaient plus qu'amertume. Qui. Qui aurait eu ce pouvoir. Ce don que beaucoup réprimait comme une faiblesse. Qu'on oubliait, qu'on repoussait. Parce qu'on nous a toujours appris à l'éviter, à le corrompre, à le trahir. A ne le soumettre qu'à la volonté de domination, de possession ; comme un jouet, un bibelot que l'on pouvait malmener à notre bon vouloir. Que Reverse elle-même estimait trop pathétique à sa grandeur, sans se rendre compte qu'elle devait lever les yeux pour le dénigrer. Qui. Dans ce monde où l'amour et l'amitié n'étaient plus que des mots. Où le courage et la gentillesse n'étaient plus que des défauts. Où sourire était une marque naïve d'un bonheur qui ne pouvait pas exister.
Qui allait s'élever au delà des rêves.
Qui allait soulever le monde.
Qui allait le changer. Le moduler.

Le rendre meilleur.
Et peut être faire du bonheur autre chose qu'une utopie.

Il n'y avait, aux yeux de Reverse, qu'une seule personne. Une seule possibilité. Contée dans les livres d'enfants comme une héroïne ; ralliant les siens sous la bannière de l'harmonie ; cette licorne a qui le monde avait offert des ailes avait été élève de Célestia, belle-sœur de Cadance ; renvoyant au calme NightmareMoon pour en libérer Luna, écrasant l'essaim et sa reine Chrysalis, déjouant la malice de Discord et la rage de Sombra ; l'unique qui avait allié ou vaincu les six.

Twilight Sparkle.



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MessageSujet: Re: Minkowski - [Concours]   Minkowski - [Concours] EmptyDim 28 Juin - 22:56





Son verre se vida à nouveau en un maigre sourire, tandis que le barman reprenait sa place, dardant son œil mauvais sur les loubards boitant jusqu'à la sortie. Il était pitoyable de voir que leur sainte fine n'était qu'une pouliche, une gamine un peu trop rêveuse, un peu trop courageuse, le nez dans ses bouquins, les pattes entre deux mondes. Qu'aurait-elle fait de plus que les autres n'avaient pû réussir ? Elle n'avait ni royaume, ni sujets ; ni armée, ni palais. Juste des amis.
Autant dire presque rien.

Et elle avait sauvé ce monde plus d'une fois.
Elle avait sauvé le cul de bien des gens.
Avec presque rien.

Risible.

Qu'aurait-elle donc accomplie si la fierté des uns n'avait endigué son apogée ? Avec un empire a sa charge, peut être les aurait elle tous rassemblés sous un seul drapeau, une seule icône ; ou bien asservis en une douloureuse défaite. Elle semblait capable de tout, du bien plus que du pire ; mais ce qui était sûr, c'est que ce monde, ce futur désormais présent, aurait été changé. Bouleversé. Démonté. Et rassemblé.

Identique en sa structure.
Différente en sa profondeur.
Un univers parallèle ; comme un individu au sein d'une espèce mère.

Et peut-être ; dans un élan de folie, de rêves, d'imagination ; peut-être que sa vie aurait elle aussi était tout autre. Que ce serait-il passé, si ce monde avait reconnu un septième royaume ; s'il avait été gouverné par l'alicorne de magenta et de violine sous la tolérance et l'acceptation. Le pacte n'aurait certainement pas été brisé comme d'un simple vitrail, répandant son verre tranchant et sa lamentation cristalline sur les terres et ses peuples. Elle aurait trouvé une solution. Certainement les tensions auraient été vives, résonnant en complaintes mortelles, mais jamais les mots n'auraient dépassés les armes.
Celestia aurait partagé son royaume, usant de sa bonté et de sa poigne de fer pour l'aider à diriger dans l'accalmie offerte à tous. Sagesse aurait été son maître ordre. Savoir et gentillesse ses meilleurs atouts. Petit peuple aimant, petit royaume tranquille, petit palais modeste, mais grande reine auraient dit les plus anciens, assis sur les bancs d'un parc luxuriant à contempler ce qui ferait le futur de demain. Luna elle aussi aurait été d'une grande aide. Semblant plus ferme, plus discrète que sa sœur, elle l'aurait a jamais remercié de sa bravoure face à Nightmare Moon. Les marchés n'auraient été que plus florissant de marchandises,  agrémentant aux bibelots de grand-mères, peau d'ours et autres tapis facétieux la grandeur de la Lune et de ses royales pierres.
Ils auraient tous célébré le mariage de Sunshine Armor, frère et désormais mari de Cadance, dans l'engouement le plus total. Amitié et amour avaient toujours été l'arme de Twilight, il était donc normal que son lien avec le Crystal Affinity soit des plus remarquables. L'alliance des uns aurait fait l'alliance des autres, et une véritable harmonie se seraient instaurés en ces quatre pays. Probablement même auraient-ils joués des décisions entre eux, gérant le flux et le reflux de ce monde lors de leurs nombreuses réunions. Jamais l'économie n'aurait été aussi faste, ne cessant l'import et l'export qu'en rupture de stock. La logique des choses accélérant alors le travail, les plantations, le façonnage ou la manufacture elle-même auraient été demandées, jouissive, exponentielle à la situation.

Des années d'or que l'on ne regretterait certainement jamais, continuant inlassablement dans le ronron quotidien du rêve qu'était devenu cette vie.

Les complications auraient d'un tout autre ordre. Comment Twilight aurait-elle alliée les trois autres à sa flamme ? Discord avait été vaincu et banni trop de fois, et si Fluttershy partageait avec lui une relation des plus platoniques, il n'en était que tout autrement pour la récente alicorne. Que pouvait donc amener le calme et l'ordre pour le dragon du chaos ? C'était risible, et profondément ironique. Lui qui aimait le son des cors des mêlées, les hurlements et la panique engendrés, il n'aurait accepté ce synthétique pacte qu'à un prix fort. Peut être, simplement, la crainte d'être à nouveau terrassé. C'était, après tout, le meilleur des arguments, celui qui avait certainement accepté Chrysalis et Sombra malgré leur férocité envers les autres ;celui qu'usait tous les guides clamant prospérité et amour. Être suivi, ou périr. Le monde était, après tout, trop petit pour s'ignorer.
Et encore moins pour s'accepter.

Ironique.
C'était le mot.
Pour la situation comme pour elle.
Et pourtant la rare solution.





Alors, le monde aurait brillé. Jamais le son des cors n'aurait retenti dans les plaines. Jamais les villages n'auraient été pillés, désertés. Jamais les rois ne seraient tombé, les peuples annihilés. Il n'y aurait eu que la douceur d'une tranquillité a jamais gelée, la mélopée du quotidien redondant, sans aventures, sans mystères. Celui qui laissait les plaintes d'ennuis s’élever, et que, pourtant, tout le monde pleurait lorsque l'action leur parvenait. Ce calme, cette candeur, dans tous royaumes.

Les Terres sombres n'auraient été ce qu'elles semblaient être à ce jour. Paradis du crime et des voleurs, des fugitifs et des lâches, ceux qui avaient fui les lois, ceux qui avaient perdu sur les champs, chair à canon ; les traitres et les fous, les mercenaires et les esseulés. Ceux qui n'avaient leur place ailleurs, ceux qui ne rentraient pas dans le moule de la société. A quoi bon les parcourir désormais, puisque le royaume sombre était identique aux autres. Identiques en lois, en moral ; en commerces et en population, ne se démarquant que par son architecture et ses paysages. Comme des clones, pompés uns a uns sur la gloire de Twilight, soumis, annexé de pensées, de souffle. De différences.

Qu'aurait-elle fait, alors ?
Elle, la pouliche de noir et d'or. Celle qui parlait aux invisibles, aux nuisibles ; celle qui comprenait le monde dans le tout petit, dans le tout grand, dans le rien et dans le néant. La gamine farfelue, celle qu'on pensait dotée d'une très grande imagination avant de la voir grandir, plongée dans les mêmes méandres, et d'en avoir peur. Celle qu'on pensait simplement gentille, pour ne pas dire stupide, le regard vitreux, fatigué. Celle qui entendait des choses, qui voyait ce que les autres ne pouvaient pas même concevoir. Celle qu'on ignorait. Qu'on martyrisait. Qu'on exaspérait. Parce qu'après tout, elle était différente. Elle était étrange.
Qu'aurait-elle fait, si les trompettes de la destruction n'avaient sonnées à sa porte. Qu'aurait-elle fait, dans ce monde lisse, artificiel ? Deux ans. Peut être trois. Elle aurait, comme tous les matins, regardé par la fenêtre. Et comme tous les jours, il n'y aurait rien eu. Ni soldats, ni annonce. Ni trompettes, ni appel aux volontaires pour entrer dans le corps militaire. Juste le soleil que Celestia aurait levé, haut, fort, brillant, comme à jamais. Et comme tous les jours, comme tous les poneys à cet âge là, on aurait cherché à la sociabiliser. Et comme dans tout monde parfait, elle aurait eu des amis, des pleurs, des jouets volés, des jouets rendus ; des goûters de partage, des coloriages, des cubes, et parfois, dans la moiteur de la sieste, une histoire de roi et de reines, de dragons et de luttes, qui n'auraient jamais lieu en ces terres saintes. Des contes pour enfants. Stimulant l'imagination, inventant de nombreux jeux, de nombreuses règles. Laissant alors la tristesse et le ravage au rang de souvenirs, lointains, perdus.

Pas de silences pesants aux dîners. Pas de larmes dans les yeux de maman. Pas de cris dans la bouche de papa. Pas de conflits, ni d'insultes ; pas d'engagement dans cette fournaise enivrante et chaotique, pas d'au revoir. D'adieux. Juste un baiser après sa compote. Une énième histoire de troll et de lycans, de choses qui n'existaient pas ; qui ne pouvaient exister. Et le sommeil. Léger. Agréable. Bordé de rêves d'étoiles et de joie. De naïveté et d'extases.
Ce quotidien, gravé dans chaque famille.
Sans changement. Sans fluctuations. Courbe. Lisse. Parfait scénario d'une série B. Le genre qu'on regarde sans trop faire attention. Le genre ennuyeux, sans profondeur, sans lyrisme. Juste la vie.

Celle qu'on aurait, au fond, tous voulut mener.

La rentrée des classes, pour beaucoup, avait été une véritable épreuve. La séparation avec les parents pour la durée terriblement longue d'une journée en avait fait pleurer plus d'un. Et probablement aurait-elle, elle aussi, lâché quelques cris de protestations dans ce monde parfait. Pas de mère solitaire pour lui dire au revoir, pas de soupirs en la voyant s'éloigner, sans plus de cérémonie, habituée à la solitude, à l'indépendance parentale. Pas de malaise. Pas de silence. Non. Juste des baisers, des câlins, des derniers a répétitions, jusqu'à ce que la maîtresse ne la demande en cours. Juste des rires maternels, des réprimandes paternelles lorsqu'elle aurait, dans une tentative désespérée, mordue la fonctionnaire. Et jours après jours, elle s'y serait faite, quoique difficilement, la forgeant à moins compter sur les autres. A devenir plus curieuse, plus enjouée. Plus sereine. Car l'entraide aurait été le symbole de cette faction. L'amitié. L'amour. La cohabitation. Tous ces beaux mots qui faisaient bien sur papier, auraient été leur quotidien. Leur lissage. Leur moule. Ainsi aurait été la vie. Jours après jours, semaines, mois, années, s'écoulant lentement dans le ronron des rires et des chants, s'extasiant sur chaque découverte, sur chaque expérience, se tentant aux sauts et aux obstacles, aux matières et aux théories, cherchant, comme tous poulains, sa marque de beauté, son atout. Se cherchant, comme l'on cherchait chacun dans cette ronde folle.





Et puis, un beau jour, comme l'on en fait beaucoup dans les histoires pour enfants, il y aurait eu un murmure. Un son, lointain, presque inaudible à celui qui ne tend pas l'oreille. Une sensation. Un sentiment peut être. Quelque chose qui fourmille, qui chagrine, qui emporte. Elle n'en aurait pas tenu compte, se préparant comme à son habitude pour une nouvelle et énième journée de classe. Après tout, aujourd'hui, elle allait apprendre les multiplications. C'était important, d'apprendre. Tout du moins pour elle. Alors, à quoi bon s'inquiéter de ce léger mal-être. A quoi bon se préoccuper d'autre chose que de sa propre existence. De son petit confort.

Car Reverse était, ou tout du moins, fût, comme bien des gens en ce bas peuple. Trop soucieux du prochain repas, de la nouvelle mode, pour percevoir ce que ses yeux déviaient. Ce que la société désirait cacher. Comme si la lumière ne pouvait parvenir jusqu'à eux, se contentant de réfléchir sur leur crâne écervelé et luisant de pureté.

Et jours après jours, elle aurait ignoré ses appels, cette envie soudaine de pleurer, de rire, de s'amuser d'un rien, entendant, scandant les paroles qui semblaient venir de nulle part et de partout à la fois, isotropes à sa propre personne, véritable catalyseur pour ses invisibles qui ne demandaient qu'être comprit. Pourtant. Pourtant, elle ne comprenait pas. Aussi étrange que cela puisse paraître, elle ne comprenait pas. Ces voix, ces impressions, ces souvenirs. Ni d'elle ni des autres. Seule à les entendre.

Le destin n'existait pas.
Une simple idée pour accepter la fatalité, en rejetant la faute sur les dieux auxquels on croyait qu'en cas de danger. Que lorsque l'espoir se perdait.
Alors, pourquoi. Pourquoi, dans cette vie parfaite, dans cette ville parfaite, dans ce monde parfait, tout, absolument tout, aurait dégénéré avec l'apparition de sa marque de beauté ? Pourquoi fallait-il qu'elle hérite de cet immonde œil de la providence. Pourquoi fallait-il que son talent soit la compréhension de l'incompréhensible, la vision de l'invisible, le tout et le rien, comme si le néant se devait d'avoir un allié. Un poids trop lourd pour une enfant. Une pensée trop riche pour son cerveau meurtris par les avis stéréotypés des adultes. Ne pas réfléchir. Ne pas penser différemment. Et se contenter de vivre dans ce qu'on avait sans jamais se demander « et si ».

Et si.

On en revenait encore a cette idée grotesque.
Et si. Et si sa cutie mark avait changée ? Et si elle était née ailleurs. Et si. Et si, tout simplement, elle n'avait jamais existé ? L'alcool semblait prendre le dessus sur son humeur, lancinant son crâne de coups meurtriers. La musique elle-même était devenue simples vibrations, crissements de violons, souffles de trombone, hurlements de chants ; une cacophonie qu'elle ne parvenait plus a décrypter comme un son, mais comme une souffrance. Le bar de chêne semblait se rire de lui. Ou bien était-ce le patron.

Ou encore ces foutus invisibles.
Ces bactéries dans son verre de nouveau trop vide.
Ces rats dans la cave du boucanier.
Ces corbeaux sur les toits.

Ces. Enfoirés. Qui lui avait tout prit.

Elle aurait pleuré, comme elle avait toujours fait. Roulée en boule sur son lit, la tête plongée dans son oreiller, cherchant, en vain, à taire ces voix. Elle aurait hurlé, craché, écorché vif sa peau pour calmer ses êtres. Les médecins auraient continué leur diagnostic erroné, médicaments sur consultations, et les clercs eux-même n'auraient été que spectateurs de ses crises.
Le temps n'avait plus lieu en elle.
Il ne s'agissait que d'une horreur s'étendant au-delà du raisonnable.
Engouffrée dans une spirale infernale, lentement, ses pensées se seraient muées, silencieuses, ses yeux contemplant le plancher, vides de toute vie. Morte. Oui. C'était le mot.

Reverse était morte.
Morte depuis bien longtemps.


Et elle les aurait vus. Les aurait perçu. Plongée dans sa tristesse, dans son désespoir, dans le noir macabre de la dépression, elle aurait su. Cette lumière. Ces voix.

Elle aurait compris.
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MessageSujet: Re: Minkowski - [Concours]   Minkowski - [Concours] EmptyMar 30 Juin - 21:14






Tic. Tac. Tic.
Elle contemplait les enfants, ses camarades de classe jouant, riant de bon cœur, profitant de l'aubaine de la récréation pour respirer, souffler, entre les divers exercices, de plus en plus complexes.
Tic. Tac.
Seule, pour la première fois. Assise a l'ombre d'un arbre, les yeux toujours aussi vides, toujours aussi froids, scrutant fixement la zone de bonheur qu'elle avait délibérément évitée.
Tic.
Elle savait. Elle avait toujours su. Simplement, elle avait préféré se mentir. Car il était plus facile de suivre la marche funèbre que de sortir des rangs. Plus facile de vivre, que de survivre.
Tac.
C'était étrange, n'est-ce pas. De voir tant de vies, tant d'animosité, dans des corps, qui, bientôt, pourriraient pour le plus grand bonheur des invisibles. De connaître la temporalité, de subir le choc de la mortalité. Un grand cercle. Une ronde. Qu'importe comment l'on nommait ce cycle infini. Il était tabou. La vie primée sur la mort.
Tic.
C'était ainsi.

Mais alors.
Pourquoi mourrait-on ?

Tac.

La peur que cette pensée avait engendrée en elle semblait s'être ancrée en son sein, si puissante, si profonde, qu'elle ne parvenait pas à la décrire avec de simples mots. Elle ne ressentait pas cette peur comme l'on pouvait être effrayé d'une araignée ou du vide. Non. Elle vivait cette peur. Elle était en elle, quelque part, tapis, se mêlant à son sang, dévorant son sommeil, écorchant sa raison, écrasant son innocence. Elle était cette peur.
Elle avait passé de nombreux jours, peut être des mois, avant de comprendre. Avant que cette peur de l'inconnue ne redevienne la curiosité, malsaine, qui l'avait fait naitre. Il ne pouvait y avoir de vie sans mort. Ni de mort sans vie. On ne pouvait lutter contre la mort comme on ne pouvait lutter contre sa propre naissance. C'était ainsi. Quelque chose d'irrémédiable. D'intense. Et pourtant, pourtant, d'étonnement jouissif.

La question avait plongée ses parents et ses professeurs dans une étrange perplexité. De toute évidence, lorsqu'on était une jeune pouliche, les questions de vie et de mort ne devaient pas être pensées. En fait, tout ce qui s’attelait à la mort, a l'après-vie ou même à l'invisible, était tabou. Pour n'importe qui. Pourtant. Pourtant, tout le monde mourrait, alors pourquoi le cacher ? Pourquoi laisser espérer de jeunes enfants qu'ils seraient à jamais sur ce monde, et que les au-revoir ne seraient jamais des adieux?
Là encore, sa théorie effara le petit peuple. On avait tenté de lui expliquer que ce monde était régit par des lois naturelles, et qu'on ne pouvait rien faire contre cela. Que la vie était un présent, un don, et qu'un jour, on devait à notre tour la redonner. Que nous retournions à la terre et que de cette terre naissait les plantes qui nous nourrissaient en retour. Un cycle miraculeux pour eux.

Un cycle morbide à ses yeux. Cela signifiait il qu'on se nourrissait de cadavres depuis tout ce temps, et qu'un jour, on la dévorera à son tour ? Alors, les immondes choses qu'elle ressentait dans le sol, dans le fourmillement incompréhensible des fondements naturels, avaient raison ? Ce don qu'elle avait, celui de communiquer avec les nuisibles, ces êtres répugnants, détestés pour ce qu'ils étaient, bactéries et champignons, rats et larves, étaient-ils la preuve de cette après-vie ?

Elle avait haït ce don, ce talent qu'avait été la compréhension de l'invisible. Et d'autant plus, elle avait détesté les regards sur sa cutie mark, les moues stupides sur ses explications. Certains avaient reçu celle d'être incroyablement talentueux en dessin, d'autres d'avoir un registre de cuisine des plus remarquables, certains même pouvaient jouer aux échec les yeux fermés. Tant de pouvoirs, de talents utiles et agréables. De démonstrations passives qui changeaient les vies en une sympathique balade dans les méandres du temps.
Elle avait toujours détesté son pouvoir. Parce que cela impliquait une compréhension du dégout, de la peur. Parce que, là encore, la maladie et la nuisance étaient tabous. Omniprésent. Mais silencieux.

Et que comprendre ce qui était tabou, c'était, par définition, mal.





Mauvais.
Par définition, le contraire de bien. Ce qui était vilain, moralement abject. Laid, ou bien vil. Pour une raison ou une autre, il faisait partie de ses rares adjectifs à ne pouvoir être tourné de manière optimiste. Car il était son exact opposé.
Mauvais. Cela prenait diverses formes. Un sandwich jambon-beurre-dentifrice était mauvais en goût, probablement en odeur et pourtant, visuellement appétant. Un élève ayant ce que le poney lambda nommé une bulle dans une matière faisait de lui quelqu'un de mauvais en ce cours. Mais il restait, dans la forme, quelqu'un de bon. Une chaussure pouvait être mal agencée, et ainsi provoquer douleur ; cependant, elle était réparable.
Mais elle. Elle. Pour une raison ou une autre, son but était mauvais.
Simplement mauvais. Car il ne pouvait être décris autrement. C'était ainsi.
Et la majeure partie des gens l'acceptaient comme tel.

Quelle était donc cette frontière, invisible elle aussi, qui lui semblait désormais floue ?

Celle que tous appliquaient. Celle que la justice scandait. L'enfant est une sous-espèce, idiote et qui doit le rester. Il ne doit savoir, il ne doit comprendre, car adultes, ils seront trop intelligents pour être heureux. Laissons-les donc avec leurs histoires abrutissantes, leur moral dérivée, décadente. Ne tues pas ceux de ton espèce ; mais les autres, nous nous en contre fichons. Ne gaspilles pas l'eau, mais achètes donc de vêtement fait de coton avide, cultivé dans les régions sèches par des poulains de ton genre. Éhonte-toi des idiots à la télé, mais ne fais rien pour les en empêcher. Moques toi, points du doigt, ris, tu te sentiras certainement plus haut après ; sans jamais voir qu'il ne s'agit là que d'un miroir. Ne t'habilles pas en rose, car les couleurs ont un sexe ; ne joues pas avec des poupées, tu es un garçon et il serait dommage de te développer un instinct paternel quand tu peux jouer les mécanos avec tes petites voitures. Ne la plaint pas, si elle s'est fait violée, c'est de sa faute. Après tout, les vêtements sont uniquement fais pour la transformer en viande, pas pour la météo, pour plaire ou pour une religion.
Soit. Deviens. Obéis. Et marche avec ses œillères. C'est ainsi que furent tes parents. C'est ainsi que seront tes propres enfants. Heureux mais aveugles. Souriant, mais perdus.

Il n'y avait pas de place pour les anormalités.
Il n'y avait pas de place pour la pensées.

Elle avait toujours détesté son talent.
Mais aujourd'hui, pour la première fois, elle le comprit. Pour la première fois, elle l'aimait.

Et quelque chose se détraqua en elle.

Dans ce monde imparfait, elle était partie. Rejoignant les rangs du DarkPledge en la parfaite sans-abri, sans-cœur et sans moral qu'elle avait toujours été au fond.  La loi du plus fort, celle qui traîne les faibles, celle qui admet que les plus méritants, l'avait enivrée, lui laissant l'amer goût du trop peu en bouche. La nature elle-même le savait. Les malades, les handicapés ; ceux faibles, que ce soit physiquement ou mentalement, étaient éradiqués ; et seuls les plus forts, les plus agiles, les plus intelligents, survivaient, se reproduisaient, faisant de leur race la plus adaptée à ses besoins.
Mais les poneys, eux, n'avaient cette idéologie. Tous devaient vivre, même si cela était contre-nature. Tous devaient vivre, emportant dans leur chute l'espèce tout entière. Et c'était ainsi que l'on se retrouvait avec ses pouliches dont l'occupation première était la mode et le maquillage, et, pire encore, dont la question primordiale fut la date de leur dépucelage ; avec des mâles machistes, roulant des muscles et des crachats, s'imposant comme un dominant sur l'objet de leur désire, se contentant de la comparer à un steak un peu trop a point.

Extrémiste.
Cette méthode de pensée n'était pas morale.
Pas juste.
Pas. Logique.

On l'avait ainsi nommée. On l'avait ainsi montrée.
Et seul le royaume aux fanions rouges semblait la comprendre. Appliquant sans vergogne cette loi -celle du plus fort- la jungle de béton était devenue un paradis, tranquille, harmonieux. Doué. Puissant. Ce que les autres n'étaient pas, ils l'étaient, eux, les voleurs et les traitres à leur sang ; les brigands et les meurtriers. Ils avaient compris. Les règles, les moral. Cela n'avait rien de logique. Rien de naturel. Et de cette bestialité primaire, Reverse en avait fait son crédo.

Mais.
Dans ce monde parfait, fictif, lisse ; elle n'aurait eu d'abri. Car les pays, unis, se seraient accordés sur un même point. Tous devaient survivre.
C'était ce que la société voulait.
C'était tout ce qui comptait.

Pour la première fois, son sourire enfantin devint glace.
Pour la première fois, la peur devint compréhension ; l'incompréhension devint haine.




Haine.

Curieuse, esseulée, perdue. Elle se serait plongée dans l'art noir de la nécromancie, y trouvant un refuge, y trouvant des réponses. Contenant encore un peu cette vague de sentiments, si intenses, si violents, qu'ils ne pouvaient être décrit, comme incrustés en elle, dans le sang, dans la chair. Dans l'essence même de la pouliche.

Douleur.

Incapable de fuir, incapable d'être comprise, incapable d'empêcher ses voix, ses idées, de venir, de ramper en elle, de déchirer son esprit, de briser ses maigres espoir. Incapable. Juste, incapable. Elle grandit au rythme de son noir pouls. Elle grandit dans la froideur et l'inquiétude. Car elle avait changé. Du jour au lendemain, elle avait changé. Et cette marque qui semblait briller de plus en plus, au fur et à mesure qu'elle sombrait dans la demi-conscience, dans la moiteur enivrante de la folie. Ces cris, ces sentiments intrus qui l'inondaient d'un flux constant, immatériel, douloureux.
Oui.

Agonie

Ni les pleurs, ni les hurlements ne semblaient la calmer. Si profonde était sa blessure que le mutisme l'avait gagné, se contentant de regarder, de murmure, de jauger chaque parcelle de vie, chaque objet, chaque être, comme s'il s'agissait d'une simple équation, qu'il fallait résoudre ou corriger.

Le temps n'était plus qu'une notion ; l'espace qu'un jouet malléable ; les gens, une distraction malléable et terriblement naÎve. Des pantins, des pions, sur l'échIquier qu'était le pouvoir qui grandissait en elle. Des cafards, des faibles, guidés par une société pervertie, décadente, chaotique. Répandant la peste en leur sillage, délaissant les forts de railleries et d'abandon. Riant. Ignorant. Détruisant.
D'immondes brebis galeuses qu'elle se devait d'abattre.

Dégoût

C'était inévitable. Tel le volcan aux allures paisibles, elle aurait explosé, d'un coup, sans avertissement préalable. Une matinée, tôt levée peut-être. Elle serait alors descendue dans la cuisine, bercée par les premières lueurs du soleil. Elle aurait pris son petit-déjeuner, comme à son habitude. Écoutée la radio n'annonçant que bonnes nouvelles sur joyeuses pubs. Passée à la salle d'eau, s'y rinçant avec animosité le visage. Se défigurant dans le miroir. Haïssant ce reflet si candide. Répugnant ces souvenirs. Cette vie.
Et puis.

Les voisins auraient certainement sursauté. Hurlés peut être. Mais sans nul doute appelés la police. Car de la maison de chaume et de bois, le feu se serait répandu. Vif. Brillant. Confrontant le soleil à un noble adversaire, éclatant d'un rire de soulagement. Elle serait alors sortie, choquée, traumatisée, l'œil vide, l'âme noire. Le cœur sombrant. Et quand ils se seraient approchés. Quand ils l'auraient effleuré de leurs sabots de suie et de crasse, de leur chair purulente d'immondices, elle les aurait tués. Nettoyant leur regard des flammes, brûlant leurs pensées, écrasant, déchiquetant de sa main noire.
Et puis.

Le silence.
Parmi les hurlements lointains, parmi les ordres, parmi la terreur.
Le silence. Pur. Doré.
Envahissant son être d'une douce mélopée.

Et un à un, elles les auraient ramenés à la vie.
Et un à un, elle les aurait conduit vers ceux qui osaient se mettre en travers de son chemin. Réduisant à néant ces chiens galeux et leurs lances de poussières.

Petit village de cendres.
Petit village d'os.


Jouant de ces pantins, manipulant la mort comme l'on avait manipulé sa vie. Perdue. Esseulée. La petite licorne de noir et d'or. Le sourire charmant. La voix douce. Comme une hirondelle écrasée au sol. Infestée de vers, pourrissant à la lumière. Son chant n'étant que les psaumes inverses d'un nouveau monde.
Un monde détruit.
Un monde de néant.

A son image.

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MessageSujet: Re: Minkowski - [Concours]   Minkowski - [Concours] EmptyMer 1 Juil - 0:09






- Hey, on va fermer.

Le sursaut fit rouler son verre sur le comptoir, rattrapé de justesse par un barman au regard mêlant agacement et amusement. Son regard se porta sur les environs, vides, tandis que les pensées revenaient à elle, floues, confuses, et atrocement douloureuses. De toute évidence, cette sieste inopinée n'avait fait qu'aggraver la situation, et l'alcool n'en était qu'un des plus grands alliés.
Sa patte frotta son visage endolorie, tandis qu'elle lisait la note au tarif monstrueusement exorbitant. La bourse qu'elle avait reçue de ses nombreuses missions allait, encore une fois, y passer, oubliant alors auberge et autre gite de ce genre pour l'inconfort de son fidèle carton, laissé en contre bas d'une ruelle nauséabonde.

D'un pas hésitant, la vue encore papillonnante, elle se déplaça jusqu'à la porte d'entrée, non sans bousculer quelques chaises et tables au passage, tandis que l'orchestre remballait ses instruments dans les dernières rumeurs de la soirée.
L'air poisseux du port emplit ses poumons d'une vague iodée fraîche et écœurante, lui rappelant a quelle misère elle était rendue, dans son écharpe et sa veste de crasse. Serrant les dents, fermant les yeux pour réprimer un haut-le-cœur, elle s'avança, guindée, dans ces ruelles au dallage imparfait, comme si elle en était la reine, le port altier, le pas fier, et la croupe virevoltant sur la route pas assez plate à son goût.

Le destin. Ce n'était qu'un mot. Une fatalité. L'histoire n'était pas écrite. Et tout pouvait changer.
Pourtant, il y avait de ces gens, des ces contes, qui revenaient toujours à la même fin. A la même moral.
Des fils. De coïncidences et de choix.
Tous reliés, les uns aux autres, dans l'immense pelote qu'était la vie. Qu'était la théorie du chaos. Car si le battement d'un papillon pouvait provoquer une tempête, il pouvait aussi l'en empêcher. Comme si chaque être, chaque décision, avaient non seulement un impact sur leur propriétaire, mais aussi sur tous ceux le côtoyant, et connaissant ceux qui le côtoyaient, et encore, encore et encore ; sans jamais de fin.

Liés.
A jamais dans les ténèbres.
Moutons. Brebis.
Tous aussi galeux les uns que les autres.
Le sourire aux lèvres.
L'esprit revêche par l'alcool.
Léger par le sommeil.

Elle s'endormait, là, blottit dans son carton tel un chat errant.
Elle était heureuse.
Pour la première fois de sa vie, elle était heureuse.

Car elle s'était enfin rendu compte que personne ne l'était.
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