L'herbe pour Concordia (Quête)

Couchée sur le dos, le regard perdu dans le vide, je fixais le haut de mon plafond d'un air distrait. Les minutes passaient lentement sans qu'aucun changement ne se fasse à part le cliquetis des aiguilles, bougeant en rythme à chaque seconde. Toute la maison semblait plongée dans un silence pesant, interrompu quelque fois par un grincement qui venait d'en haut.. Mais ça, je ne m'en souciais pas. Sûrement ma sœur qui travaillait un peu tout seul pour se concentrer à fond, sans moi...

Je changeai de position, inconfortable. Je cherchais le sommeil depuis maintenant plus de 2 heures, et à chaque fois que je sentais les bras de Morphée s'enrouler autour de mon cou, j'ouvrais les yeux en sursaut. On aurait dit que quelques choses me retenait dans le monde des éveillés, mais quoi ? Alors je préférais fermer les yeux et essayer de dormir jusqu'à en avoir mal au cœur. Bon, je ne pouvais pas faire d'autre chose, hein... J'avais déjà volé récemment, donc refaire une tentative maintenant serait pure folie. Aller se promener dehors ? Bon, peut-être, mais je ne me trouverais pas forcément quelques choses à faire. Mais tout valait mieux que de rester cloîtrée chez sois à attendre que le putain de voile noire vienne se poser sur nous, hein ? Je décidai donc d'un air un peu plus résolu de sauter de mon lit en douceur. Après avoir écrit une lettre rapide à l'adresse de ma sœur et de l'avoir posé sur la table, je me glissai habilement hors de la maison et pris une grande bouffée d'air. Enfin !

Je croisai quelques personnes sur la route de Concordia, les saluant poliment d'un léger signe de tête. Qu'est-ce que je pourrais bien faire ? Peut-être bien un tour de vol sur les toits, ou alors me percher sur la plus haute tour pour regarder le monde de haut. C'était une des choses que j'aimais bien, surtout quand j'allais à Las Pegasus.. Mais pas ce soir. Cette ville était trop achalandée et je préférais aller faire un tour à Concordia qui l'était un peu moins, surtout en cette nuit qui annonçait un orage. Alors, ouvrant mes ailes préparés pour un petit vol, je les battis légèrement pour foncer un peu plus vite entre les maisons entassées.

Quelques minutes plus tard, j'étais enfin arrivée. Je jetai un regard circulaire autour de moi, alors que mes yeux turquoises tombèrent sur une chose que je n'avais jamais vu avant. Une sorte de large panneau de bois en plein milieu de la grande place. Quelques poneys jetaient de rapides coup d’œil curieux, d'autre passaient sans même en accorder un. Je décidai donc de m'approcher, jouant un peu des épaules pour tasser une fille de 20 ans qui me jeta un coup d'oeil frustré.

Hey, toi ! Excuse toi petite sotte !

S'cusez moi m'dame, pas l'temps, j'des vies à sauver. On s'revoit un prochain jour, v's'inquiètez pas !

Je me glissai habilement devant pour éviter un coup derrière l'oreille, puis jetai mon attention sur les feuilles épinglées sur le bois. Elles comportaient des annonces écrite par quelques personnes de la ville, si je voyais bien. Je scrutai donc chacune d'elles d'un air intéressé, cherchant quelque chose qui pourrait bien me plaire. Pourquoi pas une petite quête en cette nuit ? En tout cas, installer ça était une bonne idée.. Ça me permettrait de récolter un peu d'argent. Mon regard tomba finalement sur une feuille expliquant à une écriture à la va vite d'une maladie et de plante. En gros, quelqu'un voulait des plantes pour guérir sa femme, mais elles coûtaient trop cher et cherchait quelqu'un pour aller les chercher. Pas de récompense mais un éternel merci, hein ? Bien que, d'habitude, l'argent m'intéressait beaucoup, peut-être que faire cette quête serait bien pour moi. Ma réputation augmenterait sûrement et je serais donc.. Moins suspecte. Pourquoi pas même quelques informations croustillantes qu'on me livrerait plus facilement ?

Je jetai donc le dévolu sur celle-ci, la décrochant lentement d'un air résolu. Allez hop, c'était parti pour une bonne aventure !

Je m'étais revêtue d'une petite cape douillette de la même couleur que le ciel, donc bleu sombre, et d'une sacoche que j'avais lancé nonchalamment sur mon flanc. Dans celle-ci était posé une ou deux collations, un livre de poche des plantes et une boussole. N'oublions pas les petits couteaux que j'avais caché près de mon ceinturon.. Qui sait, cela pourrait toujours nous être utile. À part ça, rien de bien complexe : pas de botte ( je n'allais quand même pas aller sauter dans d'immense lac, ni me jeter dans des rivières boueuses, non ? ) ni de chapeau. Bon, en cas d'orage, j'avais toujours mon imperméable roulée en boule au fond de mon sac, sous le petit livre, mais j’espérais qu'il n'éclate pas de sitôt..

Je continuai donc ma marche dans la forêt, me remémorant dans mon esprit le nom de la plante que le mari de l'affiche cherchait. Ipodusiac, Ipodusiac. Je sortis machinalement le petit livre dans ma sacoche, puis tournai les pages jusqu'à tomber sur la lettre I. En gros, elle ressemblait à une longue tige verte avec quelques épines dessus, surmontés par une fleur complexe aux couleurs des feuilles en automne. Ils disaient aussi qu'elle poussait dans des endroits en hauteur, s'enroulant sur les grands chênes. Et bien.. Il ne manquait pas de ça ici, non ? Ça ne devait pas être si difficile à trouver dans une forêt remplie d'arbre... Ou pas.

Une heure plus tard, après quelques recherches intensives, je me mis à bouillonner intérieurement malgré la pluie qui tambourinait sur mon capuchon. Bon sang de bon soir de Luna ! Elles n'étaient pas si facile que ça à trouver, finalement. Je pris un instant pour m’asseoir en grignotant ma pomme, tournant lentement la tête autour de moi pour essayer d'apercevoir quelques choses par mis le temps sombre. Où pourrait-elle bien être ? Je plissai légèrement les yeux en ressortant mon livre pour jeter un coup d’œil, voir si je n'avais pas manqué quelques choses. Mais non, rien... Pas même une petite image comme : où donc trouver ces plantes dans la forêt des lunaristes, hein ?! Je poussai une exclamation indignée, puis fermai lentement les yeux.

Bonjour toi.

Je sursautai légèrement en me tournant, croisant le regard d'un vieux poney. Il avait une vieille capuche remonté sur son crâne où ne poussait qu'une petite pousse de cheveux, rivalisant presque avec sa peau crème parcouru de ride. Oui bon, il ne faisait sûrement que passer par là ...

B'jour m'sieur. B..Bonne soirée ? Hehe. Euh. Dites, v'savez pas où on pourrait trouver des Ipodusiac ? Je cherches ces plantes pour les apporter à quelqu'un.

Le vieux poney pencha lentement sa tête, me regardant comme si j'étais une jeune extraterrestre. J'avais dis quelques choses de mal ? Un sourire édenté se cala sur le vieux poney alors qu'il murmurait :

Mh, peut-être que la mémoire me reviendrait avec quelques pièces d'or ? ...

Je le regardai d'un air idiot, puis secouai ma tête. Pas question de lui lâcher des pièces d'or alors que je pouvais le trouver tout seul ! Je secouai légèrement ma tête, puis me détournai pour trottiner hâtivement droit devant moi. Il faisait quand même un peu peur ce vieux, avec son air bête et ses yeux brumeux... Un long frisson me monta le long du dos alors que je m'ébrouais, sachant les petites perles d'eau de ma crinière humide. Quelques minutes plus tard, environs 10 minutes, je remarquai un arbre plus loin devant moi qui attira grandement mon attention. Sur son tronc se zébrait des plantes vertes qui ressemblaient à ceux sur l'image. Avec un peu de chance...

Je bondis légèrement dans les airs, filant droit vers le haut du grand chêne avec un peu d'espoir, au moins une goutte. Allez, allez, allez ... Et voilà ! Un grand sourire illumina mon air sombre alors que j’agitai avec sympathie mes ailes. Parfait ! Les délicates couleurs automnales de la douce fleur brillaient devant moi comme le plus beau joyeux du monde.. Après au moins 3 heures de recherche. Je sortis délicatement mon couteau pour en cisailler quelques unes, les glissa doucement dans une protection en feuille puis les mis dans une pochette caché de mon sac. On m'avait bien avertis qu'elles étaient fragile, mais surtout venimeuse lorsqu'elles n'étaient pas plongé dans de l'eau chaude pendant 3 minutes. Je prenais donc toute mes précautions..

Enfin, j'allais pouvoir simplement aller les porter et tout serait terminé... Avec un soupire, je me dirigeai vers la maison indiqué sur la lettre, les sabots boueux mais le cœur léger.