Goaty Boop fait son entrée sur scène

Goaty Boop est une chèvre plutôt jolie. On le lui a d’ailleurs dit très souvent lorsqu’elle était petite. Ses cornes sont petites et légèrement recourbées. Ses oreilles sont généralement dressées dans une attitude plutôt fière, qui peut dérouter mais n’est en réalité qu’une façade. Elle a de grands yeux bleus qui lui viennent de son père, et de longs cils qu’elle tient de sa mère. Elle les maquille souvent d’un trait noir qui donne à son regard un petit quelque chose qui fait souvent son effet. Son pelage est dans l’ensemble blanc, avec des poils plutôt longs, en particulier le long des jambes, et sur son front où ils forment un toupet où elle aime accrocher de petits accessoires. Quelques petites tâches noires et brunes viennent parsemer sa robe sur le côté gauche de sa croupe ainsi que sous son œil droit, jusque dans son encolure. Des petites tâches dont elle est désormais fière, même si ils lui ont valu quelques moqueries lorsqu’elle était encore une chevrette. Ses sabots sont complètement noirs.
Son allure générale peut sembler un peu hautaine, mais c’est quelque chose qu’elle cultive pour se protéger. Si elle vous fait confiance vous vous rendrez vite compte que ce n’est qu’une façade. Elle porte toujours sur elle un petit poignard qu’elle a fabriqué elle-même avec son père et qu’elle dissimule à l’intérieur de sa jambe postérieure gauche. Elle porte souvent des vêtements assez colorés aux coupes originales, qu’elle fabrique ou modifie elle-même. Une chose est sure, si vous avez la chance de l’avoir à vos côtés pour la soirée, vous ne passerez pas inaperçu.

Si l’on devait ne choisir qu’un seul mot pour la décrire, ce serait sans doute sure d’elle. En effet cette chèvre ne reculera devant rien pour aller au bout de ses idées. Si il lui faut transgresser pour cela une loi, ce n’est pas ça qui l’arrêtera. Elle a très souvent des idées un peu loufoques qui peuvent surprendre ceux qui ne la connaissent pas. Il n’y a qu’à regarder son choix de métier pour le comprendre. Choix que ses parents n’ont d’ailleurs jamais compris, et ne lui ont pas vraiment pardonné. Mais même ça n’a pas suffi à l’empêcher de suivre la voie qu’elle s’était choisie, envers et contre tout. Goaty Boop n’a pas beaucoup d’amis, mais ceux qu’elle s’est fait au fil des années sont de vrais amis, en qui elle a une absolue confiance et pour qui elle donnerait tout. Elle n’a jamais eu froid aux yeux, et elle fait sa route en suivant deux dictons : « Le ridicule ne tue pas » et « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. » Dictons qu’elle s’est d’ailleurs amusée à combiner pour en faire sa maxime personnelle. « Le ridicule nous rend plus fort. »

Goaty Boop a eu une enfance plutôt heureuse, sur les terres de Bottom Frog, à peine une heure de trot de la capitale, The Breach. Ses parents étaient heureux de la voir arriver dans leur vie. Son père, un forgeron de talent, rêvait de transmettre son savoir à cette fille, leur petit bijou. La petite était très éveillée et apprenait très vite. Elle était un petit rayon de soleil dans leur vie et ils la chérissaient plus que tout au monde. La mère de Goaty Boop était chanteuse. Elle fredonnait chaque soir à sa petite fillette une berceuse qui s’était gravée dans les souvenirs de Goaty Boop. Si ses parents étaient maintenant loin d’elle, elle pensait à eux régulièrement, et lorsqu’elle se sentait seule ou qu’elle avait peur, elle fredonnait ces quelques notes qui lui redonnaient du courage.

Lorsqu’elle avait environ 15 ans, elle et ses copines, qui étaient toutes les trois un peu timides et n’étaient jamais sorties avec des garçons avant, se mirent à  fantasmer sur le bel étalon licorne qui venait d’arriver dans le village. Aucune n’osait vraiment l’aborder, mais Goaty Boop décida qu’elle n’avait rien à perdre à essayer. Au pire il se moquerait. Au mieux elle finirait au bras du plus bel étalon des environs. Alors elle se lança, sous les regards et les gloussements étouffés des autres. Et à sa grande surprise, il ne fut pas insensible à son charme. Il accepta de la voir et ils allèrent à quelques rendez-vous ensemble. Goaty prit alors conscience de son potentiel et s’amusa à en jouer. Elle commença à fabriquer quelques vêtements et bijoux, demandant souvent de l’aide à son père ainsi qu’à sa mère. Elle commença à prendre soin de son apparence, et enchaina les conquêtes, devenant la coqueluche de son groupe d’amies. Des amies qui n’en étaient pas vraiment, Goaty s’en rendit compte assez rapidement. Elle aimait être au centre de l’attention mais elle sentait bien qu’elle ne pouvait pas compter sur elles. Les amies qu’elle se fit à cette époque ne comptaient pas, seules celles d’avant comptaient, et Goaty était elle-même lorsqu’elle se trouvait avec elle. Loin de tous ces jeux de séduction.

A 18 ans, son père lui demanda d’apprendre le métier pour reprendre son commerce. Ce qu’à sa grande surprise elle refusa. Ils eurent une dispute assez violente, et Goaty passa quelques jours chez l’une de ses amies. Après ces quelques jours elle se sentit coupable et décida de rentrer chez ses parents, et d’essayer, pour faire plaisir à ceux qui l’avaient élevée, d’apprendre ce métier. Elle tint deux ans. Deux années pendant lesquelles elle apprit les bases de ce métier auprès de son père. Elle aimait ça, fabriquer des objets. Elle s’était d’ailleurs forgé une lame qu’elle réussissait à dissimuler habilement près de son sabot arrière. Mais après ces deux années elle en eut marre. Cette vie ne lui plaisait pas vraiment. Elle ne se voyait pas faire ça. Elle voulait faire autre chose. Utiliser ce talent qu’elle avait pour séduire les garçons pour gagner sa vie. Elle en était capable, elle le sentait. Ses parents bien sûr étaient contre ce choix de vie, et ils lui dirent qu’elle ne vivrait pas sous leur toit si elle souhaitait vivre cette vie.

Elle quitta donc leur foyer, avec son petit balluchon. Elle squatta chez ses amies. Elle commença à se construire un réseau, petit à petit. C’était difficile, car elle ne savait pas vraiment comment s’y prendre. Et bien des fois elle eut peur pour sa vie. Tombant sur des poneys mal intentionnés. Elle développa un instinct de survie. Comme un signal d’alarme qui résonnait lorsqu’elle était en compagnie de quelqu’un dont les intentions étaient douteuses. Goatie était escorte. Pas prostituée. Elle proposait simplement ses services aux jeunes poneys qui souhaitaient avoir un joli minois à leur côté lors d’une soirée. Il lui était arrivé de coucher avec certains de ses clients. Mais c’était toujours elle qui le décidait. Ses débuts étant un peu difficiles, le temps que sa réputation se mette en marche, elle se mit à voler sur le marché, discrètement. Juste de quoi manger un peu, sans avoir à prendre ce que ses amies possédaient. Et un jour elle se fit prendre. La sentence fut sans appel. Elle fut bannie. Elle se mit donc en route vers un autre royaume. Un royaume où l’on voudrait bien d’elle, et où elle pourrait vivre comme elle le voulait. Elle partit vers l’Est. Et c’est ainsi qu’elle débarqua à Gallopfrey. Cette ville plut tout de suite à la chèvre qui sautilla sur place en découvrant toute cette agitation. Bien sûr l’éruption du volcan dont tout le monde avait ressenti les effets avait laissé des traces. Mais on sentait derrière ces ruines  qu’il y avait ici de quoi s’amuser. Laissant son ancienne vie derrière elle, Goaty était prête à découvrir cette nouvelle ville, et à s’y faire une place.