Un Discord modéré qui entre dans sa folie [Terminé]

Wouahh ! Etrange ! Très étrange même. Bizarre créature que voilà …

Foutu réveil de bon matin. Même pas le temps de faire la grasse matinée. Foutus castors qui grignotent encore un truc à côté. Mais c’est pas ça le plus dur. Non, bon Dieu. Le plus dur c’est de se lever avec en face de soi ce genre de truc bizarre.

Vraiment louche. C’est vivant ? Ça bouge ? Tiens si je lui fais coucou il me fait coucou. Très drôle. Mais il a une drôle de tronche. Difficile à décrire mais j’aime bien.

Une dent bizarre qui ressort d’une tête de poney difforme au sourire narquois. Non. Sourire vicieux. J’aime ça. Je l’aime bien. On dirait qu’il prépare quelque chose de magnifique. Magnifique et loufoque. Et puis cette barbiche hirsute et cette crinière négligée. Savant fou ? Magicien abracadabrantesque ? Sorcier farfelu ? Lui il a du style !

Quand je disais qu’il est pas net ! Des yeux rouges étranges qui roulent dans des orbites dorées. Des yeux rouges, disparates, dissemblables, hétéroclites de par leurs dimensions inégales. Mais ? Il m’hypnotise ? Ses yeux tourbillonnent. Petit malin. Envouteur espiègle. Tu ne m’auras pas.

Mais, je n’ai pas terminé. Pas encore. Laissez-moi le temps de faire le tour du propriétaire. J’ai parlé de cette corne bizarre ? On dirait un cornet de glace. Non, un glaçon, une stalagmite de glace. Génial. Ah non. Une corne de bouc. C’est moins drôle. Mais j’ai envie de faire du patin à glace maintenant ! Oh et l’autre là. Un cerf ? Avec des guirlandes ça serait tellement festif.

Plus je le regarde et plus je l’adore ! Il est parfait ! Tout et rien à la fois, un désordre ordonné ! Un mix féérique aux couleurs chatoyantes !

Tape m’en cinq la grosse patte de lion. Un couleur dorée, un poil soyeux tout doux comme de la guimauve. J’aime bien la guimauve. Et puis l’autre là. Toute dure, toute rigide, agile et griffue tel un aigle majestueux et royal comme moi.

Et encore deux. Ca n’en finit pas. Quoi donc cette fois ? Un lézard, froid, vert, écailleux et glissant. Un truc qui se faufile. Moi aussi j’aime me faufiler ici et là jouer un tour et faire mes petites affaires. Et puis j’aime trottiner aussi. Comme cette patte de chèvre. C’est génial.

Et puis reste ce corps. C’est quoi ? C’est dodu, c’est moelleux. Du vison ? Non du bison. Presque pareil. Un claquement doigt et hop c’est pareil, ou presque. Et tadam, la touche finale de ce corps frankensteinien. Oui, j’invente des mots. Mais il est des corps si particulièrement particulier qu’il est nécessairement nécessaire d’inventiver la sémantique d’une description. Quoi ? Moi aussi j’ai pas compris et alors ? Ou j’en étais ? Ah oui, la fin. Le bouquet final, l’apothéose d’une touche de folie sublime dans un mélange explosif. Une que de serpent. Ou de dragon. Je sais pas trop. Pas très important.

Bon j’ai des choses à faire. Au revoir toi qui me salut aussi. Oh tient, des ailes. Petites choses fragiles qui frétillent telles un pégase, telles une chauvesouris.

Serrons la patte de ce charmant et étrange personnage. Elles s’entrechoquent avec fracas. Oups. Sept ans de malheurs. Mais bien sûr que non. Petit claquement de doigt et hop, réparé le miroir.  

Bon, grosses lunettes vertes sur le nez, cravate à pois autour du cou et chapeau haut de forme sur la tête et en route.

Je suis changeant au gré du vent, je fais des folies de mon esprit.

Je suis qui ? Je suis un manipulateur né. Ou du moins si je ne suis pas né ainsi, j’ai appris à l’être pour le plus grand plaisir de mes desseins et de mes idéaux aussi farfelus soient-ils. Se servir de ses congénères, tourner ses amis et ennemis à mon avantage, tel est l’un des jeux que j’affectionne. Telle est la manière, MA manière pour servir mes propres intérêts l’air de rien, en toute impunité. Le plus drôle dans tout cela ? Que ma douce victime ne se rende compte de rien. Oh non. Le plus drôle c’est quand elle est persuadé d’agir de sa propre initiative et de me faire une faveur en agissant de la sorte. Si je pouvais je danserais avec elle la gigue du bonheur. Mais ce serait stupide de lui offrir le moindre doute. Mais attention. Entre nous, il y a bons et mauvais manipulateurs. Le mauvais manipulateur, bah il te manipule mais c’est un mauvais manipulateur. En revanche, un bon manipulateur, un manipulateur talentueux, tel que moi pour prendre un exemple au hasard, ce genre de manipulateur n’a pas nécessairement recours aux mensonges pour arriver à ses fins. Voilà, c’est ça. Ca fait de moi quelqu’un d’irréprochable. Mais … rassurez-vous, je sais jouer les pervers narcissiques pour qui le malheur d’autrui fait mon bonheur. Tient, un malheur pour un bonheur, n’est-ce pas un équilibre tout ce qu’il y a de plus chaotique ?

Chaotique. Oui voilà qui me définit bien. Ne suis-je pas l’Esprit du Chaos d’ailleurs ? Cela doit bien avoir une signification. Difficile de décrire un comportement chaotique tel que le mien. Confusion, oui surement, un peu. Il faut avoir l’esprit dérangé pour entreprendre un tel désordonnement mental. Tient oui désordonné. Le chaos ne peut être ordonné. C’est immuable. Et oui, je suis désordonné, changeant. Mes idées fourmillent dans mon esprit. Des idées par centaines par milliers qui fusent ici et là. Que faire ? Ca et puis non. Changer. Refaire. Mettre en place et défaire. Mon esprit est un gouffre sans fond dans lequel je chute sans fin. Je me raccroche à ces idées fugaces ici et là. Je me perds, me noie et c’est là le plaisir que j’y trouve. Moi-même je ne sais pas ce qui va ressortir de cette tempête dans ma tête. Ô surprise ! Ô joie !

Ô Joie ? Concept farfelu. Mais j’aime l’étrange. Excentrisme me voilà. J’aime me déguiser aussi. Etre un autre. Jouer un rôle. Et puis faire des blagues aussi. Une blague c’est chaotique. Une blague c’est fait pour provoquer une réaction inattendue. C’est tout moi. Un humour ravageur, un humour caustique. Petite blagounette, c’est bien pour pimenter la vie, offrir de nouveaux décors, de nouveaux horizons. Mais tout cela m’énerve par moment. Les gens ne comprennent pas mes fantaisies, mes traits de l’esprit. Quelle tristesse d’avoir une conscience si étriquée, si ordonnée. Oooouh. L’ordre.

J’aime pas l’Ordre. L’Ordre c’est trop … ordonné. Trop propre, trop droit, trop dirigé, trop, trop de tout et pas assez de rien. Ca veut pas dire grand-chose, mais le Chaos s’immisce aussi n’importe quand que n’importe où. Trop d’Ordre tue l’Ordre. Qui dit Ordre dit forcément Chaos. Et quand tout cela m’énerve, je deviens rapidement quelqu’un de vil. C’est pas tout de savoir manipuler les gens, d’avoir un esprit chaotique, d’arborer un air blagueur. Par moment il faut savoir appuyer là où cela fait mal. Dans ces moments-là, j’ai du mépris pour beaucoup de choses, beaucoup de monde. Ça doit faire peur je pense. J’ai jamais essayé de me regarder dans un miroir à ce moment-là, trop peur de me faire peur. J’aime mes blagues …

Surement mon esprit libre et libéré qui me fait dire que oui ! J’aime mes blagues. Paresse me voilà. Flemmardise porté par un doux nuage voguant à travers les cieux de ce monde. Je me laisse porter où bon l’on jugera ma présence nécessaire, ou pas. Je mets d’ailleurs souvent, tout le temps, à profit pour m’adonner à ce petit, gros, péché mignon qu’est le mien. La gourmandise. Oui, oui, oui. Nuages de barbe à papa, pluie de chocolat, maison en pain d’épice, rivière de sirop. Miam. J’adore et j’aime faire partager ma passion à autrui. Sachez-le ! Que quiconque me croise et je lui offrirai monts et merveilles sucrées, délices des papilles, douceurs melliflue. Viens avez moi petit poney, vient gouter au sucre d’orge de Discord.

Oula non. Tendancieux tout cela. Brrr. Ça me donne des frissons rien que d’en faire mention. Où en étais-je ? Ah oui, j’arrivais aux mots de la fin. Je voulais parler de l’envie. J’envie ce monde, cette simplicité, ces petits poneys fringuant et tout guillerets avec leurs couleurs chatoyantes. J’envie ce bonheur édulcoré. J’envie cette harmonie. Ou pas ! J’ai peut-être menti. Ou pas. Allez savoir ? Qui sait ? J’ai des envies comme tout un chacun. Mais quelles sont-elles ?

Bref. Résumons cela peut être. Au final qui suis-je ? Un idéaliste chaotique à l’esprit changeant et à l’humour ravageur, aux idées farfelues. Un esprit libre, libre d’agir et de faire ce qui lui plait. Paresser, envier, gouter, conquérir le monde, ordonner un Chaos. Je suis un esprit fugace persuadé que le monde est à portée de patte, de griffe, de serre et qu’il ne tient qu’à moi de mettre en branle ce petit manège tumultueusement désordonné.

En une époque indéfinie, la nuit venait de tomber sur Equestria. La pleine lune avait la forme d’une meule de gruyère et grimpait dans le ciel en meuglant joyeusement.

Dans une demeure mêlant à la fois lugubre et couleurs farfelues, gambadaient trois petits poneys dans l’immense librairie qui semblait paraitre plus grande à l’intérieur qu’à l’extérieur. La fratrie déambulait ici et là regardant avec attention, avec avidité les reliures des livres anciens en piochant un ici et là.

- Papy Discord ! Papy Discord ! Tu peux nous lire celui-là ?

Une voix sombre, tonitruante se fait entendre, raisonnant dans l’immensité de la pièce. Une créature étrange apparait dans un nuage de fumée.

- Mouah ah ah ah … kof kof kof !
- Tu as encore trop mis de fumée Papy Discord

Discord, draconequus disparu dans un « pop » bruyant, réapparaissant sur l’une des tapisseries de la pièce.

- Que voulez-vous donc ? Que je vous lise ce magnifique manuscrit ? Mais ce sera avec plaisir.

Flottant, ondulant au-dessus des petits poneys, Discord s’installa dans un confortable fauteuil qui venait d’apparaitre devant une cheminée ancienne, elle aussi apparaissant de nulle part. Emmitouflé dans une robe de chambre luxueuse, un monocle sur l’œil, Discord s’adressait à son audience d’un discours guindé.

- Soit ! Prenez place. Installez-vous et profitez du voyage dans l’imaginaire.

Après un raclement de gorge prolongé, après s’être assuré que les petits poneys puissent déguster sans peine la barbe à papa flottante devant eux l’hybride prit à nouveau la parole.

- Il … était une fois …. Dans un royaume pas si lointain, ici en fait mais il y a quelques années. Bref. C’est l’histoire d’une licorne, une licorne male, un puissant mage connu et reconnu de tous. Nul ne se souvient réellement de son arrivée au sein de ce royaume puissant qui diriger le monde à l’époque mais sa renommée lui avait ouvert les portes d’une dimension, d’un univers tel qu’il n’aurait sans doute jamais atteint seul.
Professeur adoré, enseignant passionné il était adulé de ces élèves, deux petites alicornes à qui il aimait prodiguer son savoir.
Mais … chaque part de lumière a son ombre qui se terre quelque part. Ce puissant magicien, ou plutôt devrais-je dire … sorcier avait un dessein secret. Celui de protéger ce en quoi il croyait, protéger ceux qu’il chérissait. Mais … l’enfer est pavé de bonnes intentions et dans son désir de sauvegarde, le magicien se fourvoya.
Face au plus grand désastre auquel le pays soit soumis le licorne se devait de devenir un héros. Mais ce qui devait faire de lui un parangon le transforma en un monstre hideux. La plus grande réussite espérée devint en un bref instant l’échec le plus cuisant
Les éléments d’harmonie … pouvoir si grand que même le plus grand des mages ne put parvenir à en maitriser sa toute puissance. Au contraire. Bravant ce que certains considérés comme une interdit, luttant contre ce que d’autres appelèrent une idiotie, le vieux barbu faut, dit-on, maudit pour son acte.
Voulant lutter seul à l’aide d’un pouvoir qui se doit d’être partagé, le Chaos fut engendré et le licorne en fut les frais. Maudit par le Chaos il devint le Chaos. Son corps devint un Chaos vivant, changeant au plus haut point et … son esprit devint Chaos, un esprit torturé, tortueux et insondable
Ah ah ah ah … kof kof kof …
- Dis Papy Discord ça veut dire quoi ?
- Mon petit. Tu vois quand tu embêtes tes petits camarades. Et bien ça dit que c’est pas ça qu’il faut faire. Ca dit qu’il faut pas embêter tes petits camarades mais qu’il faut que tu t’assures qu’ils s’embêtent entre eux, qu’ils le fasse pour toi.

A peine le manuscrit refermé que la mise en scène se dissipa et le protagoniste principal se retrouva debout telle une figure paternelle devant les trois petits poneys.

Des étoiles plein les yeux, le deuxième des garnements s’approcha à son tour.

- Dis Papy Discord, tu peux nous lire celui-là ?
- Aaaaaah ah ah ah ah ! Ouiiiiii ! L’un de mes préférés.

Les iris écarlates tourbillonnantes, la tête de l’étrange lecteur semblait grossir de volume à mesure qu’il s’approchait de son interlocuteur. Une fois de plus il disparut dans un « pop » bruyant. La lumière venait de s’éteindre. Un air lugubre empli la pièce. Au-dessus des trois têtes béantes planait un cerf-volant aux yeux jaunes et rouges, un cerf-volant surmonté de deux cornes. Discord puisque tel était son nom allait prendre la parole lorsqu’un éclair frappa ce en quoi il ressemblait le faisant chuter sur un siège métallique, outil de torture des dentistes, un fauteuil sur lequel il fut attaché. Attaché à un ballon flottant devant ses yeux, la victime de cette torture soudaine se mit à faire la lecture sous les fracas du tonnerre extérieure et de la pluie battant les carreaux de la bibliothèque.

- Il était une fois, à une époque un peu moins lointaine que tout à l’heure, mais quand même assez lointaine un sorcier étrange. Tellement étrange qu’il fut considéré comme fou. Mais à ses yeux il n’en était rien. Il n’était pas fou, loin de là. Au contraire. C’était un visionnaire, terrestre qui voulait faire évoluer son peuple, un terrestre qui voulait évoluer et qui était prêt à tout pour cela.
Dans son but inavoué Peer Hot, surnommé le Fou s’était reculé sur le sommet d’une montagne dans sa sublime tour en cristal.
Des années durant il expérimenta, tentant d’étranges expériences. Mais c’est par une nuit d’orage que son projet fut mené à bien. Poney, lion, chèvre, chauve-souris et j’en passe. Telles étaient les morceaux assemblés, des morceaux inanimés, un simple amas de chair.
La foudre frappa et fut guidé jusqu’à cet assemblage étrange. Rien. Rien jusqu’à ce que ce bon sorcier y insuffla sa propre magie. Mélange étrange, symbiose parfaite ou pur coup de chance l’expérience prit vie.
Par contre, pas de chance pour ce pauvre Peer Hot qui n’avait su maitriser sa création. Ce mélange Chaotique au corps multiple ne pouvait être habité que par un esprit aussi Chaotique.
Le Fou n’en su que trop bien lorsqu’à sa grande surprise en cerf-volant il termina sa petite vie, flottant dans le vent.
- Dis Papy Discord, ça veut dire quoi ?
- Mon petit. Tu vois quand tu mets du sel dans le sirop de tes petits camarades, c’est pas bien. C’est pas ça qu’il faut faire. Du sel, du poivre, du piment et d’autres. Il faut expérimenter les mélanges pour créer un cocktail chaotique qui laissera un souvenir indélébile à tes petits amis.

Une fois de plus, toute la mise en scène disparu au moment où le livre se referma. Cette fois cependant, de petites pattes poussèrent près de la reliure et le manuscrit courra reprendre sa place tout seul comme si rien ne s’était passé.

- Dis Papy Discord ! Et celui-là ? Tu peux le lire aussi ?
- Oooh ! Ohohoooh ! Voilà un choix judicieux. C’est l’un de mes préférés.

Le vide. La pièce sembla disparaitre et les protagonistes flotter dans un rien. Puis petit à petit quelques étoiles firent leur apparition. L’une d’entre elle, plus grosse que les autres s’approchait. Sans grande surprise elle ressemblait au narrateur du récit qui se mit en quête d’émerveiller son jeune public d’une voix grave, étrange, profonde et caverneuse.

- Il y a fort longtemps, il y eut ce qui fut appelé le commencement. Le commencement de tout, le commencement du monde. A cet instant, il n’y avait que de sombres ténèbres, un néant insondable et infini. Du moins, le croyait-on car au cœur l’abîme demeurait un mal plus profond, des êtres aux cœurs d’une noirceur sans égale, une noirceur si intense qu’aucune lumière n’aurait pu les éclairer.
Puis vint un jour où la Lumière apparu, révélant une terre cachée dans les ténèbres. Les êtres sombres ne purent lutter et disparurent au plus profond d’un espace hors de cette Terre et inatteignable à nouveau. Pourtant dans leur fuite ils décidèrent de se venger.
Afin de combattre cette Lumière, dans un dernier sursaut ils lancèrent les Ténèbres sur Terre afin de perturber ce nouvel équilibre naissant.
L’harmonie se développa sur Equestria et vint un jour où la malédiction des êtres sombre fit son apparition dans un tumulte Chaotique bouleversant la tranquille Ponyville, la mettant sans dessus-dessous.
Ce chaos s’était présenté sous la forme d’un être étrange, mélange hétéroclytle de diverses créatures du monde.
La lumière n’existe pas sans ténèbres. L’harmonie ne peut exister sans chaos et un être était là pour l’apporter.
- Dis Papy Discord, ça veut dire quoi ?
- Mon petit. Tu vois ton petit camarade ? Celui qui est toujours gentil avec tout le monde et que tout le monde aime ? Ça veut dire que toi tu es là pour faire en sorte que plus personne ne l’aime et qui lui n’aide plus personne et ne pense qu’à lui.

C’était devenu une habitude. Le livre fermé, la scène disparue. A son tour le livre se dématérialisa en une multitude de confettis multicolores pour se reformer sur l’étagère sur laquelle il avait été pris.

Quoi qu’il en soit, la curiosité des petits poneys n’avait pas de limite. A peine le temps de se retourner que le vénérable était assailli par une nouvelle demande.

- Dis  Papy Discord ! Raconte-nous celui-là aussi !
- Mais bien sur mes petits. Alors c’était à l’époque de …

La couverture du manuscrit rappelé de vagues choses au narrateur. Une race alien antique. Une femelle seule coupée des siens. Une débauche interraciale et une vie hybride. Voilà qui n’était guère approprié à des jeunes oreilles.

- Hum … En fait il n’est pas très bien celui-là. Hop, un peu de vinaigrette, quelques olives et ça fait un très bon encas.
- Dis Papy Discord, raconte nous une autre histoire alors !

Quelle surprise dans le regard jaune et rouge de notre héros.

- Une histoire ? Une histoire ? Une … HIS … TOI … RE ?

Tournoyant autour de la jeunesse devant lui, le draconeequus faisait de grands gestes en marmonnant dans sa barbichette.

- Mais … ce ne sont pas des histoires ! En route.

Sans un mot, le petit groupe se retrouva assis sur la banquette d’un petit train dont les rails se perdaient dans les méandres de la bibliothèque. Tout en avançant, de chaque côté des scènes sortant des livres se jouaient devant les yeux ébahis des enfants hilares.

- Ne voyez-donc-vous pas que tous mes magnifiques livres sont intitulés « Journal » ?
- Dis Papy Discord ! Si se sont tous des journaux, pourquoi ils ont tous un point d’interrogation à la fin ?
- Ah ah ah ah ! Très bonne question ! C’est justement pour une bonne raison …

La tète à l’envers pendant un looping, Discord en profita pour terminer sa phrase dans un effet de style étrange.

- … C’est que se sont peut-être des histoires justement ! Ah Ah Ah Ah … kof kof kof.

Le petit train stoppa sa route et tout le beau monde se retrouva à sa place initiale. Pendant le trajet, canapés et fauteuils s’étaient approchés près d’une table où un gouter monumentale de bonbon, gâteau et viennoiserie attendait d’être dégusté.

- Dites-moi les enfants. Vous ai-je raconté l’histoire où j’étais roi d’un pays qui s’appelait The Eternal Chaos …