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 Une bête dans la nuit Part 1[solo]

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Karl Tirecorde
Karl Tirecorde
Eternal Chaos

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Une bête dans la nuit Part 1[solo] Empty
MessageSujet: Une bête dans la nuit Part 1[solo]   Une bête dans la nuit Part 1[solo] EmptyJeu 17 Sep - 20:03

Le ciel avait l’air plutôt clément ce matin-là. L’automne arrivait à petits pas et déjà les jours se faisaient plus courts et le temps plus froid. Le terrestre malhabile du fait de son attirail et de son caractère de clampin grimaçait par intermittence suite à la blessure qu’il s’était auto-infligé à l’arc. Une lubie, si l’on peut appeler ça comme cela, ou bien une subite envie d’améliorer sa dextérité ou son adresse. Peut-être qu’une voix céleste comme celle que l’on décrit dans les histoires héroïques contenant un protagoniste étant un véritable modèle pour les enfants, aurait un jour, adressé à notre clampin une bouleversante annonce. Un système de comptage existerait-il réellement au point d’intervenir dans la vie quotidienne des habitants d’Equestria ? Aurait-il aussi le pouvoir de briser nonchalamment le quatrième mur sans aucune vergogne afin de déployer de sa voix enjolivée d’un profond écho, un message indiquant au concerné que oui, il a gagné un niveau ?


Mais ce genre d’hypothèse ne peut être confirmé, de même que l’hypothèse elle-même semble quelque peu farfelue. Toujours est-il que le guerrier gris à l’oreille entaillée acquit un arc d’une manière plus ou moins détournée comme à son habitude. En représailles pour cet acte, la première flèche tirée eut pour destination le postérieur de l’animal cleptomane, la logique échappait parfois à des règles préétablies pour ce genre d’action mal intentionnée. Eussent espérer que le terrestre retienne la leçon, ce qui n’est par ailleurs qu’un doux euphémisme aux petits oiseaux gazouillant et aux aurochs ruminant. L’engin fabriqué dans du bois d’orme ne comportait aucune inscription ni décoration, seulement une pièce de bois caractéristique des arcs longs. Une poignée en cuir centrale servait au maintien de l’arme durant son utilisation. Le guerrier avait pris soin aussi de saisir le carquois du véritable propriétaire ainsi que des flèches rangées à l’intérieur, de ce fait le clampin avait en tout une vingtaine de flèches prêtes à être tirées sur le premier venu. La réussite de l’opération était cependant plus hasardeuse.

En fin de journée, les ruines d’un petit village de montagne apparurent à l’horizon au bout du chemin.  Le patelin était bâti sur une sorte de plateau, une petite vallée encaissée entourée de montagnes recouvertes de forêt de résineux, étaient-ce des sapins ou des épicéas ? La couleur vert sombre qu’ils renvoyaient donnait à l’endroit un aspect peu hospitalier et reflétaient la fraîcheur du climat. Une ancienne ferme dont la toiture inexistante mais les murs de pierre défiant encore la montagne attira  le regard du guerrier passant en contre-bas, il s’arrêta un instant pour se demander s’il ne restait pas quelques objets à fouiner entre ces quatre murs. Mais le vent commençait à se lever et la luminosité à baisser, il laissa en plan son idée et reprit le chemin du village. Arrivé sur la place centrale où siégeait une fontaine à sec, il remarqua que la nature n’était pas la seule cause de ce désert. Des armes rouillées gisaient sur le sol et les débris étaient pour beaucoup issus du vandalisme. Le patelin se trouvait à la bordure du royaume changeling, gouverné par l’insecte mère Chrysalis, il ne serait pas incongru qu’il ait été victime d’un raid de celle-ci, on s’était clairement battu dans cette bourgade, puis le temps fit son œuvre et lava le restes de la bataille. L’absence de squelettes devait être dû aux animaux qui pour se nourrir, n’hésitèrent pas à se servir.

Cherchant un abri pour la nuit, le terrestre gris finit par porter son choix sur une ancienne église, c’était le bâtiment qui avait le mieux tenu aux intempéries et qui avait encore des pans de toit debout. Il entra à l’intérieur de l’édifice en ruine par l’entrée béante, la porte gisait dégondée sur les marches du parvis. À l’intérieur tout était sens dessus dessous, les bancs complètement détruits et une partie de la charpente serviraient pour le feu de cette nuit. Le guerrier rassembla quelques planches et brindilles et établit son bivouac dans le cœur derrière l’autel. Il faisait encore assez clair pour se permettre une petite fouille des quelques maisons présentes autour de la place. Le guerrier se délesta de son paquetage qu’il laissa près du cercle de feu, ne gardant qu’avec lui son arme, son armure et son trench-coat. Ouvrant les restes de buffet, déplaçant tissus et fripes, le terrestre fouilla les vieilles bâtisses jusqu’à la tombée de la nuit. Il se rendit à l’évidence, tout avait été méthodiquement dépouillé, il ne restait plus que des bibelots sans aucune valeur. Il rentra à son bivouac bredouille faute d’avoir pu trouver quelque chose d’intéressant mais aussi parce qu’il ne savait pas fouiller au bon endroit.

Le feu éclairait de son halo orangé les parois délabrées de l’ancien prieuré. Elles dansaient sur leur scène de braises, les flammes longues et minces, telles des danseuses du ventre. Elles reflétaient leur lumière dans les yeux du terrestre mélancolique. Il était immobile et regardait d’un œil vide la douce lueur du brasier, réconfortante et chaude. Il soupira et cacha sa tête entre ses pattes, le cœur lourd il s’approcha du cercle de pierre malgré la chaleur. Un contrecoup de la mort de sa fille adoptive harassait ses pensées de mille et une suppositions qui auraient pu éviter le décès de sa gamine à la crinière rousse. Une larme perla au coin de son œil, puis glissa le long de sa joue pour se détacher et éclater contre la pierre recouverte de mousse. Il se releva quelques minutes plus tard, il approcha son paquetage et sortit deux aiguilles, une pelote de laine et un morceau d’écharpe confectionnée grossièrement dans la même matière. Le voilà qu’il reprenait son tricot en prévision pour l’hiver qui s’approchait à grand pas, Winter is Coming comme disent certains, ne sachant pas pourquoi d’ailleurs. La saison froide arrivait comme chaque année aux alentours de Décembre, un peu plus tôt en montagne.

Le tic-tic des aiguilles rythmait la ruine dans une légère résonnance, la pierre renvoyait un son froid. À l’extérieur, du moins hors des ruines, le vent battait par rafales l’ancien village pillé et détruit. Pourtant demeurait un certain silence, peu d’oiseaux, pas d’animaux. Bien que la vallée semblait un peu rustre propice à l’installation. Pourquoi n’y avait-il pas d’autres animaux ? Étaient-ils tous dans les bois aux alentours ? Le terrestre ne s’en souciait pas plus que ça, il était concentré sur son grossier tricot. Ce qu’il ne savait pas, c’est qu’il était observé. Par quoi ? Cela ne saurait tarder. Dans l’instant présent, l’aventurier gris stoppa sont tricot. Il n’avait pas entendu de bruit particulier, ni vu une ombre ou un mouvement suspect. Il se sentait mal à l’aise, comme si une présence l’épiait. Il leva la tête et dressa ses oreilles, cherchant à discerner un potentiel visiteur nocturne, mais aucun indice ni mouvement ne vint donner une réponse à ses soupçons. Il ramena tout de même sa claymore à ses côtés au cas où les quelque chose arriverait. Il valait mieux être prudent.

Aussi sombre que la nuit, elle le regardait. Elle était là sa proie, devant les flammes d’un vulgaire feu de camp dans les ruines de l’église.  La bête en avait assez de ce point de vue en hauteur, elle sauta de son promontoire et toucha terre d’un pas de velours. Son pelage bleu-noir la rendait imperceptible lors des nuits où la Lune n’était pas visible, ses poils lustrés par un nettoyage intensif laissaient à penser que la lumière glissait sur la bête qui préférait plutôt l’ombre. L’horreur nocturne renifla l’éther cherchant un point de vue ou une entrée, sa proie était passée par ici.  La bête avança lentement, ses sens en alerte, le dos courbé, le ventre frôlant la terre battue. Elle décida de s’approcher un peu plus de sa cible, sautant au premier étage d’une bâtisse en ruine, elle rejoint ensuite une partie de la toiture encore solide d’où elle put à nouveau reluquer son amuse-gueule sur pattes.


« Ah meeerde… » Pesta silencieusement le terrestre se rendant compte qu’il s’était trompé quelques lignes auparavant.

Retirant ses aiguilles, il défit un morceau de tricot jusqu’à l’endroit où il avait commis une faute. Une maille de travers et votre écharpe est foutue. Karl reprit la pelote de laine rouge et recommença son œuvre si l’on peut appeler cela ainsi. L’erreur était dû au manque de concentration du poney, même s’il n’avait pas raison d’être inquiet, le mâle n’arrivait pas à se vider l’esprit de ses tourments, quelque chose l’en empêchait. Peut-être au fond  sa conscience lui dictait toujours de se méfier la nuit lorsque l’on n’est pas chez soi, comme de jour d’ailleurs, ou même chez soi de nuit ou de jour des fois qu’un pyromane passionné de briquet s’en prenne à votre maison. Mais heureusement pour le terrestre, il n’avait pas de chez lui et n’avait donc aucun soucis à se faire concernant la venue  d’un éventuel pyromane. De plus, c’était plutôt son genre d’être le pyromane, ou d’être cleptomane, ou bien supermane bien que la définition de ce dernier penchant déviant soit encore floue. Soudain un léger bruissement retira le guerrier de son tricot, le bruit semblait venir de l’entrée du bâtiment religieux. Le guerrier posa ses aiguilles et saisit sa lame avant de lentement s’avancer jusqu’à l’autre bout de la pièce.

Qu’était en train de faire sa proie, son casse-croûte. Oserait-elle s’aventurer jusque sous ses propres pattes, puissantes et aux griffes tranchantes comme des rasoirs, le petit être était-il aussi imprudent que cela ? Pensait-il être protégé seulement par le fait de porter une armure et de tenir une épée ? La bête observa le terrestre faire, le laissant approcher de sa position. La nourriture emballée inspecta les dalles de pierres se trouvant sous le pan de toit, le terrestre gratta le sol comme s’il semblait y avoir découvert quelque chose.  Il tourna la tête en direction de la charpente, espérant sûrement découvrir l’origine de ses inquiétudes. Mais la bête avait l’habitude de la chasse, c’était dans ses gènes. Elle s’immobilisa en gardant ses pupilles à mi-clos, rien ne pouvait la rendre discernable à moins qu’elle le veuille. Elle était dans son environnement, l’ombre était son fief, quiconque osait pénétrer son territoire et en plus sous le voile nocturne était un bel inconscient. Faute d’avoir trouvé une réponse à ses questions, le terrestre retourna une fois de plus bredouille auprès du feu de camp. Comme il est de dos, pourquoi ne saisirait-elle pas l’occasion pour lui sauter dessus ? Rien de plus facile pour elle. Pourtant l’attente et l’observation l’emportèrent sur la tentation d’une victoire facile, pourquoi tuer une proie aussi stupide alors que l’on peut s’amuser un peu avec. Mais le tas de viandes ne se rassied pas auprès du feu, au contraire il saisit son arc et le banda en pointant une flèche en direction du toit où patientait la bête. La proie avait des soupçons, il valait mieux doucement s’éclipser.

Karl décocha une flèche en direction du pan de toit près de l’entrée, la baguette de bois fila et siffla au moment d’être libérer. Le projectile ne fit point mouche. Il encocha une seconde flèche pour tirer sur la gauche du toit quand une ombre tomba de la charpente jusqu’au sol dans un bruit mate. De l’ombre la bête sortit afin de se révéler à la vue du guerrier. Son intuition avait vu juste, il était bel et bien observé par une créature. Mais celle-ci n’appartenait pas à son répertoire, c’était la première fois qu’il en voyait une de la sorte. La bête était grande, au moins plus de deux mètres de long et avait le corps d’un gros puma ou d’un panthère. Chose inhabituelle, elle possédait trois pairs de pattes, deux positionnées sous le thorax et la dernière sous le bassin, chaque patte était prolongée par une série de griffes acérées. Tout aussi surprenant, l’animal possédait au-dessus de ses épaules une paire de tentacules dont chacune devait être une fois dépliée aussi longue que l’animal de la tête jusqu’au bout de la queue voir plus,  elles étaient terminées par une sorte de plaque ou languette osseuse armée de nombreuses griffes en forme de crochet. Malgré la carrure fine de la bête, elle montrait avec puissance ses muscles saillants sous son pelage bleu-noir de velours. La bête s’approcha du guerrier surpris et tétanisé par la peur. La tête du félidé était cernée par deux petits yeux aux pupilles rouges feu. La puissante mâchoire contenait une dentition acérée et menaçante, contenue par quatre grandes canines.  L’une des oreilles de l’animal était à moitié coupée sèchement soit par une griffe ou bien par une lame, l’autre était en parfaite état et dirigée vers le poney tremblant comme une feuille morte.


Il ignorait comment réagir face à une bête aussi énorme et fit la première action qu’il lui vint à l’esprit, tirer la flèche encochée vers la bête. Le projectile traversa la créature pour aller s’écraser contre le mur de l’autre côté, flairant le piège mais bien trop tard pour tenter quelque chose d’autre, le terrestre reçu de plein fouet l’une des tentacules de l’animal, le projetant à terre, la gueule dans la poussière. Il voulut se relever et se précipiter sur son épée afin d’avoir une chance de s’en sortir, mais le félin ne voyait pas cela d’un très bon œil, il bondit de l’autre côté du feu et d’un revers de patte envoya valdinguer le paquetage et le tricot. Sa proie étant désormais à terre et quelque peu sonné, il approcha lentement à une distance confortable pour procéder au coup ultime. La patte en l’air et toutes griffes sorties, la bête s’apprêtait à faire son œuvre en arrachant la gorge de son tas de viande, c’est alors qu’un bruit sourd mais loin d’être inaudible par l’animal détourna son attention. Probablement mal calée sur les dalles inégales du cœur, la pelote de laine rouge descendait paisiblement les marche devant l’autel. Le félin la suivit des yeux un instant avant de se retourner vers sa proie. Karl ayant repris ses esprits se recroquevilla sur lui-même, pensant alors qu’il était encore possible d’échapper à la mort. Mais la panthère pourtant concentrée sur sa proie avait de plus en plus de mal à contenir son instinct, elle semblait hésitante, sa patte tremblait et ses yeux regardaient la sphère de laine rouler jusqu’à la patte noire et musclée de la bête. Au contact avec son épiderme, s’en était trop, l’animal lâcha son emprise et posa ses pattes sur la pelote afin de la rouler, dérouler et emmêler le fil aussi désordonné que cela pouvait l’être.

Le gros chat s’afférait avec engouement et amusement sur le jouet récemment trouvé, au grand dam des lecteurs qui s’attendaient plutôt à un joyeux bain de sang, sic. Le guerrier à terre et toujours tremblant avait du mal à réaliser entièrement la situation, la bête surmontée de la Faucheuse prête à décapiter tout ce qui se trouvait sur son passage était en train de faire mumuse avec son tricot. L’occasion de tirer son salut était à portée de patte et à la clef un paquet d’expérience et un bon steak ! Mais cette saloperie était-elle consommable ? Il n’y avait qu’une seule manière de le savoir. Le terrestre gris, lentement, glissa vers son fourreau dont l’arme y siégeait encore. Un pas, deux pas, il fallait rester discret, même si en réalité la bête avait repéré le mouvement de sa proie.

« Je n’essayerais même pas, tas de viandes… » Susurra la bête dans un langage courant.

Le guerrier bien que surpris ne changea pas son geste et bondit pour saisir le pommeau de sa claymore et la pointa vers la bête. Le félin rugit crocs dehors et lança ses tentacules sur son adversaire, le guerrier esquiva et contourna les flammes, les plaçant au centre. La bête lâcha son jouet et se leva, elle défiait le guerrier de ses yeux brillants et rouges, une lutte sans intérêts si ce n’est de savoir qui aura l’audace d’attaquer le premier ou la couardise de baisser les yeux. Ils tournaient tous deux, lentement, un échange de haine dans une ronde autour des braises. Le guerrier respirait bruyamment tout en maintenant sa lame du sabot, la peur aiguisait ses sens, sa vue, son ouïe, son système sensoriel. Le félin géant bondi par-dessus les flammes, pattes en avant pour plaquer sa cible, Karl esquiva, se retourna et brandi sa lame face à l’imposante créature, il essaya de lui porter un coup de face mais l’agile adversaire n’eut aucun mal à laisser le coup tomber dans le vide et à répondre d’une mandale dans les flancs. Le guerrier poussé se rattrapa et freina des quatre fers avant de recevoir un autre coup de fouet. Les crochets  des plaques d’os grippèrent sur son manteau mais s’arrêtèrent  contre l’armure, le mâle attrapa le tentacule tendue et la tira violement faisant basculer sur le côté le félin rugissant. La créature prit sa proie à son propre piège et le fit basculer de même avec son tentacule toujours accroché, elle roula jusqu’à elle et posa ses patte avant dessus, la maintenant plaquée contre la pierre dans une position de dominante.  Le terrestre écrasé lâcha prise et tenta de se libérer de la pression de l’animal en le soulevant. Mais la créature trop lourde et n’ayant que peu de prises, le mâle abandonna. Il chercha rapidement une autre solution avant que la bête ne l’égorge pour de bon ; quant à elle, elle pouvait sentir sous ses coussinets le cœur du guerrier battre la chamade pendant qu’il remuait dans tous les sens. Elle avait un sadique plaisir à observer ses proies se débattre inutilement avant de se faire égorger d’un coup de griffe.

Le jeu avait duré assez longtemps, il était temps d’en finir et de laisser le sang couler. Le félin approcha une griffe de la gorge du guerrier, mais celui-ci sourire aux lèvres brandit…la pelote de laine.

« Crois-tu vraiment m’amadouer avec ce genre de simagrées ? » Persifla la sombre créature avant d’un revers de patte frappé la sphère pendue au sabot de terrestre.

La pelote vacilla et tel un pendule remua dans le vide toujours maintenue par la patte du guerrier qui en plus de son sourire fronça les sourcils. Le félin grogna en remarquant l’attitude désinvolte du poney, elle reprit son œuvre, monta sa patte griffes sorties et frappa de nouveau la pelote de laine qui cette fois resta accrochée.

« Je ne suis pas aussi faible d’esprit que tu ne le pense… » Dit-elle en observant la pelote pendre à sa griffe.

La créature se débarrassa du jouet qui alla rebondir et s’arrêter un plus loin. Elle reprit sa position exterminatrice, leva la patte, mais fit un temps de pause. Un moment d’égarement où la bestiole semblait être en conflit avec ses instincts de félin et de chasseur.

« Eh ben ? » Chuchota le poney. « Vas-y, tu n’attends que ça. Je ne te… »

« SILENCE ! » Rugit le félin à quelques centimètres de sa proie. « NE ME PRENDS PAS POUR UN DE CES MATOUS GRAS ET PARESSEUX QUI VOUS SERVENT D’ANIMAL DE COMPAGNIE ET QUI RÉPONDENT AUX NOMS DE BRETZEL, CHARAGORN OU ENCORE CHAROUMANE ! »

Il brandit de nouveau sa patte, prêt à déchirer la gueule au terrestre.

« JE VAIS RÉPANDRE TA CHAIR ET TON SANG SUR LA DALLE… » Il posa la patte « …TE LACÉRER LE VISAGE AUTANT DE FOIS QU’IL TE RESTERA DE LA VOIX… » Il libéra le terrestre et bondit vers la pelote. « … T’ÉTRIPER, T’ARRCHER LES YEUX,  LA PEAU, LES ENTRAILLES… » Il attrapa la boule de laine entre les pattes. « …JE TE HAIS TAS DE VIANDE, JE TE HAAAAAAIIIISS !!! »


Le félin jouait avec la pelote de laine sous l’œil satisfait et mesquin du mâle tout juste relevé. Quelle disgrâce infâme pour une créature de cette taille, être corrompue par une pelote de laine comme un vulgaire chat domestique. L’animal mordait dans la boule et la faisait rouler de patte en patte, un gros chaton de 2m70 avec six pattes et deux gros tentacules. Le terrestre préférant laisser l’animal joueur en paix s’afféra à récupérer son paquetage qui avait été projeté contre le mur, espérant que sa bouteille ne se soit pas brisée.

« Où vas-tu petite fiente,  je n’en ai pas fini avec toi. » grogna la bestiole en tirant sur la pelote.

Le terrestre attrapa son paquetage et le traîna sur le sol jusqu’au feu ou il s’assit patiemment, serait-il devenu obéissant ? Il reprit son tricot à qui malheureusement manquait la matière principale, son regard porta sur la bête qui jonglait avec sa dernière pelote.

« Euh le cha… Mach… Mon… Roh tant pis ! Pupuce ? Tu pourrais me rendre ma pelote que je puisse terminer mon écharpe. » Demanda le terrestre.

La bête se releva brusquement et fusilla du regard sa proie qui lui manquait de respect sans même se cacher. Elle accrocha la pelote à une de ses plaques osseuses et s’approcha du guerrier en roulant des épaules. La créature était visiblement hors d’elle, les crocs sortis et les babines retroussées.  Pour qui la prenait-on ? Quel était ce misérable pourceau qui osait se foutre de sa figure ? La rage l’animait de plus en plus et commençait à prendre le dessus sur ses réactions et gestes. Finalement le félin bondit une fois de plus sur le mâle qui esquiva le monstre mais trébucha contre une poutrelle à terre.

« Ne te moquerais-tu pas de moi, tas de viande insignifiant ? » Susurra-t-elle à l’oreille du poney en sueur.

Le félin colla une puissante gifle du dos de la plaque osseuse qui portait la pelote. Le choc fut tel que quelques vaisseaux sanguins éclatèrent dans le museau du guerrier et la pelote de laine se détacha avant de rouler lentement sur la pierre. L’animal toujours dominant rugit à la gueule de son casse dalle.

« SACHES QUE J’AI UN NOM, BAEKH BINZENN ! ET… »

Sa réplique interrompue par une vive lumière provenant du feu de camp, les deux protagonistes la fixèrent avec intrigue et inquiétude. La pelote de laine en roulant finit par se rapprocher dangereusement du foyer et les flammes trop proches de la laine finirent par l’embraser. Tous deux contemplèrent avec désarrois la disparition pour l’un la fin de son tricot, pour l’autre son jouet. Hors d’eux, les affreux sanguins reprirent leur violente chamaillerie pour savoir à qui revenait la faute et qui devrait payer. Naturellement, le guerrier n’était pas doté d’armes sur son corps et ce fut le félin qui l’emporta sur le terrestre. Une patte positionnée contre la gorge de sa victime, l’animal laissait doucement ses griffes percer la gorge du mâle en panique et se débattant comme un diable. Mais son ouïe bien développée cerna une un mot dans les gargouillis étouffés du guerrier. « Attendre », mais pourquoi attendrait-il ne serait-ce qu’une minute de plus, il avait déjà bien assez perdu de temps. Pourtant l’animal desserra son étreinte, laissant un peu de souffle à sa proie.

« Parles » Ordonna-t-il à sa victime.

« Rrrrrshh, tu… aimes…bien….ulkrrshh…les…krs…pelotes ? » demanda la terrestre à moitié étouffé.

…pelote…, l’animal retira quelque peu sa patte afin de le laisser s’exprimer.

« KofkofReuheum, kff ! Tu…Je…peux t’en avoir…d’autres… si tu l’acceptes… » Proposa le guerrier.

…pelote…des pelotes…plein de pelotes… le félin laissa son esprit dériver. C’était tentant, très tentant.  Une source rapide de pelotes de laine et aux frais du contribuable. Mais n’était-ce pas plutôt des paroles en l’air afin de pouvoir s’en sortir en une pirouette, le petit homme. La méfiance atteint l’esprit du félin, il se rapprocha du visage de sa proie.

« Que vaut ta parole ? Tas de viande insignifiant. Crois-tu pouvoir me berner ainsi avec tes propositions plus que ridicules. » Persifla le matou.

Foutu pour foutu, le désespoir peut parfois être une issue, le terrestre n’avait plus rien à perdre, pas de famille, ni de propriété, une vie de rebus de la société, peut-être juste une place auprès de Discord même s’il ne se considérait pas comme Chaotique de conviction mais plutôt pour la tranquillité et le libre arbitre que lui offrait cette nation.

« Qu’as-tu à perdre ? Si cela ne te convient, tu n’auras qu’à m’occire sur place. » Répondit le terrestre cherchant à gagner du temps.

C’était vrai, qu’est-ce que la bête avait-elle à perdre à suivre ce parfait inconnu qui en fin de compte finirait tôt ou tard dans son estomac. Un en-cas à emporter, le terrestre malgré qu’il soit quelque peu égoïste et égocentrique, pouvait parfois avoir une parole de valeur même si elle ne dépassait pas celle d’un clou, un clou avait déjà une petite valeur en somme. La créature appuya davantage sur la gorge du mâle, voulant être persuadée que le poney ne lui racontait pas n’importe quoi.

« Es-tu sûr de toi, petit être ? » Demanda-t-elle souriante.

« Khraaakheuueururu…ooOOOOUUUIiiiiiarzgllglglglgl… » Balbutia le guerrier étranglé.

Le félin se releva et lâcha son emprise, il se retourna et alla s’asseoir un peu plus loin, laissant au terrestre le temps pour reprendre son souffle. Le feu durant tout ce temps avait faibli et il ne restait que quelque flammèche léchant une bûche, le mâle posa une poutrelle au milieu du foyer puis se retourna vers son interlocuteur.

« Marché conclu alors… » Approcha-t-il timidement.

« Marché conclu, tas de viande » Répondit calmement la bête.

« C’est Karl, mon nom. » Soupira le poney.

« Et ? Tu restes un tas de viande sur pattes. » Nargua-t-elle.

« Comme tu voudras, Pupuce » Persifla-t-il en retour.

La créature grogna de mécontentement mais ne se précipita pas sur l’insolent, elle chercha plutôt quelque griffer. Le guerrier reprit son tricot ayant encore les aiguilles coincées entre les mailles. L’écharpe aux couleurs mal agencées et tricotée par un amateur ne ressemblait guère plus à un vulgaire chiffon de laine. Il savait bien moins manier la laine que le cuir. L’habit était déjà d’une longueur respectable, se disant qu’au final elle était très bien comme ça, le poney passa l’écharpe autour de cou. Il n’y avait rien d’autre à ajouter, le résultat était affreusement moche. Karl retira l’horreur qu’il venait de créer sous le regard amusé et insistant de la créature nouvellement rencontrée. Il lança l’écharpe au félin qui l’attrapa à la volée avant de se mettre à tirailler dessus. Si les compétences du poney étaient mauvaises en couture, elles avaient au moins permis la confection d’un jouet pour chats.
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