[quête solo]Grosse catastrophe, gros moyens

Il y avait à peu près 1 mois qui s'était écoulé depuis mon retour à Concordia, j'avais à peine eu le temps de panser mes plaies, me remettre de mes émotions, avant de repartir sur la route vers Aurora, où un éboulement s'était produit, rendant le chemin principal impraticable.

Aussi j'avais dit que je prenais en charge cette mission, vu qu'elle garantirait l'entente entre la Crystal Affinity et les lunaristes.

Il s'agissait d'un capitaine qui m'avait donné cette mission, et j'avais tout simplement accepté après quelques minutes de réflexion, en me demandant comment il était possible pour moi de dégager la voie...Et puis une idée me vint, sans savoir comment était le site. Je me disais qu'en faisant chauffer les rocher les plus gros -ceux que je ne pourrai pas soulever et que personne ne pourrait déplacer- afin qu'ils éclatent en plus petits morceaux, ou bien qu'ils fondent, mais dans ce cas, les rochers seraient transformés en lave, qu'il faudra faire couler dans un endroit a l'écart du chemin, dans une grotte, une prairie, ou un fossé.

Quoi qu'il en soit, vu que je n'étais qu'un milicien, et qu'on me donnait une mission de la garde lunariste, il fallait un petit contingent pour "justifier la présence lunariste" sur le territoire voisin. Après tout il n'y avait aucune raison de rester discret pour rendre service si je n'étais pas vraiment en mesure de régler ce problème seul d'un point de vue administratif.

Bref, ce fut 2 soldats lunaristes et un "expert" qui prirent la route vers Aurora. Malheureusement c'est à la frontière entre la Crystal Alliance et la Lunar Republic que l'éboulement s'était déroulé.

Les montagnes qui entouraient Lake Blue avaient subies des pluies torrentielles ainsi qu'un orage particulièrement violent, et ce pendant plusieurs jours d'affilées, ce qui avait fragilisé le terrain. Un coup de tonnerre sur un arbre qui, en tombant, provoqua un glissement de terrain, et dévala la montagne jusque sur le chemin emprunté par tout le monde. Le problème était que l'éboulement avait bloqué le chemin direct entre Concordia et Crystal Empire, et autant dire que le passage était souvent emprunté, ce qui justifiait que les deux gouvernements envoient chacun de leur côté des poneys pour déblayer le chemin.

Quant à nous, nous avions pris un chemin secondaire pour nous rendre à Aurora. Ce n'était pas sur la carte, mais Aurora était le hameau le plus proche de l'éboulement. Une fois la-bas, nous pourrions prendre une nuit de repos et retourner sur les lieux de la zone sinistrée.

Nous étions donc partis en fin d'été, en matinée. Le temps était très agréable, bien qu'un peu frais. Mon escorte ne pouvait pas se composer de bat-ponies pour des raisons assez évidentes : on ne pouvait pas travailler ni même nous déplacer de nuit, et les pégases et bat-ponies n'étaient pas vraiment indiqués pour ce genre de boulot. Ce fut donc deux soldats poneys terrestres qui m'accompagnaient, le caporal Mystic Abbey, et le soldat de 2ème classe Hollow Wood.

Mystic Abbey était donc un petit gradé de l'armée. Sa robe crise et ses crins noir d'encre collaient relativement bien avec d'une part avec les bat-ponies -du fait que la plupar des lunaristes s'habillaient en noir, blanc ou nuances de gris, ce qui me rendait assez excentrique à Concordia- et d'autre part avec l'armure d soldat lunariste, aux couleurs bleu encre et bleu nuit. C'était un paladin, qui avait eu apparemment du mal à trouver sa voie, jusqu'à ce qu'il embrasse une carrière militaire, et depuis il vénère Luna, allant jusqu'à prendre une partie de son temps libre pour s'isoler, et méditer en pensant à elle comme une divinité.

Hollow Wood était, quant à lui, un poney marron à la crinière rousse, il me ressemblait déjà beaucoup plus (du moins, sur le plan de la couleur) que Mystic Abbey. D'ailleurs, son histoire, qu'il accepta de me raconter dans les grandes lignes, était issu d'une famille de bûcherons et de gardes-forestiers, notamment pour l'Everfree Forest et Fawntain, deux forêts qui devaient être surveillés de près car relativement petites, empruntées et fragiles. Cependant, il n'était pas réellement emballé à l'idée de faire ces métiers, et il partit sur les routes, pour rejoindre Concordia et l'armée lunariste, et bien qu'il apprécie Luna, cette "amitié" était surtout due à sa politique relativement bienveillante.

Sur la route, lorsque nous sommes passés à la frontière, en prenant un passage détourné, nous avons déjà remaqués, en nous tournant et en observant la montagne en face, une partie du versant effondré, emportant avec lui une partie d'une forêt de pins et de frênes -c'était Hollow Wood qui nous en parlait. Je n'avais aucune connaissance sur les plantes, arbres et animaux et je me fiais donc à ce que disait les autres, en général. Hllow Wood ayant grandi avec un père garde forestier, j'avais d'autant plus envie de le croire-. Des poneys étaient déjà en train de déblayer la terre retournée par le glissement de terrain, mais il restait encore des rochers, certains encore assez faciles à porter pour les déposer ailleurs, mais plusieurs blocs entiers étaient tombés et il était clair qu'avec la seule force physique il faudrait une quantité impressionnante de poneys pour les bouger, d'où la demande d'un mage pour espérer régler la situation.

Pour l'instant le voyage bien que tranquille fut quelque peu épuisant, et nous avons donc continué la route jusqu'à Aurora. D'ici là retourner sur les lieux sera beaucoup moins éprouvant, et donc je serai d'autant plus utile aux travailleurs.

Une fois arrivés à Aurora, quelques gardes de cristal nous rejoignirent. Le caporal Mystic Abbey leur remit un laissez-passer, prouvant bien que le contingent de gardes lunaristes dont je faisais partie est en charge de l'éboulement survenu ici. Comme quoi les nouvelles vont vite.

En moi-même je râlais. Je n'avais finalement pas vraiment besoin des gardes -même si les deux terrestres étaient plutôt sympathiques-, si ce n'était que pour donner un papier pour signaler que je ne venais pas pour les attaquer mais pour espérer trouver un problème à l'éboulement survenu. Il suffisait d'y apposer mon nom, celui de luna, et la raison pour laquelle je me trimballais avec une armure, éventuellement. Ah, l'administration et ses aberrations, je vous jure...

Bref, étant donné que je ne venais ici qu'en qualité d'expert, et non de soldat, je m'étais rendu à Aurora vêtu de ma cape et de mon chapeau, ce qui avait fait légèrement tiquer les deux soldats cristallins. Etait-ce pour le non-port de l'uniforme, ou parce que j'avais l'air légèrement distant avec eux ? Impossible de le dire, mais après tout, je n'avais pas grand intérêt à chercher à savoir pourquoi.

Les gardes cristallins avaient réservés des chambres à l'auberge du coin, afin que l'on prenne une nuit de repos. L'attention était bonne de ma part, ce qui me fit sourire amicalement. Au final ce qui m'avait mis en rogne c'était la justification d'une escorte pour transporter un simple papier qui m'embêtait au plus haut point, mais qu'importe, je ne vais pas débattre sur ce sujet des heures.

Quoi qu'il en soit, la nuit fut aussi appréciée que la chambre. J'étais capable de manger peu, de me rationner presque naturellement sans réellement affecter ma capacité à faire de la magie (quoique, je n'ai jamais tenté de réaliser un sort risqué en étant affamé), mais j'avais besoin de dormir beaucoup. Je m'étais donc couché assez tôt, vu que nous allions partir tôt vers l'éboulement.

Le lendemain, nous étions partis au petit matin, moi et mon "escorte" pour nous rendre sur les lieux. Le temps était encore ensoleillé mais un peu frais. Qu'importe, vu que l'on partait en route, on aura jamais le temps d'avoir froid.

Arrivé en fin de matinée sur l'éboulement, on pouvait voir une vingtaine d'ouvriers des deux nations continuer de déblayer le terrain, mais il ne pouvaient enlever que de la terre, et quelques petits rochers. Il restait des troncs humides, des blocs trois à quatre fois plus grands que Fire, ainsi qu'une masse de terre impossible à atteindre.

Il y avait également quelques gardes pour s'occuper de la circulation des voyageurs et marchands, la sécurité, et vérifier que les personnes qui travaillent sont bien ceux qui ont été demandés.

Le laissez-passer était à nouveau nécessaire pour passer la zone délimitée par les gardes. J'étais impresionné par les ravages causés par la catastrophe, et je me disais en mon for intérieur que c'était une chance que personne n'ait été pris dans cet éboulement.

C'était un herboriste qui avait prévenu les lunaristes en premier que la voie principale entre Concordia et la Crystal Alliance était coupée. Il venait prendre des plantes en moyenne et haute montagne et à aperçu la catastrophe. Par la suite l'affaire a été relayée vers les gardes, puis directement au château, qui l'a transmis a la Crystal Alliance pour trouver une solution rapidement.

Dès lors tout ce beau monde avait été appelé, et nous voila à la situation actuelle...

Après une rapide présentation avec la plupart des employés et responsables, ces derniers se tournèrent vers moi.

"Pour débloquer le passage, vous avez une idée ? Vous pouvez soulever ces blocs par lévitation ?"

"Non, j'en suis incapable, mais je vais essayer autre chose. Je suis capable de chauffer un objet dont je connais la position, ceci dit, je vais donc brûler les troncs après les avoir asséchés, et en ce qui concerne la pierre, soit elle va se briser sous l'effet de la chaleur, et former des blocs que l'on pourra déplacer, soit elle va fondre, se changer en lave. Dans ce cas-là, je pourrai la maintenir à température si nécessaire, et la refroidir dès qu'elle ne sera plus sur la route."

"C'est pas dangereux comme idée, sans vouloir vous offenser ?"

"Si, mais il va falloir creuser une rigole pour l'envoyer quelque part..."

J'observais les environs, rapidement, avant de remarquer une petit bassin, juste au bord de la zone, et il n'y avait rien dans cette direction à des kilomètres, donc peu importe si ce coin était couvert de lave refroidie, elle ne posera pas de souci.

"...Par ici. Vous voyez ce bassin ? je pense qu'ici c'est le meilleur endroit pour déverser la lave."

" On doit vous aider pour cela ?"

"J'avoue que je vais avoir besoin d'aide. Creuser une rigole assez profonde, et qui traverse la route dans sa largeur, mais pour l'instant, j'aimerais m'attaquer aux souches visibles. Elles brûleront assez vite, et il est possible que cela fasse tomber des rochers du haut de l'éboulement."

Ceci dit, après la pause déjeuner, les constructeurs me cédèrent la place, restant avec un des responsables du déblayage -l'un de ceux à qui j'ai exposé mon plan-, pour observer l'évolution du barrage naturel.

"Bien....Je vais commencer par les troncs les plus hauts, je vais les sécher autant que possible avant de les enflammer."

"Entendu, je vous laisse faire."

Mon ankh se mit subitement à luire a l'appel de la magie, me permettant de retirer des premiers troncs l'humidité due aux pluies de ces derniers temps. Physiquement, il ne se passait rien. Je restais stoïque, à observer les troncs, alors que de ces derniers sortait de la vapeur d'eau. Une fois qu'il n'y avait pratiquement plus de vapeur qui sortait des buches, je les bombardais de petites boules de feu, qui venaient attaquer le bois, le consumer, le réduire en cendres.

Les premiers troncs, en haut, ne changèrent pas grand chose. Ils ne retenaient que quelques cailloux et de la terre. C'est en commençant à brûler des troncs situés à mi-hauteur du mur naturel que des rochers de plus grande taille tombèrent, s'écrasant a quelques mètres de moi et du poney responsable de la remise en état du chemin. Le responsable me demandait de m'éloigner, mais je refusais.

"Reculez si vous voulez, je vais rester, si j'ai un rocher qui menace de me tomber dessus je stopperai ma magie."

Il s'éloigna donc, rejoignant le reste de l'équipe de déblayage. Je pouvais continuer.

Il restait trois troncs visibles, au pied de l'éboulement. Je pouvais nettement voir qu'il soutenait un des plus gros blocs de pierre et de terre en face de moi. C'est alors qu'il me vint une idée saugrenue.

J'imaginais que le bloc allait effectivement me tomber dessus lorsque j'incendirai les troncs qui semblent le soutenir, notamment la pointe du pan de montagne. Si cette pointe se détachait, elle avait des chances de me tomber dessus. Cependant, qu'est-ce qui se passait si toute la structure tombait ? J'allais être écrasé ?

Pour le savoir, je fis apparaître une craie. Dessinant une croix sur la position où je me tenais, avant de me mettre a un endroit où j'étais à peu près certain que je ne risquerai rien.

Nous étions déjà en fin de journée. Ma magie était encore trop lente pour assécher puis brûler des troncs d'arbre en un clin d'oeil, mais je me disais que si je n'étais pas là, il aurait fallu casser les rochers en morceaux transportables, couper les troncs dans la même optique, et amener le tout dans un endroit ou au mieux ils seraient utilisés, au pire déposés dans un coin qui ne dérange pas.

Ceci fait -sous le regard de l'équipe de déblayage et de quelques gardes un peu médusés, en comprenant a quoi servait la marque faite à la craie.-, je fis assécher les troncs, autant que possible, avant de les brûler.

Plusieurs dizaines de minutes s'écoulèrent, entre l'assèchement du bois, puis sa crémation, mais à l'issue de ce laps de temps, alors que je surveillais le feu, en l'animant au maximum pour que le bois soit rapidement réduit en cendres et en braises, que l'énorme bloc de pierre pointue s'abbatit sur le sol, soulevant un épais nuage de poussière et faisant tomber de la terre un peu partout autour de la pierre, incluant....mon chapeau et ma cape !

"Mince, j'avais pas prévu que la terre me tombe dessus, dans cette opération...", maugréais-je en époussetant le chapeau et la cape.

Le pan de falaise avait effectivement écrasé la marque au sol. Quand je reportais mon attention dessus, je me disais que j'avais bien fait de ne pas tenter le diable sur ce coup.

Le soleil allait se coucher, donc d'un commun accord avec l'équipe de déblayage, nous allions prendre place dans le campement improvisé, non loin de l'éboulement, afin de passer la nuit.

En chemin, le responsable -la même personne qui se tenait a côté de moi au début de l'opération d'incinération des troncs- revint a ma hauteur.

"Dites donc ! Vous nous avez fait une sacrée peur tout à l'heure avec le gros rocher !"

"Je dois avouer que je pensais au départ que je ne risquais rien en restant au beau milieu du chemin, et finalement j'ai eu tort, malgré tout il n'y a eu que des frayeurs et demain on pourra s'occuper d'enlever ce premier bloc."

"Nous prendrons donc des pelles pour créer une petite tranchée dans ce cas, vous pourrez surement fondre une partie de la pierre."

"Entendu, je vous aiderai pour ça si je ne vois pas d'autres arbres visibles."

Sur ces derniers mots, le superviseur de l'opération hocha la tête, et rejoignit les autres pour le campement.

Un ensemble de tentes et de petits étalages et de tentes autour d'un gros feu de camp, dans un petit espace plat partiellement entouré par le flanc d'une montagne abrupte, voila le campement. C'était presque un camping paradisiaque en moyenne montagne, si on oubliait le fait qu'il y avait une guerre dans Equestria, et que cela se traduisait par une omniprésence de gardes cristallins -mais aussi de mes deux gardes d'escorte.- un peu partout, que ce soit pour le transport de vivres, mais aussi pour la surveillance, et probablement les tours de garde pour cette nuit.

Des poneys allumèrent le feu, tandis que moi, Abbey et Wood montions notre campement pour la nuit, et que les gardes amenaient les repas pour tout le monde sur l'un des stands du campement. Une file indienne se créa, et tour à tour les travailleurs prirent leur repas, simple mais relativement copieux et bon, une réussite pour le cuisinier qui l'a préparé, au vu des conditions de service exceptionnels.

J'aidais au feu en mangeant, faisant prendre le bois avec les remarques plutôt complices des poneys qui m'ont regardé assécher des troncs d'arbre pour les cramer tout l'après-midi.

En mangeant, Wood s'était mis à côté de moi, curieux d'en savoir un petit peu plus sur la magie. J'étais agréablement surpris qu'il se pose ces questions, d'autant plus qu'il n'était pas capable d'en réaliser de par sa nature.

"Ca n'en a pas l'air mais oui, réaliser des sorts magiques est relativement épuisant. Et encore, aujourd'hui, je n'ai fait que chauffer a blanc les troncs d'arbre, lancer quelques éclats de feu -Le nom que je donnais aux boules de feu de petite taille, celle d'un sabot, environ.- et attiser le feu autant que possible pour que tout parte en fumée le plus vite possible sans puiser dans mon énergie à outrance...Mais lorsqu'on doit faire des sorts dans l'urgence, qu'on prépare des sorts très puissants...ou que l'on découvre...ou bien déclencher des sorts magiques, on à rapidement tendance à s'épuiser...Les combats de mages se résument souvent à savoir qui est capable de lancer ses sorts tout en évitant au possible ceux de son adversaire et le tout en s'épuisant de préférence après son adversaire..."

"Je me disais ça parce que, sans vouloir t'offenser, tu as l'air d'être encore frais, si je puis dire. On dirait que tu pourrais faire ça indéfiniment..."

"C'est juste que j'ai dédié ma connaissance vers la magie élémentaire de feu. Tout ce qui a trait avec cet élément -et donc la chaleur- est devenu ma spécialité, du coup je suis capable de faire beaucoup plus de choses avec le feu, qu'avec l'eau, par exemple..."

"Et pourquoi le feu, par curiosité ?"

"Tout simplement parce que c'est le seul élément qui amène de la lumière. Un verre d'eau ne brille pas seul, ni un pot de terre, ni un courant d'air...alors qu'une bougie te permet de voir.

- Et étant plus jeune, quand j'ai commencé à étudier la magie à Canterlot, je pouvais vider mon esprit en fixant la flamme d'une bougie, c'était presque enivrant. Et ça l'est toujours. Je passais souvent un certain temps, avant de dormir, ou avant l'examen, ou même avant d'essayer un sort, de regarder ou d'imaginer la flamme d'une bougie, quelques instants, avant de me lancer, c'est souvent de cette façon que j'ai obtenu les meilleurs résultats.

- Dès lors, je me suis découvert une certaine fascination pour le feu, de par le côté destructeur, je ne vais pas te mentir, mais aussi par le fait qu'il fallait parfois brûler pour "purifier", et reconstruire quelque chose derrière. C'est ce qui fait que depuis, je défend l'élément de feu pour sa vocation à être aussi créatrice, et pas simplement être considéré comme l'élément destructeur.

Je ne disais pas toute la vérité. Le dernier élément qui m'a convaincu de continuer vers la voie des flammes était ni plus ni moins que l'attaque du dragon qui avait ruiné ma famille, à Appleloosa. Cette formation et cette curiosité à manipuler le feu m'avait sauvé la vie, donné ma marque de beauté dans la douleur, et convaincu de continuer dans cette voie.

"C'est une façon de voir les choses, en effet..."

Le reste du repas se passa dans une ambiance relativement calme : peu de discussions, beaucoup moins que je ne l'imaginais. Les travailleurs étaient ensemble depuis quelques jours, de ce que j'ai pu entendre, et les discussions s'étaient vites conclues, apparemment...

Qu'importe, il fallait dormir, demain ne sera pas une journée de tout repos, vu qu'il faudrait creuser le sol et espérer faire fondre ces blocs rocheux doucement.

La nuit fut plus rude, mais au moins je n'ai pas fait ces sortes d'angoisse nocturne, celles qui font que je dors peu, ou que je m'endors tard en me posant mille et une questions.

Le lendemain matin. Tout le monde même moi étions affairés à creuser une rigole pour permettre à la roche, si elle venait à fondre -ce qui allait probablement se passer-. Toute la matinée durant une gouttière a été créé, traversant de part en part le chemin.

L'après-midi, c'était à nouveau a moi d'entrer en scène, seul, derrière la gouttière creusée dans la terre.

Une pente légère était à noter, donc la lave n'avait pas réellement d'autre choix que d'aller dans la rigole et s'écouler....tant que cette dernière n'était pas remplie.

De nouveau je me concentrais pour m'attaquer au bloc de pierre tombé la veille. Le fait qu'il ait une pointe permettait de faire fondre celle-ci, puis de s'aider de la pointe en fusion pour faire chauffer le reste plus tranquillement.

Une longue heure passa, ou je restais debout, fixe, devant le rocher, avant que l'air grimpe en température, du seul fait que la roche était en train de se ramollir, de se liquéfier, de devenir de la lave.

Lentement, le rocher disparut dans le fossé, en passant par la rigole. A la fin de la journée l'air était étouffant, comme s'il allait faire orage, même pire, avec la chaleur de l'été et surtout celui de la lave, j'étais épuisé par cette chaleur étouffante, plus que par le fait de changer la pierre en lave.

A la fin de la journée la route était partiellement rétablie, mais pas de quoi en rester quittes, un dernier rocher, et quelques troncs étaient encore présents. Le rocher menaçait à tout moment de s'effondrer, et c'était dangereux. Ceci dit, il y avait un espace pour qu'un poney à la fois puisse traverser, mais pas de remorque ou de gros cortège.

Il fallait une troisième journée pour faire fondre le deuxième bloc de pierre, qui était aussi gros que son partenaire liquéfié de la veille. Toute la matinée avait été prise pour ce bloc, au final le creux formait presque un petit plateau en lave, qui allait redevenir de la pierre, aussi je m'amusais a créer une petite forme artistique, en faisant remonter rapidement de la lave -comme lorsque l'on fait une bombe à la piscine- avant de refroidir la lave aussi rapidement que nécessaire, formant une sculpture très abstraite, mais sensée représenter le laps de temps pris par toute l'équipe pour remettre le chemin en état.

Il ne restait plus, au milieu de la troisième journée de mon intervention, que des rochers de taille plus modeste, quelques troncs également, que Wood identifia comme du frêne.

"Fire, il serait plus intéressant pour Aurora de couper ces arbres en buches pour les feux domestiques, c'est un assez bon bois de chauffe."

"Il m'est impossible de les déplacer en entier, cependant. Il faudrait les couper pour les transporter... Il n'y a pas énormément de haches non plus, ça prendra des jours à faire tous les troncs."

Je savais déjà qu'en projetant de l'eau a une pression extrêmement forte, on pouvait arriver à créer des "lames" d'eau, mais j'étais parfaitement incapable de produire un tel miracle.

Il fallait que je fasse avec le feu.

J'étais capable de tracer des traits de feu, très pratiques pour écrire des messages en lettre de feu -utile pour les mots doux, les SOS, les symboles notamment-, mais je n'ai jamais poussé le bouchon au point de couper du bois avec ce genre de sort.

"Je vais essayer quelque chose, mais si je me rate je fais tout brûler."

"Je vais prévenir le responsable dans ce cas."

C'est ainsi que durant l'après-midi, les volontaires étaient répartis en plusieurs équipes : L'une s'occupant de recouvrir de terre la gouttière -elle était pratiquement remplie de lave refroidie, mais il était plus confortable de remettre de la terre plutôt que de laisser la pierre à nue, pour diverses raisons-, une autre déplaçait les rochers les moins gros, et de mon côté, j'essayais ma magie de feu pour couper dans la largeur les troncs d'arbre, faisant des rondins qu'il pourrait tailler en plusieurs morceaux, après avoir demandé aux gardes de demander à des habitants d'Aurora d'amener des chariots pour emporter le bois. Maintenant que le danger des gros pans de falaise écartés, il était possible de laisser circuler les civils.

Ainsi, à la fin de la troisième journée, de lourdes pièces de bois étaient sur le bord de la route. Certaines avait d'ailleurs été coupées en buches par quelques travailleurs.

La quatrième journée fut surtout celle des bucherons -ce qui avait rendu "nostalgique" Hollow Wood, en ce sens qu'il lançait une remarque mielleuse sur son enfance, avant de manifester son dépit de retrouver le boulot de toute sa famille-. Presque tout le village d'Aurora s'était déplacé pour récupérer une part de bois supplémentaire, ça m'avait surpris de voir autant de monde se déplacer pour quelques stères...

En milieu d'après-midi, le caporal Abbey qui était surtout resté à la circulation, avec d'autres gardes, nous annonçait fièrement que l'on pouvait rentrer, tout était en ordre désormais.

C'est ainsi que je rentrais à Concordia, remerciant sympathiquement les deux gardes qui m'ont escorté avant de rentrer au manoir.

un poney majordome encadrait la maison en mon absence, depuis cette période de disparition soudaine, il est plus que nécessaire de savoir si je suis en voyage, en vadrouille ou disparu.

Le majordome, un poney terrestre répondant au nom de Grim Sickle, était fan d'ésothérisme, c'était probablement ce qui l'avait convaincu de rejoindre la maison d'une licorne versée corps et âme dans la magie.

"Monsieur, enfin de retour ?"

"Et ouais...Une semaine passée, déjà...probablement plus..."

"Huit jours, en effet. Vous avez reçu du courrier en votre absence, si vous souhaitez y jeter un oeil, tout est déposé sur votre bureau."

"Pas de visite sinon ?"

"Aucune, monsieur."

"D'accord. Je vais prendre une douche puis vérifier le courrier, si on me demande, je ne suis pas disponible."

"C'est entendu."

Une demi-heure plus tard, je relevais les lettres, sentant déjà les courbatures arriver... Des lettres de la milice volontaire invitant à s'entraîner, notamment. Pas de quoi s'exciter. Ils souhaitent juste que je m'y rende. Et bien soit, on s'y rendra...