[Quête solo] Le retour de flammes

Arrangez-donc le problème mon cher Forge Lune.
Arrangez-donc, le problème.

Les mots tournaient encore et encore dans son esprit, mettant à mal, un peu plus à chaque nouvelle occurrence, ses tentatives pour s'assoupir enfin. Sa respiration rapide, énervée, tranchait dans le silence de sa hutte. Froissement de tissu, paille qui gémit, le bat se retournait sur sa couche, yeux résolument clos sur des sourcils froncés. Il essaya une fois de plus de faire le vide dans ses pensées ; de chasser le sourire narquois de cette foutue voisine qui s'imposait malgré lui en surimpression derrière ses paupières fermées.

Il essaya, vraiment.

Et d'ouvrir brusquement les yeux sur le soleil couchant.
Des yeux injectés de sang, cernés.
Des yeux fatigués qui après avoir roulés d'exaspération dans leurs orbites se reportèrent sur les volets laissant filtrer le jour mourant. Un soupir fila d'entre ses lèvres. Un soupir fatigué, énervé toujours. Déjà cette heure, merde. Il hésita quelques instants, le regard toujours tourné vers l'extérieur. La tentation était grande de se retourner sur sa couche et de rabattre sa couette sur lui. La tentation était grande, mais la certitude qu'il passerait la nuit à l'instar du jour à se retourner encore et encore sans trouver le sommeil l'en dissuada finalement. Il se défoulerait bien davantage sur l'acier, à marteler ses commandes. Peut-être même que cela le fatiguerait suffisamment pour qu'il sombre d'épuisement et puisse dormir enfin.

Foutues voisines.
Il savait, il SAVAIT ! Qu'il était impossible qu'elles lui aient rendu service par pur bonté d'âme. Conneries. Il y avait cru pourtant. Qu'il passerait entre les mailles du filet, qu'elles ne lui demanderaient rien en contrepartie. Il y avait cru. Les semaines avaient passées, lui faisant reléguer l'incident dans un coin de son esprit, ce coin où s'empilait toutes les questions demeurées sans réponses. L'enquête n'avait rien donné et plus personne ne s'en souciait d'ailleurs à part lui peut-être. D'autres poneys à fouetter avec la guerre, d'autres priorités. Oui, il y avait cru. Jusqu'à ce que cette foutue vieille se pointe à sa porte au petit matin alors qu'il s’apprêtait à rentrer chez lui.

- Arrangez-donc le problème mon cher Forge Lune, avait susurrée sa voisine en tapotant les maigres épaules chitineuses de la vieille chose moche qu'elle lui avait ramenée une fois que cette dernière eut exposé la nature du « service » que seule une créature nocturne pouvait lui rendre...

Depuis son lit il jeta un regard mauvais aux fleurs qu'elles lui avaient laissé sur les sabots, se sentant une fois de plus pris en otage. Comme s'il n'avait que ça à faire. Un grondement agacé s'éleva du tas de couette et d'ailes avant que d'une brusque poussée des postérieurs le bat n’envoie valdinguer ses couvertures.

Allez. Au boulot.
Il aurait bien le temps de réfléchir en travaillant.